Ministère des Pêches et de l’Economie Maritime: Fortes présomptions de mauvaise gouvernance   
25/04/2007

Le nouveau ministre des pêches et l’économie maritime (MPEM) aura du pain sur la planche. Le ministre sortant Sidi Mohamed Ould Sidina (notre photo) est fortement décrié depuis novembre 2006. A l’origine de ce tollé, un ingénieux système aux relents de mauvaise gouvernance à travers deux instruments qu’il a mis en place. Une mutuelle de crédit maritime notamment la mutuelle Sud (Mutpêche) qui a bénéficié de 250 Millions d’ouguiyas dans le cadre du BCI 2006 et les dernières opérations d’immatriculation des pirogues le long de la côte mauritanienne. Focus !



«Qui vivra, verra !»
Par lettre N° 290 en date du 10/10/2006 le ministre des pêches Sidi Mohamed Ould Sidina a demandé le virement à la BCM d’un montant de 500 Millions d’ouguiyas prévus dans le cadre de la loi des finances rectificative (exercice 2006) pour la promotion de la pêche artisanale.
Une note de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) portant N° 103 confirmait en effet par la suite, que les 500 Millions d’ouguiyas ont bien été virés dans le deux comptes des mutuelles d’épargne et de crédit maritime, pour respectivement 250 Millions d’ouguiya chacune. Il s’agit des comptes 300 11 63 pour la mutuelle Sud (Mutpêche) couvrant Nouakchott et du compte 300 11 64 pour la mutuelle nord (Nouadhibou).
Des comptes qui ne devaient être mouvementés que par signature conjointe du président du conseil d’administration et du directeur gérant des deux mutuelles.
Mais par on ne sait quel prouesse, le président du conseil d’administration de la mutuelle Sud a pu le 24 novembre 2006 faire virer les 250 Millions d’UM du compte 300 11 63/ BCM, vers le compte de la Mutpêche à la BACIM Bank (00 12 62 90003).
Malgré cette entorse, la direction de la pêche artisanale et côtière du MPEM, ne trouve mieux, à dire, que d’écrire une gentille lettre au président du conseil d’administration de Mutpêche pour lui demander «sur instruction du ministre des pêches, de surseoir à l’utilisation des fonds jusque la signature de la convention».
M Baye Pekha le président du conseil d’administration (CA) de Mutpêche ne s’exécutera point.
La convention en question ne sera signée par le ministre des pêches et le président du CA que le 28 décembre 2006. Entre le 24 novembre 2006 et le 20 décembre 2006 plus de 30 000 000 d’ouguiya ont été retirés du compte de la Mutpêche à la BACIM et ce, sans qu’il n y ait signature conjointe des chèques, en l’absence de signature de la convention et en violation du cahier de charges signé le 15 décembre 2006 par le MPEM et la Mutpêche. Ce cahier de charges stipule pourtant en son article 1, que les pouvoirs de signatures en banques sont données conjointement au président du conseil d’administration et au directeur gérant de la Mutuelle Sud ; que les comptes ne peuvent être mouvementés que sous la double signature de ces deux responsables et enfin, que toute dépense effectuée par les gestionnaires doit être conforme au budget de la mutuelle dument approuvé.
En violation de ces dispositions le président du CA de Mutpêche a bel bien mouvementé d’abord le compte de Mutpêche à la BCM vers celui de la BACIM, puis a retiré plus d’une dizaine de chèques de ce compte, faisant fi de l’instruction du ministre, des dispositions prévues par la cahier de charges et évidemment de la non signature de la convention. Pire, quand M Ould Haimedaha le directeur gérant demande le 15 janvier 2007 des explications sur ce mic-mac financier, le président du conseil d’administration réunit son conseil et le démet de ses fonctions par une lettre portant l’entête de Mutpêche et un slogan bizarroïde genre: «Qui vivra, verra, ça viendra, tout ira». Il reste cependant à expliquer jusqu’où ça ira ? Que verra le directeur gérant de plus, après avoir été abusivement licencié ? Qu’est ce qui adviendra en attendant d’un président de CA, après tant d’abus ? Et enfin, où, tout ceci mènera ? «Qui vivra verra !»
IOM


Immatriculation des pirogues du littoral : Un montage financier assez curieux
A la mi-février 2007, le MPEM a lancé une opération d’immatriculation des 2500 pirogues pêchant dans nos côtes en vue de cerner leur nombre, dit-on .Le littoral a été subdivisé en 4 zones. Chaque zone a été confiée à un conseiller technique du ministre. Le coût réel par commission ne devait guère excéder 2 Millions d’ouguiyas (carburant, matériel de perçage (qui coûte 50 000 UM) ainsi que les bracelets fournis gracieusement par la coopération française). Le MPEM se saisira de l’occasion pour demander à quatre établissements placés sous sa tutelle : la délégation de surveillance maritime (DSPCM), le centre de sauvetage maritime (CCSM), le port de pêche artisanal (PPAN) et la société du marché aux poissons (SMP) de prefinancer l’opération. Par la suite, le MPEM a demandé au Trésor public de payer ces établissements. Ainsi et très curieusement le MPEM après avoir demandé le préfinancement d’une opération banale se retrouve en train de subventionner les établissements qu’ils sollicitaient hier. Question à 2 UM : Si le MPEM est en mesure de subventionner des établissements pourquoi fait-il appel à leur préfinancement ? D’autant plus que le montant des subventions qu’il a accordées à certains de ces établissements est sans relation avec le coût réel de l’opération d’immatriculation.
A titre d’exemple, la subvention de 31 971 000 UM octroyée par le MPEM à la SMP et qui a été repartie comme suit :.11 000 000 d’ouguiyas ont été versés à la direction de la pêche artisanale et côtière (??!!) , 2 850 700 UM représentent le montant prefinancé par le marché sur la base de la lettre N°0100/SG/MPEM du 3/2/2007 et 18. 120. 300 UM sont destinés «spécialement» à couvrir les frais d’une «opération» qui n’a pas été déterminée dans le procès verbal du conseil d’administration N° 002/2007 de la SMP ! . De quelle opération parle-t-on ? Entebbé ? Barracuda ? Kolwezi ? On ne le saura probablement jamais. Même si on la devine aisément.


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