Paysage politique national : Ça se recompose et de quelle manière?   
23/02/2006

Certains observateurs regardent avec une loupe française notre scène politique nationale. Comme si elle avait quelque chose de commun avec celle de l’Hexagone. La manie de certains de nos chroniqueurs de parler chez nous, de gauche, de droite, de centre gauche et pourquoi pas d’extrême droite, constitue un non sens
Moins de huit mois après notre restructuration du 3 août, la scène politique nationale, est restée ce qu’elle était. En termes de clivages. D’un coté, il y a les ex-partisans d’un système qui a géré ce pays durant 20 ans et de l’autre, ses ex-opposants.



Les deux camps se sont bien retrouvés pour soutenir le programme de la transition enfanté après le 3 août. Cependant, les deux camps gardent leurs appréhensions réciproques.
Les premiers perçoivent les seconds en irresponsables, prêts à assécher la rivière pour attraper le poisson et les seconds verraient d’un bon œil la mise en place d’un bel autodafé, sur lequel brûleront les premiers. Pourtant en dehors des rancoeurs, les deux camps se retrouvent sur l’essentiel. Et cette convergence sur le programme de la transition ne tient nullement de l’opportunisme. Les grands axes de ce programme étaient réclamés de vives voix, aussi bien, par l’ex-opposition que par l’aile réformiste de l’ancien système.
Arrivera pourtant le moment, oĂą les masques tomberont.
Au démarrage du recensement administratif à vocation électorale et à quatre mois du referendum constitutionnel, le microcosme politique mauritanien reste comme il était divisé en deux camps: l’ex-camp du Prds et le camp de l’ex-opposition. Entre les deux, le CMJD et le Gouvernement de la transition se tiennent à distances égales. Pourtant, ce ne sont pas les tentatives de s’assurer la sympathie des nouveaux maîtres du pays qui auront manqué de part et d’autre. La classe politique mauritanienne parle aujourd’hui de la même voix. Ce n’est pas le scrutin référendaire de juin 2006 qui offrira un cadre de confrontation entre les deux camps, à moins qu’il y ait une campagne pour le non contre la future constitution.
Cependant, il est certain que les futures élections locales prévues novembre 2006 sonneront le glas d’une compétition qui s’annonce dure.
Entre temps, il y a la reconstruction du paysage politique autour de modèles, sur des principes et valeurs partagés. Mais là, le parcours historique de chacun des camps avec les déchirures, les blessures, et les méfiances auront leur incidence.
Il n’y a pour le moment aucune esquisse de regroupement, des partis politiques mauritaniens autour des valeurs et des programmes d’avenir. La cadre de concertation crée par une dizaine des principaux partis mauritaniens pour discuter avec le gouvernement sur les dispositions de la transition ne constituent nullement un programme politique ou un projet de société communs. Tout au mieux il pourra relever du syndicalisme .Chaque parti reste donc jaloux de sa liberté d’initiative et d’action.
Et c’est plutôt, à la naissance de nouveaux partis et à l’émiettent de ceux qui existaient que nous assistons.
Premier théâtre de l’émiettement, l’ex-Prds devenu Prdr, des rangs duquel sont issus l’Union du Centre Démocratique (UCD) et l’Alternative Démocratique pour la Mauritanie (ADEMA). Même si pour des observateurs le premier émiettement constaté chez le Prds aura été la naissance du Renouveau Démocratique (RD). Argument assez défendable si le président du RD, ex-idéologue du Prds n’était pas en rupture de banc avec ce parti depuis presque une décennie. Et l’émiettement n’a pas été le lot de l’ex-parti dirigeant. Le mariage circonstanciel des forces réformistes avec les cavaliers du changement aura été un mariage de plaisir. Le temps de se découvrir et découvrir que le chemin ne peut être fait ensemble. Les deux camps après avoir annoncé avec éclats leur fusion n’ont pu s’empêcher d’annoncer l’éclatement du projet intergrationiste. Les cavaliers du changement n’ont pas été eux aussi, épargnés par la vague des défections. Quelques uns de leurs principaux dirigeants claqueront la porte avant même la formation du parti Houmatt. Le Rassemblement Pour la Mauritanie (RPM) ex- PCD récemment crée a déjà vu le départ vers de nouveaux horizons d’un groupe important de ces dirigeants .Les partis du Bloc du Changement qui regroupent ce qu’on appelle "les petits partis", font maintenant cavaliers seuls et ne sont plus arrimés à l’ex-opposition classique qui les trimbalaient, tels des ouailles.
D’ailleurs les grands partis de l’ex-opposition (RFD, APP, UFP, FP, RPM, SAWAB etc…) sont descendus et en solo sur le terrain à la rencontre des militants et de la base. La belle unanimité d’antan sur le rejet du régime de l’avant 3 août volera certainement en éclats quand chacun aura à défendre ses choix politiques et idéologiques. A titre d’exemple l’unanimité des grands partis de l’ex-opposition sur le refus des candidatures indépendantes, porte en elle, un sérieux coup à la cohésion de cette mouvance. Les candidatures indépendantes sont, convient-il de le rappeler, un droit garanti par la constitution, et permettront au moins, à l’une des forces politiques essentielles de l’ex-opposition n’ayant pas de cadre d’action légal de participer au jeu politique. Et il est certain que les islamistes se souviendront longtemps de cette prise de position inamicale de leurs ex-compagnons de route.
Tout comme il aura été curieux que le meilleur soutien parvenu aux islamistes sur les candidatures indépendantes leur vienne justement du Prdr, lequel dans une résolution lors de son dernier conseil national a soutenu l’acceptation des candidatures indépendantes, que son ancêtre Prds avait interdit quand il était au pouvoir.
Il s’agit ainsi d’une tentative de rapprochement, d’un investissement politique qui n’a pas échappé aux observateurs, même s’ils sont restés perplexes. Le Prdr cherche-t-il ainsi une alliance politique ou une alliance électorale qui auront dans les deux cas, leurs incidences sur la donne politique ? En d’autres termes, l’amitié ou l’inimité d’hier pourront-elles ne plus compter dans le nouveau contexte?
IOM

 


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