La Mauritanie a commémoré le 3 août 2006, le 1er anniversaire du changement sans effusion de sang qui a amené au pouvoir le CMJD. Le changement qui a mis fin aux 21 années de pouvoir du président Ould Taya, a reçu une large adhésio, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Aussitôt après l’annonce du programme du CMJD, la formation du gouvernement intérimaire et la proclamation d’amnistie générale, trois grands chantiers ont été lancés à l’issue de journées nationales de concertation ouvertes à l’ensemble des acteurs politiques.
Le premier grand chantier a concerné la transition démocratique avec les amendements constitutionnels et du code électoral, la naissance d’une CENI, la définition d’un calendrier pour l’organisation des futures élections l’ouverture des media publics aux débats contradictoires ainsi que la reforme de la loi sur la presse dans le sens d’une meilleure professionnalisation du secteur et de la garantie des libertés. Un deuxième axe a porté sur le secteur fort décrié de la Justice. Il a débouché sur une nouvelle loi de la magistrature garantissant l’indépendance du juge. Le troisième chantier a été consacré à un problème majeur, celui de la moralisation de la gestion des deniers publics éhontement dilapidés par une génération de déprédateurs à cols blancs. Ainsi, la bonne gouvernance a été, elle aussi, choisie comme axe prioritaire de la transition et une Inspection Générale d’Etat dirigée par un incorruptible quoique un peu zélé sur les bords s’attele depuis, à traquer les criquets de l’économie mauritanienne.. Mais l’événement majeur qui a marqué la première année du changement du 3 août aura incontestablement été l’organisation d’un referendum sur les amendements apportés à la constitution de juillet 1991. Ce referendum tenu le 25 juin 2005 a vu le plébiscite par les mauritaniens des amendements qui ont introduits la limitation du nombre des mandats présidentiels, la prestation de serment par le futur président à ne pas modifier la constitution dans les aspects relatifs au nombre des mandats présidentiels, à l’Islam et à l’intégrité territoriale, l’incompatibilité de la fonction de président de la République avec celle de chef de parti politique et la suppression de l’article 104 liberticide. Des espoirs déçus D’autres événements d’une importance vitale ont également marqués sur le plan économique cette première année de transition. Il y a eu notamment la révision des avenants au contrat de partage de la production pétrolière avec la société australienne Woodside, ce qui a permis au pays de recouvrer ses droits. Néanmoins, quelques mois après le lancement de l’exploitation du pétrole, les espoirs n’ont pas été à la hauteur des attentes. On a comme l’impression d’avoir placé trop d’espoirs sur le puits de Chinguitti qui devait produire 75 000 barils/ jour et qui depuis quelques mois peine à produire un peu plus de 30 000 barils par jour. Il y a eu également et toujours sur le plan économique, l’annulation de 832 millions de dollars des dettes multilatérales de la Mauritanie, à l’égard de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Africaine de Développement (BAD), décision prise à l’issue d’un pénible parcours et grâce au concours et à la mobilisation de la classe politique et de la société civile mauritaniennes ainsi qu’ au suivi rigoureux des directives du FMI par l’équipe économique du Gouvernement qui a enfin retrouvé des relations assainies avec la communauté financière internationale. Sur un autre plan et après de laborieuses négociations, un nouvel accord de pêche de 6 ans a été signé avec l’Union Européenne, laquelle, selon le ministère des pêches a revu à la hausse ses compensations (108 millions d’euros, contre 86 millions dans l’ancien accord) et à la baisse, son effort de pêche. Mais l’innovation incontestable c’est que le nouvel accord est accompagné d’un protocole qui permet à la Mauritanie de négocier, tous les deux ans, le volume pêche de la flotte européenne ainsi que les compensations. Malgré ses acquis sur le plan économique on ne peut dire que le gouvernement de la transition a brillé sur le terrain économique. En effet, au niveau politique, les mauritaniens ont enregistré des avancées majeures contre l’instabilité et la déstabilisation en plébiscitant l’alternance démocratique et en mettant des gardes fous contre l’instrumentalisation de l’appareil d’Etat par le futur président dont la fonction est désormais incompatible avec celle de chef de parti politique, mais il reste, que sans l’efficacité d’une politique économique créatrice d’opportunités et génératrices de revenus qui se ressentent au niveau des ménages, les sources des frustrations et de rancoeurs subsisteront et pourraient facilement devenir des facteurs de déstabilisation. Les rendez-vous qui restent Au titre de la transition entamée dans notre pays le 3 août, des rendez vous importants restent à franchir. Il y a notamment le rendez vous du 11 novembre 2006 avec des élections municipales et législatives et celui avec les élections sénatoriales prévues le 11 janvier 2007. Deux mois après l’élection des conseils municipaux, des députés et sénateurs à la future assemblée nationale, les mauritaniens seront conviés le 11 mars 2007 devant les isoloirs , pour élire le futur président de la République, élection qui ouvre la voie à un autre rendez- vous important : la fin de la transition et l’autodissolution du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie. Et après ? IOM
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