Pourquoi m’en veut-on? Je ne suis attaché à aucune langue moi, et je n’ai jamais eu une ouguiya de l’Etat Mauritanien, duquel, je ne garde, que de très mauvais souvenirs avec le rackett qui m’a été infligé par ses représentants et agents. Je n’ai réduit personne en esclavage, déporté ou fait mal à quiconque. Mon histoire est toute simple. Après avoir perdu mon troupeau, et tenté de devenir commerçant, je vis aujourd’hui dans les bidonvilles de Nouakchott, où je m’adonne à la mendicité. Deux de mes enfants, sont en prison, suite à des affaires de stupéfiants et de vol.
Que suis venu faire faire dans cette galére? Nouakchott, ville maudite, où j’y suis parvenu en 1988 espérant finir avec la vie de chien que je menais en Aoukar. Les années 80, je vivais au milieu des chameaux et des chèvres de mon père, -que son âme aille au diable-. Un cheptel que je faisais paître moi-même, parce que contrairement à mes cousins, je n’avais pas d’esclaves, et l’on ne pouvait non plus nous permettre le luxe de payer des bergers. A la mort de mon père, (un homme qui a vécu 60 ans sur sa "Rahla"), j’ai vendu sur idée de mon épouse et par dépit, face à la cupidité, la méchanceté et la petitesse de mes frères, ma part héritée du troupeau. J’ai cessé alors d’être un éleveur nomade et je suis devenu un commerçant. Mon épouse m’avait convaincu qu’il s’agissait d’un métier reposant et rentable Quatre mois après ma venue à Nouakchott, ma boutique a été cambriolée à la Kebba. La police au lieu mener une enquête, d’arrêter les voleurs, et de me restituer mes biens volés, a voulu me racketter. J’ai perdu alors mon capital et le Nord avec ! Je suis devenu gardien de nuit, tantôt planton et actuellement vendeur de cartes de recharge téléphonique. Ma femme m’a plaqué. Je vis dans une baraque en bois et en zinc, sans eau, sans électricité. J’appartiens pourtant à une famille issue d’une tribu immortalisée par les épopées des griots Maures. En quoi cette origine m’a-t-elle été utile ? Pourquoi ne me tire-t-elle pas de la galère? Au contraire ,je sens qu’on m’en veut pour cette couleur, claire et brunâtre que je n’ai pas choisie? Comment revenir en Aoukar ? Il n y a plus de cheptel, mais, là bas, au moins, l’air est pur. O.B
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