L’origine des Maures (IVême Partie) : Par Hamahou Allah Ould Salem   
24/11/2006

Au cours du premier millénaire qui a précédé l’ère chrétienne, les berbères ont, totalement, envahi le territoire de l’actuelle Mauritanie.. Les gravures rupestres  attestant leur présence depuis cette époque se sont superposées à celles de leurs prédécesseurs. Il semble que, par rapport aux populations villageoises du proche néolithique, ces  générations de berbères s’adaptaient mieux  à la sécheresse engendrée par les nouvelles conditions climatiques. Les gisements de Fer et  du cuivre ont, par ailleurs, largement, contribué  à l’adaptation  des nouveaux arrivants qui ont vécu dans les villages, progressivement, dépeuplés par leurs habitants..



Les berbères ont, sans doute, favorisé ce dépeuplement dans la mesure où leur arrivée a, profondément bouleversé  les équilibres culturel et démographique  et a provoqué, sous la contrainte, un exode  des populations villageoises précitées.
Néanmoins, il convient de souligner que la preuve  de cette contrainte  n’a, jamais, été apportée. A ce sujet, une discussion approfondie (colloque de Dakar 1976) a porté  sur la véritable identité des populations appartenant à la race éthiopienne dont la présence au grand Sahara a été évoquée par Hérodote. On sait juste que pour désigner les habitants de cet espace, l’historien grec avait employé l’expression ’’les gens aux visages brûlés’’. Mais  la portée réelle de cette expression n’a pas été, jusqu’à présent, éclaircie.
Toujours est-il que dans la seconde moitié du deuxième millénaire  avant JC,  des chars à deux roues (parfois à quatre)  tirés, généralement, par des chevaux et rarement par des bÅ“ufs, ont envahi  le Sahara.
 L’introduction de ce type de chars soulève une difficulté bien précise qui, depuis longtemps, suscite un débat de spécialistes. En fait, tout ce qu’on sait, à propos de la présence de ces fameux chars, se limite  à leur illustration par les dessins gravés sur des roches. Une étude portant sur
L’emplacement  de ces gravures estime qu’elles se trouvent  éparpillées, à travers  le Grand Sahara, dans 800 localités
 Mais à l’exception de l’environnement rocheux dans lequel ces chars ont été immortalisés, aucune autre indication, dans l’espace concerné, ne permet d’aborder, avec exactitude, ce sujet.
.Pourtant l’origine de ces chars est, on ne peut plus, claire. En effet, il est constamment admis que le  char à deux roues attaché à deux ou quatre chevaux constitue un armement traditionnel de guerre bien connu dans les environs de l’Est de la méditerranée et dont la présence  remonte à plus de trois mille ans. Le char  en question a été  utilisé par la plupart des peuples de cette région et particulièrement les Romains mais aussi les Libyens, les Gara mantes et les Gétules. Les auteurs grecs notamment  Hérodote, Diodore et Strabon  signalent que la familiarisation de ces derniers peuples avec le cheval date de la fin du deuxième millénaire avant l’ère chrétienne. Ces utiles précisions sur les chars ont été rapportées par Bowba Ould Mohammed Naffee ainsi que par d’autres auteurs spécialistes de la préhistoire de la Mauritanie.
Les ancêtres des berbères enturbannés
Selon R. Mauny, les libyco - berbères sont les ancêtres des Sanhadja qui étaient, depuis des temps immémoriaux, présents dans la région. Parmi ces ancêtres, le peuple des Gara mantes est, sans doute, le plus connu.
Les Gara mantes sont les anciens habitants de  Fezzan (actuelle Libye) qui , semble-il, furent les fondateurs d’un Etat dont l’emprise sur les routes commerciales du Sahara était notoire. Leur capitale s’appelait Germa.
 .Hérodote  fut le premier à les avoir cité, dans le livre IV en ces termes assez descriptifs : «c’est là où vivent des gens nombreux qui s’appellent  les Gara mantes, qui possèdent des bÅ“ufs  et qui se déplacent dans des chars aux quatre chevaux»..
 Il importe de souligner qu’une divergence de perception se dégage des  descriptions relatives à la couleur des Gara mantes. Mais cette divergence ne concerne, visiblement, que le degré  de leur noirceur. Les Gara mantes  se disaient, eux même,  plutôt foncés voire  foncièrement noirs  tandis que les Grecs les trouvaient justes un  peu foncés..
Il est, en tout cas, certain qu’ils furent le seul peuple qui avait la possibilité de traverser le désert vers le sud. Il semble que les motifs de  cette traversée  tenaient, principalement,  aux échanges commerciaux ou  à la chasse aux animaux tels que les éléphants, les autruches etc.
 A ces  Gara mantes, ancêtres de la majorité des  Haratines de l’actuelle Mauritanie, certains historiens rattachent, également, les Touaregs dont la parenté avec les Sanhadja sera, ultérieurement, évoquée..
A présent, il faudrait garder à l’esprit, qu’il  y’a eu dans l’évolution de ce peuple libyco-berbère, une période  cruciale  au cours de laquelle  le Cheval s’est séparé du char pour devenir la monture qui permet l’invasion du Sahara. Cette invasion qui s’est transformée en habitude  s’est renforcée, au début de l’ère chrétienne, avec l’arrivée du Chameau.
 Il est permis d’affirmer que la présence au Sahara des ces premiers berbères qui, au cours de leur mouvement vers le sud, introduisirent  les chars au Sahara, date de trois mille ans pour la simple raison qu’avant cette date, les chevaux étaient inexistants dans cette région laquelle a été, par la suite, affectée par la sécheresse insupportable pour le cheval.
Les ’’charretiers’’ ont investi un territoire habité par des populations qui pratiquaient l’élevage des vaches et qui ont, par la suite, été contraintes, par la mutation du climat, de se déplacer vers les confins du Sahara.
Ainsi, les nouveaux arrivants sont devenus les maîtres des lieux et ont fourni, pour la postérité, la preuve irréfutable de leur présence en gravant leurs chars sur les façades intérieures des   grottes ainsi que sur  les roches.
 En outre, cette  période a connu l’apparition d’un élément nouveau qui est celui de l’écriture dite ’’Tifnagh’. Mais on ne sait rien du lien entre cette nouveauté culturelle et les gravures qui ont été léguées par les premiers berbères pour lesquels, les chars  étaient  un symbole de prestige. Il est bien probable qu’en  raison de leur technicité rudimentaire inadaptée aux zones difficiles à traverser, ces chars n’ont pas pu jouer un rôle important dans le commerce.
Malgré  une  forte animosité entre les Romains et les Gara mantes, les deux parties ont tissé une curieuse alliance  qui a été, à l’origine, de deux  importantes campagnes dirigées par les Romains, à travers, Fezzan en direction des territoires du sud.
 Ces deux campagnes ont été menées sous le règne de Trajan (100 avant JC). La première campagne a  pénétré   dans  les territoires du Soudan tandis que la seconde a atteint Agisimba dans les terres de l’Ethiopie.
Il se peut que l’apparition du chameau aie été la cause directe du subite rapprochement entre  les Gara mantes et les Romains. L’introduction au Sahara de cette nouvelle arme de dissuasion aurait  sonné le glas de la sécurité que le désert en tant que refuge impénétrable offrait aux Gara mantes.
Il auraient, donc, eu avec  cette apparition révolutionnaire, dont l’effet est similaire à celui qui a été produit par le nucléaire sur la psychologie nipponne, besoin de l’appui de Rome pour faire face à ce redoutable défi. 
(A suivre)


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