Environnement : le Patrimoine Forestier en danger    
18/11/2007

La plus importante exploitation forestière en Mauritanie, est relative à la carbonisation. Ce secteur d’activité est monopolisé par un puissant lobby, car source énorme d’entrée d’argent et utilise la main d’œuvre de milliers de Mauritaniens, allant du financier au détaillant, en passant par le bûcheron, le charbonnier, l’ouvrier et le transporteur, donc d’une part, très utile, car source d’emploi, particulièrement pour les rapatriés et les ruraux, et d’autre part, facteur de dégradation rapide de la maigre couverture végétale du Pays et d’enrichissement illicite.



La gestion irrationnelle de ce patrimoine national, qui est également bien de l’humanité, est malheureusement de rigueur et perdure, depuis plusieurs décennies, au vu et au su de tout un peuple.
Les administrateurs, par le pouvoir que leur confère leur fonction, établissent des autorisations de défrichement sans tenir compte de l’écosystème et sans consultation réelle avec les Services de l’Environnement.
La manne financière que procure l’exploitation illicite forestière, aux éléments des postes de contrôle statique routier, tout corps étatiques confondus, rend ce trafic d’une fluidité déconcertante et le ballet des camions transportant l’or noir friable, continu sans interruption.
L’absence de civisme, qui caractérise le comportement de certains de nos cadres, la gestion anarchique de ce secteur, orchestrée par une soif croissante du gain illicite, placent nos formations végétales devant une destruction certaine, si des mesures draconiennes ne sont pas prises rapidement, par l’autorité chargée de gérer le secteur forestier.
Plus aberrant encore, l’impunité étant de rigueur dans le Développement de l’Environnement, les cadres véreux continuent inexorablement leur œuvre destructrice et persistent dans la voie du sabotage et de l’anarchie.
N’oublions pas, que pratiquement toutes les forêts classées de la vallée du fleuve ont été purement anéanties par une exploitation abusive et de surcroît par les mêmes exploitants, qui continuent leur carnage actuellement dans les Wilayas de l’Est mauritanien, après avoir exterminé le Sud et ceci, toujours, sous la bénédiction de la Tutelle.
Ici, nous attendons par (bénédiction de la Tutelle) l’inertie de ce Département, devant une situation qu’il n’ignore nullement, car disposant de rapports établis, mettant clairement en exergue, le Danger que court ce patrimoine et particulièrement la complaisance des cadres véreux, dont les détournements de recettes forestières et transactionnelles restent le seul souci.
L’octroi généralement par complaisance, d’importantes superficies de terre du Walo à des personnalités de la haute sphère politico-administrative à des fins éphémères de riziculture, et ceci dans la seule optique de vendre les formations végétales de la vallée, aux exploitants forestiers, à des fins de carbonisation, est une chose déplorable et criminelle.
Il n’y a pratiquement plus d’importantes formations forestières dans la vallée, le déboisement est de rigueur, détruisant la ceinture verte naturelle, que constituaient les forêts classées.
La couverture végétale de la Chemama n’est plus capable d’assurer une visibilité et surtout une protection à nos forces armées et de sécurité de la zone frontalier Sud.
Les années 2000 sonnèrent le glas, par le départ massif à la retraite de forestiers de carrière, ne laissant sur le terrain qu’une majorité de fonctionnaires, dont le professionnalisme, laisse à désirer.
Ainsi, la dislocation de la machine administrative forestière, la mauvaise gestion du domaine forestier et surtout le refus de réhabiliter, le corps forestier, aujourd’hui en voie de disparition, restent des facteurs déterminants dans la dégradation du patrimoine forestier national.
Les pare-feux sont depuis plusieurs décennies quasiment abandonnés ou simplement exécutés avec retard, sans tenir compte des normes techniques recommandées.
Des dizaines de millions d’ouguiyas sont annuellement englouties dans le cadre des pare-feux et les réalisations sur le terrain sont quasiment nulles et ne répondent à aucun critère de viabilité ou plus précisément d’efficacité.
La création en 2006, tant attendue d’un Secrétariat d’Etat chargé de l’Environnement, devait prioritairement amorcer la réhabilitation du corps forestier et par delà, favoriser la mise en place d’une politique de gestion rationnelle du patrimoine forestier et cynégétique, a été un échec total.
De la gestion de ce Secrétariat d’Etat, est née uniquement une progéniture dénommée, Brigade mobile de l’Environnement au détriment des services régionaux et qui s’est avérée, dès sa naissance, un instrument diabolique, corrompu et dépourvu de tout civisme, n’accumulant jusqu’à ce jour, que des records de détournements et de mépris des lois du Pays.
Plus spécifiant encore, cet instrument de la gabegie a apparemment été adopté et réhabilité par le Cabinet du Département actuel et remis sur les rails, pour des raisons obscures, loin d’être salutaires pour l’Environnement et la renommée du Ministère.
Le Ministère Délégué auprès du Premier Ministre chargé de l’Environnement, quant à lui, héritier malheureux de l’anarchie, qui prévaut dans le Département, a apparemment aggravé la situation et sombré lui aussi dans une inertie totale, couronnée par la présence des limiers de la célèbre Inspection Générale d’Etat.
Sidy Ahmed Ely,
Consultant permanent au Ministère chargé de l’Environnement


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