Indépendamment de toute appartenance politique de toute vision partisane, tous les citoyens honnêtes peuvent en convenir que la Mauritanie ou tout autre pays ne pourra devenir un pays viable qui prendra le chemin du développement et du progrès que lorsque s’installera durablement une stabilité politique et démocratique et où les institutions démocratiques réguleront la vie politique.
Depuis son indépendance la Mauritanie a connue au moins une dizaine de coups d’Etat militaire dont une dictature militaire sanglante qui a durée plus de vingt ans dont un nombre important des putschistes d’aujourd’hui faisaient partie, et selon les organisations des rescapés et les associations de droit de l’homme, certains membres de la junte au pouvoir actuellement seraient même responsables d’exécutions et de déportations, dont les séquelles demeurent vivaces et continuent de peser lourdement sur son développement économique, social, culturel et politique.
Le coup d’Etat du 6 août dernier, en plus son caractère anachronique, est manifestement le plus grave et le plus funeste puisque il vient briser l’espoir qu’avaient fondé le peuple mauritanien et la Communauté Internationale sur une expérience démocratique qui faisait exemple pour le continent.
Ce coup d’Etat est intervenu donc après des élections démocratiques validées par la communauté nationale et internationale et au moment où les mauritaniens avaient commencé à croire que le spectre de la malédiction des coups d’Etat s’est éloigné définitivement de leur pays.
La stratégie des putschistes qui est devenue une tragédie comique est de faire entériner cette forfaiture sous des prétextes fallacieux ou en passant par l’artifice de l’organisation d’une mascarade de journées de concertations, oubliant au passage que ce sont eux-mêmes (les mêmes officiers putschistes) qui avaient organisé des journées semblables il y a à peine 2
ans et avaient juré devant le peuple mauritanien, devant Allah et devant la Communauté Internationale, qu’ils seront neutres au cours des élections qu’ils regagneront leurs casernes, et on connait la suite et d’ailleurs, Mohcen Ould Hadj, dans une sortie dans le journal «Le Calame», le moins qu’on puisse dire, très peu habile où il s’est complètement piégé, vient d’édifier tous ceux qui en doutaient encore. Ces putschistes et leurs acolytes n’ont incontestablement pas de respect pour le peuple mauritanien.
L’issue de la crise actuelle et l’instauration d’une stabilité pérenne et d’une démocratie réelle en Mauritanie réside nécessairement dans la mise en échec total de ce coup d’Etat.
Les partenaires de la Mauritanie doivent demeurer dans leur position de fermeté de condamnation de ce coup d’Etat, c’est la position la plus juste qui est en accord avec les principes et valeurs démocratiques de leurs peuples, et le peuple mauritanien aussi, aspire au même droit aux mêmes valeurs démocratiques.
Toute attitude de faiblesse sur l’application de ces principes et de ces valeurs sera exploitée en Mauritanie comme dans le reste du continent et ne pourrait qu’encourager la junte putschiste dans sa fuite en avant et en même temps ne manquerait pas d’être vue comme un encouragement aux velléités putschistes, et créera l’effet boule de neige à travers tout le continent.
Les exemples Bissau guinéen et celui plus récent de la Guinée Conakry viennent confirmer ce risque pour l’Afrique. Les peuples africains ont aussi le droit à vivre dans la stabilité, dans le
progrès et dans des Etats véritablement démocratiques c’est aussi l’intérêt stratégique des partenaires de l’Afrique. Quant au peuple mauritanien il a fait son choix, pour la première de son histoire il est décidé et déterminé avec le soutien précieux et déterminé de la Communauté Internationale à s’opposer fermement à cette forfaiture et pour la mettre en échec et instaurer une démocratie.
Les vingt ans de dictature sanglante dans notre pays ont vu naître une race humaine de laudateurs sans vergogne et sans scrupule et une floraison d’opportunistes de tous acabits et de tous gabarits qui représentent aujourd’hui les soutiens zélés de la junte putschiste. Ils sillonnent le pays avec les moyens l’Etat pour faire passer, par tous les moyens y compris
par les intimidations et les menaces, le message de leur maître du moment.
Le salut du continent ne pourra venir que d’une volonté sans faille de la Communauté Internationale à étouffer dans l’œuf toute velléité putschiste.
Maréga Baba /France
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