Tout le monde l’aura remarqué. C’est dit et rabâché à Nouakchott : nos chauffeurs sont des chauffards ! Pour pallier cette insécurité routière, les autorités ont mis en place un système d’assurances. Comme partout dans le monde, rétorquerez-vous. Un tel système est payable annuellement pour des prix oscillant entre 15 000 et 30 000 ouguiyas, selon le modèle de voiture.
Il est sensĂ© permettre un remboursement immĂ©diat (dĂ©gâts matĂ©riels et corporels) en cas d’accident, si un constat policier rend effectif votre statut de victime dans l’accrochage. En cas d’accident avec un piĂ©ton gravement blessĂ©, nos automobilistes ne prennent mĂŞme plus le temps humain de s’émouvoir : "L’assurance paiera !" lance avec dĂ©sinvolture un chauffard Ă un piĂ©ton qu’il tamponne Ă 30km/h. Cela s’est passĂ©, il y a quelques jours devant un parterre de badauds, au carrefour de la tĂ©lĂ©vision. Puis, il remonte dans sa BMW dernier modèle, aux vitres teintĂ©es, devant un policier qui a juste constatĂ© les dĂ©gâts et signĂ© la dĂ©charge. Le piĂ©ton se relèvera avec grande peine. Plus de peur que de mal pour cette fois. Les assurances quand elles paient, dĂ©caissent très tardivement (des dĂ©lais compris entre un et deux mois !) En cas d’accident, si vous ĂŞtes victimes, vous avez le choix de pleurer et de vous diriger vers le garagiste et payer de votre poche les dĂ©gâts, ou bien d’écouter les excuses dĂ©pourvues de sincĂ©ritĂ© d’un automobiliste qui vous jettera Ă la figure son numĂ©ro d’assurĂ© et le nom de la compagnie, au lieu d’attendre -parfois il est vrai, des heures- un constat. Alors Ă quoi servent nos assurances? À remplir les poches des compagnies ? À dĂ©responsabiliser des conducteurs qui pour la plupart conduisent comme des kamikazes en quĂŞte d’houris ? En tout cas, les nouakchottois ont dĂ©veloppĂ© un système D pour pallier les carences de ce système de couverture de risques, inefficace, qu’est l’assurance automobile. Finalement, il ne couvre rien du tout! La moitiĂ© des automobilistes de la ville a sous leur siège des gourdins, efficaces eux, pour rĂ©gler les contentieux contingents. Ils mesurent 45cm Ă peu près, pèsent moins de 2kg. Ils sont en vente Ă 150 ouguiyas au cĹ“ur du marchĂ© SOCIM. Cet outil donne l’assurance de rĂ©gler vos problèmes devant un chauffard hargneux dĂ©nuĂ© de bon sens et de compassion.
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