Histoire: L’insurrection des Bani Ganiya (I) (1185 -1222)    
22/03/2007

Dans l’inventaire des insurrections qui ont suivi l’effondrement de l’Etat Almoravide au Nord, celle des Bani Ganiya occupe une place centrale et se distingue par l’importance de l’impact qu’elle a eu sur l’évolution ultérieure des Mourabitounes, aussi bien dans le temps que dans l’espace. Cette insurrection qui a éclaté aux îles des Baléares, demeurées autonomes après l’avènement des Almohades, doit son nom à ses instigateurs qui étaient les fils de Ishak ibnou Mohamed Ibn Ghaniya lequel se rattachait à une célèbre famille affiliée à un dignitaire almoravide dénommé Yahya Al Massouffi.



Ibnou khaldoun rapporte que «ce dignitaire qui fut impliqué dans l’assassinat de plusieurs Lemtouna a été contraint de s’exiler au Sahara pour échapper à la vengeance du clan et que le prince Youssef a payé le prix du sang, négocié ainsi le retour de son lieutenant et lui donna en mariage une femme qui s’appelle Ghaniya et qui appartient à la famille royale Â». De cette union arrangée naquirent deux fils (Mohamed et Yahya) qui ont porté le prénom de leur mère et qui vont devenir les ancêtres éponymes du clan des Beni Ganiya.
Les principaux événements de l’insurrection déclenchée par ce clan se sont développés avec le secours que Ali ibnou Ishagh ibnou Mohamed Ibn ou Ganiya a voulu apporter aux habitants de Bijaya qui lui ont adressé une demande dans ce sens. La flotte composée d’une trentaine de navires qui transportait plus de 200 cavaliers et environ 4000 soldats qui s’est dirigée vers la cote africaine a réussi l’occupation au début de l’année 581H – 11185 ap. JC de la ville assiégée par les Almohades.
Cette contre offensive du clan Almoravide des Beni Ganiya a eu, également, pour conséquence la prise d’Alger qui fut confiée à Talha, le frère de Ali ibnou Ganiya. D’autres localités algériennes ont subi le même sort et se sont trouvées gouvernées par des insurgés Almoravides. C’est notamment le cas du fort des Bani Hammad.
Les chroniqueurs rapportent que l’armée de Ali ibnou Ganiya se composait des arabes et des Almoravides ce qui ramène à penser, malgré la cohésion des deux groupes, Ã  la distinction faite par Cheikh sidi Mohamed Al Kounty dans son épître intitulée «Al Ghallawiya Â» entre les lemtouna et les Bani Hassanes qui cohabitaient sous les derniers pouvoirs Almoravides du Sud.
Dés le 5 rajab 581 de l’hégire qui correspond au 6 juillet 1185, les Almohades ont repris Bijaya suite à des combats d’une rare dureté mais Ali Ibn Ganiya a lancé au cours de l’été de l’année suivante (1186) une grande attaque contre les oasis situées au sud de l’Aurès, il dévasta ces territoires et réussit à se faire appuyer par les Arabes jdachm et Rabah, il détruira les palmeraies de Touzer , avant d’aller Ã  Gafsa où les populations se sont rendues et il se dirigea, ensuite, vers Tripoli où il trouva un nouvel allié , dans sa guerre contre les Almohades, en la personne de l’Arménien Gharavich.
Cette conquête a été renforcée par l’adhésion de tous les Arabes du Maghreb de l’Est ainsi que les membres des deux tribus almoravides (Lemtouna et Messoufa) qui ont fui l’invasion Almohade. Ainsi tout le territoire du Jarid était soumis à l’autorité des insurgés Almoravides conduits par Ibn Ganiya.
Celui-ci a, d’ailleurs, occupé toute l’Ifriqiya à l’exception de Tunis et Al Mahdia. L’occupation de l’ensemble des territoires précités fut accompagnée d’une vaste opération de dévastation, de pillage et de génocide.
Après la mort de Ali ibnou Ganiyya (tué en 584 H – 1188) , ses frères et les chefs Almoravides ont désigné , comme successeur, son frère Yahya lequel a pu , durant presque un demi siècle, avec une rare efficacité et un courage inégalé, poursuivre la résistance aux Almohades.
Ces derniers ont été déstabilisés et le nouveau Ibn Ganiyya s’est, même, permis d’imposer, pendant une longue durée, un embargo aux villes du nord avant d’être repoussé au Sud, notamment dans la région du Jarid (sud de l’actuelle Tunisie) dans laquelle l’ alliance déjà tissée avec l’Arménien Gharvich, le mettait à l’abri de la poursuite des armées Almohades.
Il faut attendre la fin de l’année 1207 pour qu’un nouvel gouverneur Hafside de l’Ifriqiya du nom de Abdel Wahed Al Hafsi puisse engager une guerre dont l’objectif précis est de débarrasser le Maghreb de ce foyer d’instabilité animé par Yahya Ibn Ganiya.
En effet, au 30 de Rabi’e Al Awal de l’année 604 de l’Hégire qui correspond au 24 octobre 1207, ce gouverneur infligea une lourde défaite aux troupes de Ibn Ganiya et celui-ci , blessé , s’est réfugié, comme d’habitude, dans le Sahara.
Le gouverneur hafside a réussi, par le biais d’une stratégie appropriée à semer la peur chez les partisans du rebelle Almoravide.
Celui-ci s’enfonça dans le désert pour échapper à la poursuite et il fut gagné par le découragement. Il était d’autant plus désespéré que les moyens financiers à même d’assurer la prise en charge de ses alliés arabes lui faisaient défaut. Il proposa, d’ailleurs, à tous ses partisans de s’éloigner des zones contrôlées par le redoutable gouverneur hafside.
Mais, il semble que par ce repli effectué et par ce pacifisme déclaré, le rebelle almoravide cherchait, en fait, Ã  préparer les conditions d’une nouvelle résistance qu’il allait déclencher juste une année après sa cuisante défaite.
Hama hou Allah ould Salem
Professeur à l’Université de Nouakchott, lauréat du prix Chinghuit 2006.
(A suivre)


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Commentaires
aghioul
ahmed@yahoo.fr
2010-05-29 20:43:06

LES MOURABITOUNES ETAIENT DES BERBERES VOUS VOUS ETES DES ESCLAVES ARABISES

Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés