Courrier: La dernière défaite en date de l’armée malienne/ Abdallah Ould Youba   
03/02/2013

Des organisations des Droits de l’Homme telles  Amnesty International et Human Rights Watch, viennent de dénoncer des exactions commises par l’armée malienne, contre les populations du nord(Azawad) ; ces dénonciations ne font que confirmer les craintes formulées par plusieurs observateurs, bien avant...



...la campagne militaire en cours dans ce pays. Elles viennent aussi appuyer les témoignages d’habitants de l’Azawad, faisant état d’une chasse à l’homme contre les Maures et les Touaregs, dès le début de cette campagne militaire, notamment à Savaré où une vingtaine de commerçants furent sommairement exécutés, pour délit de faciès, par les troupes d’«élite» de l’armée malienne.  Plus tard, des nouvelles en provenance de Diabali -tristement célèbre par le carnage de paisibles prédicateurs, perpétré par cette même armée malienne- de Gao et de Tombouctou, ont fait état d’une traque sans discernement des populations maure et touarègue, pour le seul motif  d’avoir la peau légèrement plus claire que les autres et d’avoir vécu (contraintes et forcées) sous le joug  impitoyable des  terroristes ;  des terroristes  qui  ont écumé la région, plusieurs mois durant, alors que l’armée malienne «s’affairait» à s’entretuer à Bamako et à  se disputer  le pouvoir à une classe politique désarçonnée. L’armée malienne a couvert  le pillage systématique des commerces  dans les villes de Konna, Gao et Tombouctou. Les «farouches» soldats maliens de la vingt-cinquième heure, auteurs des exactions contre les «teints clairs», oublient que ceux qui les ont libérés de l’étreinte terroriste  ont le teint encore plus clair que les «teints clairs» et qu’à ce jeu raciste et tragique de la pigmentation, la prochaine débandade risque de ne pas s’arrêter à Bamako! Les populations civiles maure et touarègue ont été doublement martyrisées, d’abord par la terreur des extrémistes du Mujao, d’Ansar Eddine et d’Aqmi, puis par une soldatesque malienne prompte à «casser de l’Arabe», pour effacer l’affront  des défaites récurrentes devant   quelques centaines de miliciens MNLA sous-équipés et  récemment  encore face à une meute  de terroristes sans foi ni loi. Un tel acharnement cruel sur des populations civiles déjà sévèrement éprouvées par les rigueurs du climat, les sévices  d’obscurantistes moyenâgeux et par une trop  longue période d’abandon par l’Etat central malien, un tel acharnement doit être  vigoureusement dénoncé, non par des communiqués formels d’ONG, histoire de se donner bonne conscience, mais par de rapides mesures disciplinaires et judiciaires  coercitives à l’endroit des auteurs  des ignominies. Si les rumeurs  actuelles, faisant état de pillages systématiques, de dépouillements jusqu’aux habits de corps, d’humiliantes brutalités notamment à l’endroit des femmes,   de «puits comblés à coups de corps inanimés d’Azawadi»,  et de fosses communes, en général,  venaient à se confirmer, les juridictions du fragile Etat malien ne seraient plus en mesure de sanctionner les dérives meurtrières de son armée et de ses miliciens armés à la-va-vite;  il conviendrait alors de transférer le dossier en question  au niveau des juridictions internationales compétentes, telle la CPI, au même titre que les exactions commises par les terroristes. 
L’opinion publique en Afrique (au nord comme au sud du Sahara) pense, à l’exception notable des «Frères musulmans» , que l’intervention française a permis d’éviter le pire, en empêchant que l’Etat du Mali ne bascule dans l’escarcelle des milieux du terrorisme et du grand banditisme, mais les lâches exactions  de l’armée malienne contre les sinistrés maures et touarègues en Azawad, risquent fort d’apporter l’eau au moulin de la propagande des extrémistes religieux,enclins à cataloguer l’intervention militaire en cours, dans le répertoire, hélas bien garni!, des équipées occidentales contre le monde arabe, depuis les Croisades, en passant par  l’abjection coloniale (rappelez-vous le «bras d’honneur», en direct à la télévision,  de l’ex-ministre de la défense français, Monsieur G. Longuet, à propos de l’Algérie),le conflit en Palestinien,  «l’âge de pierre» en Iraq, la partition du Soudan (une boîte de Pandore hasardeuse!) , la destruction méthodique de la Libye … et en finissant par l’islamophobie ambiante en Europe et en Amérique du nord. La sécurité en Europe et la paix dans le monde, exigent que la dignité humaine soit défendue de manière non sélective, particulièrement en Palestine.   Les décisions, appuyées par la France,  d’accepter la Palestine comme membre de l’UNESCO, puis comme «Etat»  à l’ONU, constituent deux réponses contre le terrorisme, autrement  plus efficaces que le vrombissement  assourdissant des bombardiers stratégiques  et le crépitement meurtrier des armes automatiques; un terrorisme dont la première victime reste -de très loin-  le monde arabe lui-même, la tragédie en Azawad le confirme.
 L’idée d’observateurs neutres au nord du Mali devrait être poussée à terme et la communauté internationale se doit d’assister l’Etat malien pour aboutir à des arrangements politiques avec le MNLA  et la société civile azawadie, susceptibles de mettre fin au calvaire de populations triplement martyrisées.
L’Etat mauritanien a eu raison de s’être mis militairement à l’écart des événements en cours au Mali et de s’en tenir à la doctrine consistant à ne frapper que lorsque ses frontières sont directement menacées, mais de frapper suffisamment fort, comme en 2010 et 2011, pour que les brigands d’Aqmi et leurs acolytes en tirent les bonnes conclusions…

 


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