Histoire : Le second temps des Sanhadja Partie1: 1145-1232 ap. JC   
13/04/2007

De l’épopée Almoravide, il ne reste plus dans l’imaginaire de gens de l’actuel Sahara mauritanien que le retour qui a été effectué en 465 de l’hégire ( 1072 ap.Jc) par Abou Baker ben Amer dans son désert d’origine.
Ce retour forcé du prince lamtouny dessaisi du trône marocain au profit de son cousin Youssef ben Tachfine (m. 500 de l’hégire-1106 ap. Jc) a été, cependant, transformé en triomphale conquête du territoire .
C’est ainsi que les divisions de l’armée d’Abou Baker dénommée «Al Mhalla» furent à l’origine des entités émirales des Sanhadja qui ont vu le jour avant l’arrivée des tribus Arabes des Hassanes et c’est au cÅ“ur de ces divisions que se trouvent les fondements de la hiérarchie sociale dont les séquelles demeurent, jusqu’à nos jours, vivaces.



D’un point de vue historique, des sources incontestées indiquent que l’importance accordée au retour de Abou Baker est , tout à fait , justifiée dans la mesure où ce retour annonçait le début de la résidence effective de l’émir au Sahara ainsi que celui des conquêtes qui ont été dirigées dans les profondeurs du Soudan. C’est, d’ailleurs, au cours de l’un des combats consécutifs à ces conquêtes que l’émir trouva la mort en 468 de l’hégire (1074 ap. JC).
Il convient de noter que depuis cette date, les sources arabes sont restées quasi silencieuses et assez ambiguës, quand elles parlent, sur l’évolution des gens du Sahara ( Ahlou As’sahra)
Il est, en tout cas, constamment admis que suite au conflit autour du trône de Marrakech, l’armée almoravide s’est divisée en partisans sahraouis et soudanais de l’émir Abou Baker d’une part et en partisans marocains de son concurrent Youssef.
Abou Baker fit, donc, son retour au Sahara en compagnie d’une armée essentiellement composée des Lemtouna ainsi que leurs alliés Sanhadja et soudanais, il prit la route de Sidjilmassa dans laquelle il resta un certain moment afin d’effectuer les préparatifs du retour au désert
Nous déjà évoqué les conditions dans lesquelles l ‘Etat sahraoui des Almoravides est redevenu jusqu’ à la fin du cinquième de l’hégire ( XI eme siècle ap.JC) une entité spécifique sous l’autorité des fils d’Abou Baker, celle de ses neveux, fils de son frère Yahya ibnou Omar , nous avons, notamment, rapporté , à ce sujet, que l’émir Brahim ben Abou Baker a poursuivi les conquêtes de son père, qu’il avait réussi à soumettre l’empire du Ghana et qu’il avait envahi plusieurs contrées du territoire des noirs ( Bilad Assoudan) .
Nous avons, donc, précédemment, parlé de ce premier temps des hommes voilés, des ces Sanhadja devenus, suite à un mouvement de prédication morale initié par des moines du désert, les Almoravides dont la renommée fut éclatante.
Mais nous avons, également, signalé que dés la mort de l’émir Brahim ben Abou Baker et celle de son principal conseiller, le juge d’Azzougui, Mohamed ben Al Hassan Al mourady Al Hadramy ( m.489 de l’hégire -1096 ap.JC), l’Etat sahraoui des Almoravides a été placé sous la tutelle de Marrakech jusqu’à l’avènement des Almohades. 
En effet, suite à l’effondrement du pouvoir almoravide de Marrakech en 541 de l’hégire (1146 ap. JC ) les descendants de Youssef ben Tachfine ont restauré une certaine autorité au Sahara dans lequel ils se sont réfugiés à fin d’échapper à l’extermination décidée, à leur encontre, par les vainqueurs Almohades.
A la différence des autres princes almoravides qui ont fui en direction du Touat algérien, les descendants de Youssef se sont repliés vers l’actuel Sahara mauritanien dans lequel ces exilés ont fondé une principauté almoravide à l’image de celle qui fut crée par l’Omeyyade Abdel Rahman Addakhil en Andalousie suite à la persécution dont il fut l’objet de la part des Abbassides.
C’est précisément, dans des conditions similaires, que des émirs Almoravides issus de la lignée du Prince conquérant Youssef ben Tachfine ont inauguré dans le Sahara mauritanien ce que l’on peut appeler le Second temps des Sanhadja.
Parmi ces émirs qui ont régné jusqu’ à la fin de la première moitié du VIIeme siècle de l’hégire ( XIII eme siècle de l’ère chrétienne ), certains récits citent notamment Al Khadir ben Omar ben Youssef ben Tachfine dont le règne a duré 40 ans, suivi de celui de son fils Otba (durant 60 ans) puis vint celui de Bechar fils de Otba qui gouverna pendant 30 ans et qui a été remplacé par Eunna qui régna pendant une durée inconnue des traditions.
Mais on sait qu’après le règne de ce prince, incontestablement, tachfinide, un certain lemtouna nommé Mohamed Al Bambery fut investi à la fonction émirale et dut se démettre, après 20 ans de règne, suite à l’éclatement de plusieurs guerres et de graves dissensions internes qui vont conduire à l’émergence des nouvelles entités émirales lemtouniennes.
Les descendants de cet émir se trouvent, jusqu’à nos jours, au sein de la fraction Idek Bambra de l’actuelle tribu «Lamtouna» laquelle a conservé l’appellation commune des tribus lamtouniennes. De même, la famille de «Ahl Abambar» appartenant aux actuels Ideychilli de l’Adrar, descend de la lignée ce dernier prince Almoravide. 
Il convient de souligner que le terme «Abambar» duquel dérive le nom de l’émir est lié à la vie des habitants des oasis et n’a aucun rapport avec l’appellation du peuple soudanais des Bambaras.

Hamahou Allah Ould Salem, Professeur à l’Université de Nouakchott, lauréat du prix Chinghuit 2006.
(A suivre)


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