Un nouvel Etat peut NaĂ®tre   
29/05/2006

Le premier éternuement. C’est encore un souffle, mais il a déjà la force d’un vent puissant. Voilà qu’à l’occasion de sa visite à Sélibaby et à Kaédi, le Boss assène un discours qui ébranle quelques tabous. Au point que le discours débouche sur une polémique inféconde. Conséquences de certains excès, le débat sur la constitution prend la forme d’un plaidoyer pour le politique et l’objet de son désir la Présidence. «Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt».



Sans le vouloir peut-être –Dieu seul sait– le Boss a tenu des propos qui ont permis de secouer des fortins immobiles et de battre en brèche des idées sur lesquelles la Mauritanie vivait depuis des années, certaine pourtant au fond d’elle-même de leurs conséquences néfastes et funestes : l’appropriation ou la négation -c’est selon- pour une partie de la collectivité du passif humanitaire. Les excès de 1989 à 1991 seraient-ils l’exclusivité d’une race, d’une communauté? Certainement pas ! Leur revendication n’en serait pas moins.
C’est que jusque-là, la pensée unique veillait, subtile mélange de dogmatisme et d’angélisme : le malheureux «bidhane» persécuté et qui se rebelle ou le négro-mauritanien victime d’injustice qui promet une revanche terrible.
Alors tant sur le complot «bidhane» présumé ou avéré que la responsabilité noire, les injustices partagées, la légitime défense ou l’esprit de conservation, il ne faisait pas bon s’y opposer. Chaque camp vendait sa salade. Tout le monde avait raison et personne n’avait tort. Avec cette mentalité, toute évolution était suspecte, tout règlement ou discussion condamnées.
S’il était nécessaire, la bien pensante société des intellectuels en appelait aux grands principes, comme l’égalité, les droits de l’homme, le consensus, l’unité nationale, sans réellement y croire.
Au lendemain des discours de Sélibaby et de Kaédi, chacun y va de son bavardage exégétique personnel sur les termes utilisés par le «boss». Faut-il que rien ne bouge et que les problèmes restent entiers et à l’état. Il fallait crever l’abcès.
En Mauritanie, pendant trop longtemps, bonne fille, la société civile laissait faire la «fille de vie» de la dictature. Le «déchu» se drapait dans une intolérance forte et dans l’irresponsabilité douce et mielleuse. Les hommes politiques, une fois passé le temps des déclarations populistes et électoralistes, n’avaient pas l’énergie de leurs audaces et de leurs calculs.
C’est dire si les récentes sorties médiatiques du Boss tranchent avec les propos serinés d’après tant d’années et s’il n’est pas de simple bon sens d’approuver la lucidité de son diagnostic. Car enfin, que diable, on ne fera pas la fine bouche. La durée des mandats pour 5 ans nous prenons. La limitation à 2, des mandats nous prenons. Comme nous prenons aussi, la prestation de serment pour ne pas retoucher les dispositions constitutionnelles sur …
Voilà autant de décisions, qui par petites touches dessinent en creux, une méthode réformatrice et créent des ruptures par rapport à ce qui était pratiqué jusqu’à présent. Si le projet entre dans les mœurs, un nouvel Etat peut naître.
Tout le mérite de l’initiateur de la nouvelle constitution tient dans le rappel des évidences sur l’unité nationale. On ne peut laisser chaque jour, surgir des groupes de pression à caractère ethnique, racial ou communautaire. Des voix prétendent identifier une politique à une couleur de peau, une région ou un dialecte. Elles prétendent répondre à un besoin de reconnaissance, de mémoire ou de justice, alors qu’au fond elles ambitionnent de peser assez lourd dans le débat politique pour imposer ses conditions aux candidats à la présidentielle pour s’inviter au partage du gâteau.
Le fond et la tactique dévoilent ainsi une inspiration fondamentalement sectaire. Un fond qui se retrouve dans l’argument qui veut faire de la loi, l’expression séparatiste qui consiste à retourner contre la démocratie les principes qui la fondent. Et cela, en revendiquant pour soi, la liberté que l’on refuse aux autres. De même, la passion identitaire est considérée par elles comme un facteur positif d’intégration quand elle est le fait des minorités.
Pour le Boss, s’il y a une révolution à observer, c’est d’abord celle qui consiste à remettre les pendules à l’heure : que le langage des responsables soit à nouveau celui de la clarté, de la vérité et du courage. Seulement, encore faut-il que les nouveaux pas ne s’arrêtent pas là. Il reste beaucoup de forteresse à prendre et de dogmes à ébranler. D’autant que les «Mollah» du statu quo et de l’immobilisme n’ont évidemment pas cessé leurs combats d’arrière-garde.
Mais que de chemin à parcourir pour que les Mauritaniens intègrent convenablement la notion de citoyenneté et que la Mauritanie se hisse au niveau des nations civilisées.
Qu’attend-on ? Allons, encore du courage! l
Par El Hadj Cissé dit Popèye
cisse25@yahoo.fr


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