«Retour au terroir»: Après 10 ans d’exil, Ould Yessa de retour en Mauritanie   
14/05/2007

"Je ne suis pas revenu demandeur de poste et de responsabilités dans le pouvoir, mais pour continuer le combat pour la justice et l’égalité","je n’accepte pas de travailler dans un régime qui continue de donner la protection aux tortionnaires et aux auteurs des détournements des deniers publics "...



...a déclaré Jemal Ould Yessa porte-parole de «Conscience et Résistance» (CR) devant la foule venue l’accueillir à son retour en Mauritanie en début de soirée du 11 mai 2007, après dix années d’exil en Europe et en Afrique.

Ould Yessa s’exprimait dans un meeting organisé par CR et SOS Esclaves dans une aire adjacente à l’aéroport de Nouakchott.
Devant les ovations de ses sympathisants, les youyous d’un troubadour édenté et après un discours de bienvenue tellement élogieux qu’il a rappelé ceux prononcés pour Ould Taya lors de ses visites à l’intérieur du pays, Ould Yessa a renouvelé l’engagement de CR à faire face à l’arbitraire «ici et maintenant, à tout moment et quelqu’en sera le prix» dira-t-il.
Opposant irréductible Ã  Ould Taya, le Porte-parole de CR a déclaré nourrir un optimiste «prudent» vis-à-vis des nouvelles autorités , estimant que les problèmes hérités de l’ancien régime persistaient malgré le climat d’ouverture et soulignant à cet effet, l’urgence de réparer les torts subis par la communauté négro-mauritanienne. Il rendra hommage à Seydou Kane, à Moctar Ould Daddah et à Habib Ould Mahfoudh, exprimant sa volonté d’aller se recueillir sur leur tombe.
Il félicitera les responsables des deux tentatives de putsch (celles de 2003 et 2004) ainsi que les auteurs du coup d’Etat d’août 2005. Il remerciera également Moustapha Ould Limam Chavi’i pour le soutien qu’il lui a apporté.

Pionnier de la revendication pluraliste
Petit fils de Bakar, le plus prestigieux des Emirs Maures, fils de magistrat éduqué dans la rigueur , virtuose de la plume, Ould Yessa a fondé le Mouvement des Démocrates Indépendantes (MDI) au milieu des années 80 quand il était étudiant à l’Université de Nouakchott. Il est le pionnier (avec la défunte AMD) de la revendication d’une démocratie pluraliste en Mauritanie.
A l’époque, les islamistes ne voyaient que l’application de la charia, les nationalistes arabes ne juraient que par l’unité arabe, les nationalistes nêgro-mauritaniens ne parlaient que de la hantise d’une «arabisation à outrance» et le MND ramait derrière une hypothétique révolution nationale démocratique et populaire. Le MDI a joué le rôle de pionnier et de laboratoire d’idées pour la démocratie pluraliste qui constituait pour notre classe politique un «modèle occidental importé et inadapté». Ce mouvement se distinguera dans la dénonciation de l’arbitraire en publiant dés 1988, un document intitulé : «rompre le silence».
Composante motrice du FDUC à la fin de l’année 91, le MDI s’engagera dans les premières élections présidentielles de 1992 au profit du candidat Ahmed Ould Daddah. Deux années après, les premières fissures sont apparues au sein de ce mouvement. Certains de ses éléments adhèreront au PRDS et y militeront jusqu’au 3 août 2005, avec un zéle inégalé dans l’histoire de notre Mauritanie contemporaine.
C’est sur les cendres du MDI que naîtra CR en 1997. Marquée par le style Jemal fait d’un mélange de provocation, d’irrévérence, d’obstination et de pertinence, CR traversera une profonde crise en 2002 quand Jemal, le symbole, avait fait l’objet d’un chantage et d’accusations gravissimes. L’orage est vite passé et le symbole est devenu Porte-parole après avoir passé l’étendard Ã  Feu Kane Seydou. Le coup d’Etat du 8 juin 2003 va donner à CR un nouvel élan. Ould Yessa a pris aux premières heures position en faveur des mutins et jouera un rôle capital dans la bataille médiatique (électronique) qu’il gagnera haut la main face à la politique de communication de Ould Taya dirigée par Hamoud Ould Abdi, l’ex Mohamed Said Sahaf mauritanien. Ennemi juré des symboles de l’ancien régime, Ould Yessa a crée dans sa lutte des concepts déstabilisateurs : la boutique franco-smacide, l’épicerie d’Atar, la voyoucratie , la Tayacratie, le prince de pacotille ect..
Jusqu’au 3 août 2005, il a maintenu des positions intransigeantes quant à la possibilité de reforme du régime de Ould Taya. Après la chute de ce dernier, il prendra part activement à la rencontre de Dakar avec ses amis de la «cavalerie du changement», des Flam et autres. Il refusera néanmoins de rentrer au pays à l’instar d’autres exilés tant que le problème des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali n’a pas été réglé. Moins de deux années après le changement du 3 août et après les engagements pris sur ce dossier par le nouveau président de la République, CR a annoncé qu’elle abandonne la clandestinité pour entrer dans champ politique légal. L’organisation va tenir des assises au cours de cette année et se prononcera sur les orientations stratégiques, la révision de la méthode de lutte. Son Porte-parole (et en fait son chef) est enfin rentré d’exil alors que Ould Taya, son ennemi juré est en exil.
IOM


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