Inouïe, notre propension à éviter les vrais questions, à cacher nos vrais sentiments, à avoir un discours adapté à tout. Curieuse attitude de croire en même temps, à une chose et à son contraire. De s’estimer détenteur d’une vérité à laquelle nous ne croyons point. Nous sommes étonnants : prolixes et silencieux, modernistes et conservateurs, progressistes et réactionnaires, racistes et tolérants, pieux et vicieux, cupides et généreux, cléments et impitoyables. Qui sommes-nous ?
D’où venons-nous avant Koumbi, Zough , Abbeir et Tinigui ?. Et que sommes-nous devenus, après ? L’épopée almoravide se résume dans notre imaginaire en quelques batailles et à un fortin aux environs de Nouakchott, d’où partiront de curieux moines soldats (des talibans de l’époque ?) en direction du Maroc et de l’Espagne. Plusieurs siècles durant, le silence a régné sur ces contrées jusqu’à ce que les chicanes des Emirs ou des Emirillions (pour être plus objectif), ont commencé à faire une histoire fortement amplifiée par les envolées lyriques des griots. Puis ce fut l’ordre colonial qui nous renseigna peu –lui aussi- sur notre histoire. Même si des historiens de pacotille estiment que notre histoire a été faite par les méharées des goumiers des troupes coloniales. Révoltant ! Les collabos, peuvent-ils devenir un substrat national ? Qui sommes-nous alors ? des descendants de pharaons, de romains, de touaregs hassanisés, de nêgres blanchisés, d’ arabes bronzés ou de juifs islamisés ? Qui sommes- nous donc ? L’expérience coloniale nous renseignera peu. L’expérience nationale avec notre école et nos historiens n’en feront pas autant. En ce début du XXI eme siècle nous continuons nous à nous demander : Qui sommes-nous et que pouvons nous être ? Mohamed Ahmed Ould Boubacar
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