C’est quoi cette indépendance ?   
27/09/2006

La semaine dernière, des notables, des cadres et des citoyens lambda se disant désemparés à la veille des élections, face à la recomposition du paysage politique, sont venus exprimer leur désarroi devant le Chef.
Aussitôt après, ils se sont proclamés indépendants. Par groupes, ils ont quitté essentiellement le PRDR. Les autres partis ont jugé ces indépendants, dangereux parce que suscités, disent-ils, par l’exécutif. Et les partis politiques de crier à l’ingérence. On dirait la fin de l’idylle entre le CMJD et la classe politique. Les plus pessimistes diront que c’est le retour aux anciennes méthodes et aux crispations.
Pourtant l’émergence de la mouvance des indépendants n’est pas fortuite. Elle a été suscitée à force de diabolisation du PRDR, des partis politiques alternatifs et des projections sur fond de scénarios catastrophe.



Avions-nous eu raison de cultiver le doute face à la neutralité du CMJD, sur la mue du PRDR et sur les aptitudes de la Coalition des Forces du Changement Démocratique (CFCD) à assumer l’héritage de la transition?
Notre incorrigible scepticisme se justifiait tout de même, par plusieurs considérations. La première, est qu’une réflexion du genre: «Pourquoi se fatiguer, risquer sa peau et remettre le pouvoir à un zozo qui ronflait la soirée du 3 août 2005?», pourrait bien avoir effleuré des grands esprits qui n’ont plus besoin de l’unanimisme de la classe politique face à la communauté internationale et pour le succès du referendum du 25 juin. Après ces rendez-vous majeurs, c’est le background des prétendants à la succession qui devient, une priorité. Normal à ce stade, que le CMJD, ait son agenda et ses préférences.
La deuxième considération ayant suscité le torrent indépendantiste est liée aux inquiétudes en relation avec les résultats des élections de novembre 2006.
Le PRDR est la première victime des indépendants en attendant qu’il embrasse lui aussi, la nouvelle religion. Pourquoi? Parce que c’est son essence de s’accommoder aux orientations officielles et que c’est sa base qui est visé. La mue du PRDR n’a pas convaincu. Sa force électorale inquiète toujours. Ni le soutien aux tombeurs de son président, ni le changement de dénomination, d’orientation, de dirigeants et encore moins, l’inclusion de l’esclavage, des déportés et du passif humanitaire dans son discours n’ont rassuré. Version améliorée du PRDS pour tout le monde, le PRDR ne se rend pas compte qu’il prêche dans le désert en voulant défendre le contraire. Et que toutes les manières, le retour du PRDR en force, même démocratiquement, constituera un cinglant désaveu pour la junte militaire.
La troisième cause à cette vague indépendantiste est liée aux faiblesses structurelles et aux tares congénitales des partis composant la Coalition des Forces du Changement Démocratiques (CFCD). Cette coalition n’a pas elle aussi, rassuré de pouvoir faire le poids face au PRDR. Sur les 10 partis qui la composent, elle compte 6 prétendants pour les présidentielles. La coalition n’est pas parvenue jusqu’à présent à des accords électoraux, ni à un programme de gouvernement. D’où l’urgence de susciter quelque part une voie médiane entre ces deux cas de figure.
Aujourd’hui, les initiatives indépendantes se multiplient, comme lors des présidentielles de 2003: Coordination nationale des indépendants, Alliance nationale des indépendants, Union nationale des indépendants, sans qu’on sache, ils sont indépendants par rapport à quoi? aux partis? au CMJD? ou aux tribus?
De la capacité de ces initiatives à répondre à ces interrogations et à constituer un refuge aux mauritaniens indécis dépendra leur crédibilité.
Autrement, ce sera du déjà vu.
Isselmou Ould Moustapha


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