Au Fonadh: Des Mauritaniens scandent leur dĂ©tresse   
25/09/2007

Le siège du Fonadh a vu dĂ©filer mercredi dernier, plusieurs personnes de toutes les communautĂ©s nationales, victimes, ou se prĂ©sentant comme telles, de violences, d’injustices, ou d’atteintes aux droits de l’Homme. Les concernĂ©s ont tĂ©moignĂ© directement exposant eux-mĂŞmes, leurs problèmes devant les mĂ©dias et en prĂ©sence de Mohamed Said Ould Hamody PrĂ©sident de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, de Khatou mint Baham PrĂ©sidente du Cyberforum et de Sarr Mamadou, SecrĂ©taire ExĂ©cutif du Fonadh.



Une dĂ©marche transparente de la part de l’organisateur de la manifestation, Birama Ould Dah Ould Abeidi.

Certains intervenants venant pour la plupart du Trarza ont dĂ©veloppĂ© un nouveau concept : l’esclavage agricole dont ils dĂ©clarent ĂŞtre victimes par la force de la propriĂ©tĂ© traditionnelle de la terre et d’une collision entre les forces traditionnelles et l’Administration qui ferait que les propriĂ©taires de la terre ne sont pas nĂ©cessairement ceux qui la travaillent, de leurs mains.
Il s’agirait d’un esclavage -comme a eu Ă  le souligner Birama Ould Dah Ould Abeidi- qui n’est pas criminalisĂ© par la loi comme l’esclavage domestique.
Le moment fort de la rencontre fut incontestablement une sorte d’heure de vĂ©ritĂ© (non suivie malheureusement de rĂ©conciliation) après l’intervention de Messoud Ould Moutbeibib (qui accusait d’esclavagisme le sĂ©nateur de Ould YengĂ©, Tiyeb Ould Sidbatt), quand ce dernier, est venu Ă  la confĂ©rence de presse pour se dĂ©fendre, dĂ©clarant qu’il n’a pas rĂ©duit Messoud en esclavage et qu’il n’a pas non plus spoliĂ© ses terres.

 

Paroles aux victimes (EXTRAITS)

Moctar Ould Telly, a parlĂ© de l’affaire de la localitĂ© El Wivagh (14 km Ă  l’ouest de Boutilimitt) oĂą des individus s’opposant Ă  l’occupation d’un terrain attribuĂ© par l’Administration ont organisĂ© une opĂ©ration commando, au cours de laquelle il y eut des blessĂ©s dont deux femmes percutĂ©es par une voiture. C’était le 31 aoĂ»t 2007 quant la voiture des assaillants ( une 4x4 Mitsibushi L200) avec Ă  bord deux hommes a attaquĂ© ce village et jetĂ© des produits inflammables sur ses habitations. Les conducteurs de la voiture se sont mis par la suite Ă  poursuivre les habitants blessant grièvement plusieurs personnes. Des coups de feu ont Ă©galement Ă©tĂ© tirĂ©s Ă  partir de la voiture -toujours selon le tĂ©moignage de Moctar Ould Telly- qui a estimĂ© que les autoritĂ©s n’ont pas rĂ©agi comme il faut, face Ă  ce Ă©vĂ©nement grave et que le lieu du crime n’a pas Ă©tĂ© visitĂ© par un enquĂŞteur alors qu’ il s’agit d’une opĂ©ration terroriste . Ould Telly s’est demandĂ© : OĂą est la RĂ©publique ? OĂą est la protection du citoyen ?
Messoud Ould Metbeibib, agriculteur de la commune de Kouroudjel (Assaba) s’en est pris dans son intervention (forte et passionnante malgrĂ© un perceptible dĂ©ficit de formulation) Ă  Tiyeb Ould Sidbatt sĂ©nateur de Ould YengĂ©. Ould Metbeibib l’accuse de lui avoir spoliĂ© ses terres, d’avoir orchestrĂ© le transfert d’une classe d’alphabĂ©tisation, la confiscation d’un moulin et d’avoir tentĂ© de fermer une Ă©cole Ă  Mesyel Lehbeche, le tout, en raison de divergences politiques
Venu Ă  la confĂ©rence de presse dans une dĂ©marche courageuse et apprĂ©ciĂ©e par les militants des droits de l’Homme, le sĂ©nateur de Ould YengĂ© a rejetĂ© ces accusations affirmant qu’il n’a pas de problèmes avec Messoud qu’il n’habite pas avec lui et qu’il ne cultive pas le terre non plus avec lui. Messoud a-t-il indiquĂ© est manipulĂ© par un groupe. Le sĂ©nateur a brandi des documents pour prouver ses assertions. Il a affirmĂ© qu’il n’a rien Ă  se reprocher prĂ©cisant que Ould Metbeibib Ă  plutĂ´t un litige avec ses propres parents. InterrogĂ© si les belligĂ©rants de Ould Metbeibib ne sont pas manipulĂ©s par ses soins, le sĂ©nateur s’est limitĂ© Ă  dire : «Il a des problèmes avec ses cousins germains».Un activiste d’El Hor, lui rĂ©torquera : Â«Un Ould Metbeibib n’a pas de cousins germains!»
Amadou Diop : «Je viens de Lexeiba, je voulais pour cultiver mon pĂ©rimètre et bĂ©nĂ©ficier du crĂ©dit agricole mais on m’a dit que c’est impossible parce que cela dĂ©pend d’un chef tribal Ould Habibourahmane. Il y a 56 hectares mais nous avons pu faire mes parents et moi seulemen,t 11 hectares avec nos moyens .Nous avons obtenu notre titre foncier en 2006 alors que nous avons dĂ©posĂ© notre demande en 1999. Maintenant on fait les dossiers ave l’argent et non avec le droit.»

Abdellahi Ould Mohamed Salem
S’exprimant au nom d’un collectif de reconquĂŞte des terres de Lexeiba, il dĂ©clare : « Nous avons un litige depuis 2005 avec trois familles reprĂ©sentĂ©es par Yacoub Ould Moussa Ould cheikh Sidiya, Abdellahi Salem Ould Ahmedoua et Ould Habibourahmane. Ils nous empĂŞchent de cultiver les terres reparties entre les tribus qui dĂ©tiennent les papiers et l’influence. Avec le 3 aoĂ»t 2005 nous avons pensĂ© qu’il y a un changement et nous avons concoctĂ© notre propre liste aux Ă©lections car nous sommes majoritaires chez nous. En reprĂ©sailles Ă  cela, les tribus ont confisquĂ© les terres en se basant sur des papiers Ă©tablis dans des contextes d’injustice».
Yeslem Ould Hweimed : Â«Je parle au nom des habitants du village Ehel Imigine (Lexeiba ) qui cultivent ses terres depuis la nuit des temps Des terres qui appartiennent Ă  des gens qui ne peuvent pas prouver qu’ils les ont achetĂ©es ou qu’elles leur ont Ă©tĂ© donnĂ©s. Nos ancĂŞtres ont travaillĂ© ces terres sous l’autoritĂ© des tribus et nous n’y voyons pas d’inconvĂ©nients compte tenu des liens historiques, mais les nouveaux chefs tribaux n’ont rien Ă  voir avec leurs ancĂŞtres et ne leur ressemblent pas. Les nouveaux chefs tribaux n’habitent pas avec nous, ils sont Ă  Boutilimitt, Ain Selama et Nouakchott. C’est nous qui y rĂ©sidons. Ils nous ont abandonnĂ© et ne nous ont jamais fourni un quelconque soutien. RĂ©cemment un bienfaiteur Idawali est venu nous voir, il nous a donnĂ© du ciment et du fer et nous a demandĂ© de choisir un site pour construire un puits, mais le Hakem est venu bloquer sa construction arguant qu’il y a un litige foncier le concernant avec Ehel Chbariya. Il n’ y a jamais eu de confrontation entre nous et Ehel Chbariya autour du litige Ă©voqué».

Moctar Ould M’kheitrat : «Mes enfants ont Ă©tĂ© torturĂ©s après leur arrestation le 27 fĂ©vrier 2005 par les gendarmes : (Mohamed Ould Ahmed Mahmoud, Cheikh Ould Ndoumry, Ahmed Ould Abdel Kebir et Sidi Brahim Ould Brahim Vall) Ă  Rkiz, suite Ă  une accusation de cambriolage formulĂ©e contre eux par un commerçant. Ils ont Ă©tĂ© acquittĂ©s par la suite par un jugement. Nous n’avons pas de recours après les sĂ©vices qui ont Ă©tĂ© infligĂ©s Ă  nos enfants. Je demande aux organisations de nous aider».
Mohamed Mahmoud Ould Oumarou : Â«Je dĂ©nonce les conditions dans lesquelles se trouvent les dockers du Port Autonome de Nouakchott qui sont victimes de ce que certains qualifient d’esclavage moderne pratiquĂ© par des hommes influents depuis l’ère Ould Taya et qui sucent leur sang. Parmi ceux-ci, je cite Ahmedou Ould Mohamed El Hacen et son complice mon collègue syndicaliste Cheinbany Ould Bilal, ici prĂ©sent. J’estime d’ailleurs que le cas des dockers du Port Autonome peut relever de l’esclavage traditionnel. Le Port Autonome c’est notre source de ravitaillement Ă  tous, et il ne faut pas -qu’ Ă  Dieu ne plaise- qu’il devienne un foyer de tension. Nous devrons Ĺ“uvrer tous, pour qu’il soit un foyer de sĂ©curitĂ© et de stabilitĂ©. Les hommes d’affaires doivent ĂŞtre patriotes et comprendre que leurs intĂ©rĂŞts rĂ©sident dans le bien ĂŞtre des travailleurs. Je rappelle que 42 dockers sont exclus depuis 2002. Des affrontements ont eu lieu sous le rĂ©gime de la transition devant la prĂ©sidence de la RĂ©publique. Les occasionnels du Port Autonome ne peuvent plus supporter leurs conditions. Il y a un risque rĂ©el d’explosion. Conjuguons nos efforts pour Ă©viter cela».
IOM


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