Je vois partout, dans les médias et sur les réseaux sociaux, des titres, articles et commentaires qui, tous, disent à peu près ceci : « Les musulmans de (suivi du nom d’un pays occidental : France, Angleterre, USA, Belgique, Canada….) condamnent la barbarie, disent non au terrorisme… ».
Je n’y vois rien d’exceptionnel. Je me demande même pourquoi les médias insistent tant sur une normalité évidente ! Mais à y voir de près, je constate qu’elle n’est pas aussi banale, cette dénonciation émanant des musulmans des pays occidentaux. Vue de l’intérieur, elle me pousse en effet à poser une question étrange… qui m’embarrasse : Et les autres, les non musulmans (chrétiens, juifs, sikhs, athées, bouddhistes, bahaistes…), eux aussi, ne condamnent-ils manifestement pas le terrorisme? Si oui, pourquoi les médias ne le disent pas, haut et fort, comme ils font pour les musulmans, m’étonnai-je ! Je comprends que la communauté musulmane éprouve et exprime un ressentiment profond par rapport à cette folie meurtrière qui frappe le monde… Et elle en premier lieu. Cependant, je ne réalise pas le fait que l’on passe sous silence les réactions des autres. Sont-ils complices passifs ? Evidement que non. Pourquoi alors cette ségrégation, cette « injustice communicationnelle », à leur égard ? Pourquoi cette part trop belle donnée à la voix des musulmans en matière de lutte contre le terrorisme, comme si les autres étaient muets, comme s’ils n’avaient rien à dire sur le sujet ? Il y’a dans cette histoire quelque chose qui n’est pas du tout clair et qui m’embarrasse. Ce sont les couacs sourds, dégagés par ces tambours de résonnance que l’on prête aux musulmans dans de pareilles circonstances. Ils sont à lire entre les lignes. Et je déteste ce genre de sons silencieusement injustes… Des non- dits coupables. Beijing, septembre 2014 El Boukhary Mohamed Mouemel
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