Belmokhtar quitte Aqmi   
03/12/2012

L’AlgĂ©rien Moktar Belmokhtar, un important chef d’Al-QaĂŻda au Maghreb islamique (Aqmi) destituĂ© par sa hiĂ©rarchie il y a quelques semaines, a quittĂ© cette organisation dont des phalanges sont installĂ©es  dans le nord du Mali depuis plus de 10 ans.



Moktar Belmokhtar, était chef de katibate Almoulathamoune - unité combattante - présente à Gao (nord-est du Mali) avant d’être destitué courant octobre.
   "Moktar Belmokhtar n’a pas supportĂ© sa destitution. Il a envoyĂ© Ă  sa hiĂ©rarchie une lettre annonçant qu’il n’est plus membre d’Aqmi", a dĂ©clarĂ©  une source sĂ©curitaire malienne.
   "Belmokhtar a claquĂ© la porte des rangs d’Aqmi. Il est dĂ©sormais un Ă©lectron libre dans le Sahara. Il peut ĂŞtre tentĂ© de composer avec le Mouvement pour l’unicitĂ© et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao)", a affirmĂ© de son cĂ´tĂ© une source sĂ©curitaire rĂ©gionale.
   Moktar Belmokhtar est un des chefs historiques d’Aqmi, qu’il a introduit dans le nord du Mali. Selon des sources sĂ©curitaires concordantes, il a combattu en 1991 aux cĂ´tĂ© des jihadistes en Afghanistan, avant de revenir trois ans plus tard dans son pays intĂ©grer le Groupe islamique armĂ© (GIA).
   Il a ensuite Ă©tĂ© "Ă©mir" dans le Sud algĂ©rien, voisin du nord du Mali, oĂą il a aidĂ© Ă  installer le Groupe salafiste pour la prĂ©dication et le combat (GSPC), devenu ensuite Aqmi.

Belmoktar, a dĂ©cidĂ© de quitter Aqmi pour crĂ©er un mouvement plus large, ont  dĂ©clarĂ© lundi 3 dĂ©cembre un de ses proches, Oumar Ould Hamaha, et un maire-adjoint du nord du Mali qui a souhaitĂ© conserver l’anonymat..
   "C’est vrai", a dĂ©clarĂ© Oumar Ould Hamaha. "C’est pour que nous puissions mieux opĂ©rer sur le terrain que nous avons quittĂ© ce groupe qui est liĂ© Ă  l’appellation ’Maghreb’. Nous voulons Ă©largir notre zone d’opĂ©ration Ă  travers tout le Sahara, en allant du Niger jusqu’au Tchad et au Burkina Faso."
    Oumar Ould Hamaha a prĂ©cisĂ© que Belmoktar et lui-mĂŞme restaient sous les ordres d’Al-QaĂŻda l’organisation mère d’Aqmi.
Aqmi a appelé lundi les dirigeants africains à se désolidariser de la "politique va-t-en guerre de la France" dont elle a menacé la vie des sept ressortissants otages et ses intérêts au Sahel jusque-là épargnés.
   "A Hollande (François) et certains dirigeants africains, si vous voulez la paix et la sĂ©curitĂ© dans votre pays, nous sommes pour. Si vous voulez la guerre, le Sahara sera un grand cimetière pour vos soldats et un dĂ©sastre pour vos intĂ©rĂŞts", a dĂ©clarĂ© le chef d’Aqmi, Abou Moussab Abdel Wadoud plus connu sous le nom d’Abdelmalek Droukdel, selon une vidĂ©o diffusĂ©e sur des sites islamistes.
   Dans cette vidĂ©o intitulĂ©e, "L’invasion du Mali, une guerre française par procuration", le dirigeant islamiste radical algĂ©rien accuse la France de vouloir Ă  tout prix diviser le Mali pour profiter des richesses de ce peuple qu’elle a dĂ©jĂ  appauvri via ses multinationales.
    "Le prix de la dĂ©cision de Hollande sera très Ă©levĂ©, les sages français se doivent de destituer ce prĂ©sident s’ils veulent prĂ©server les intĂ©rĂŞts de leur pays".
    L’ancien chef du Groupe salafiste pour la PrĂ©dication et le Combat (GSPC, actif en AlgĂ©rie durant la dĂ©cennie noire des annĂ©es 90) affirme que son mouvement dispose de nombreuses armes et menace d’éterniser la guerre "pour vous saigner et accentuer votre crise Ă©conomique".
   "Cette guerre va nous valoir beaucoup de sympathie et nous rendra plus dĂ©terminĂ©s Ă  frapper vos intĂ©rĂŞts, qui sont nombreux au Sahel et que nous n’avons pas encore visĂ©s".
   Il appelle les familles des sept otages français, dont le dernier a Ă©tĂ© enlevĂ© le 20 novembre dans le nord-ouest du Mali, Ă  mener une campagne mĂ©diatique pour les sauver. "En dĂ©pit des dĂ©clarations de Hollande qui affirme tout faire pour les sauver, sa volontĂ© de mener une guerre au Mali ne fait que creuser leurs tombes", menace encore Droukdel.
   A l’adresse des pays du Sahel, Mauritanie, SĂ©nĂ©gal, CĂ´te d’Ivoire et Niger Droukdel les appelle Ă  suivre cette devise africaine: "quand ta maison est en verre, ne jette pas de pierres sur les gens".
   Ces pays, membres de la CommunautĂ© Ă©conomique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CĂ©dĂ©ao), doivent envoyer quelque 3,300 soldats au Mali pour l’aider Ă  reconquĂ©rir le Nord occupĂ© par des groupes islamistes dont Aqmi, dès que l’Onu aura donnĂ© son accord.
   Quand la guerre sera dĂ©clenchĂ©e, leur dĂ©clare-t-il encore, "les dĂ©bris toucheront toutes les maisons en verre pour les dĂ©truire".
Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a reçu mardi pour la première fois ensemble des émissaires du pouvoir malien et des groupes armés Ansar Dine et MNLA.
   "Le prĂ©sident recevra toutes les dĂ©lĂ©gations ensemble demain (mardi) Ă  16H00 (locales et GMT)", a annoncĂ© la prĂ©sidence burkinabè.
   Une dĂ©lĂ©gation du gouvernement malien a Ă©tĂ© reçue lundi par M. CompaorĂ©. Des reprĂ©sentants d’Ansar Dine, l’un des groupes islamistes armĂ©s occupant le nord du Mali, et de la rĂ©bellion touareg du Mouvement national de libĂ©ration de l’Azawad (MNLA) sont arrivĂ©s depuis ce week-end dans la capitale burkinabè en vue des premières discussions conjointes avec des reprĂ©sentants du pouvoir malien.
   La dĂ©lĂ©gation de Bamako, emmenĂ©e par le ministre des Affaires Ă©trangères TiĂ©man Coulibaly, a rappelĂ© ses conditions pour un dialogue, après un entretien de moins d’une demi-heure avec M. CompaorĂ©, mĂ©diateur pour la CommunautĂ© Ă©conomique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CĂ©dĂ©ao).
   "Nous agissons dans le cadre de la Constitution du Mali : la RĂ©publique est une et indivisible et elle est laĂŻque, et Ă  cet Ă©gard les revendications indĂ©pendantistes et autres, les tentatives d’installer une confession et une loi par la force ne peuvent pas prospĂ©rer au Mali", a soulignĂ© M. Coulibaly devant la presse.
   Mouvement essentiellement composĂ© de Touareg maliens, Ansar Dine occupe le nord du Mali avec deux autres groupes islamistes, les jihadistes surtout Ă©trangers d’Al-QaĂŻda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicitĂ© et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Ils appliquent très strictement la charia (loi islamique) dans la rĂ©gion.
   RĂ©bellion touareg laĂŻque et prĂ´nant l’autodĂ©termination du Nord malien, le MNLA a Ă©tĂ© Ă©vincĂ© en juin de la rĂ©gion par les islamistes avec qui il avait mis en dĂ©route l’armĂ©e malienne en dĂ©but d’annĂ©e. Il reste toutefois considĂ©rĂ© comme un acteur-clĂ©.
   Depuis plusieurs mois, M. CompaorĂ© "a beaucoup discutĂ© avec les uns et les autres dans le cadre de sĂ©ances prĂ©paratoires. Je crois que le moment est venu de passer Ă  une autre phase, c’est pour cela que nous sommes lĂ ", a encore expliquĂ© le chef de la diplomatie malienne.
   "Nous aboutirons", a-t-il assurĂ©. Il s’est cependant montrĂ© prudent sur les discussions de mardi : elles doivent selon lui seulement permettre d’examiner "les possibilitĂ©s d’amorcer un dialogue". Ce qu’un autre membre de sa dĂ©lĂ©gation interrogĂ© par l’AFP, l’homme politique TiĂ©bilĂ© DramĂ©, appelle une "phase prĂ©-exploratoire".
   Le prĂ©sident CompaorĂ© pousse Ă  une solution nĂ©gociĂ©e alors que se prĂ©pare une intervention armĂ©e africaine, qui attend l’aval de l’ONU.
   Si les discussions de Ouagadougou aboutissaient, une Ă©ventuelle opĂ©ration militaire ne devrait viser que les groupes "terroristes" occupant le nord du Mali, Aqmi et le Mujao.
   Mais certains Ă  Bamako refusent tout compromis avec Ansar Dine et le MNLA. Plusieurs associations et partis politiques maliens se sont dits samedi contre toute nĂ©gociation avec ces mouvements et ont rĂ©cusĂ© la mĂ©diation de M. CompaorĂ©. (Agences)


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