Les banques occidentales qui s’installent en Mauritanie cette année, et pour les
années à venir, s’adossent sur de puissantes structures mauritaniennes ayant la
main mise dans ce secteur. C’est de notoriété publique, que la BNP n’aurait eu
son visa d’ouverture à la BCM, qu’à travers l’aval du boss de la compagnie
pétrolière STAR, Ould Tidjanni. De même, on dit le groupe hollandais ING avoir
pactisé indirectement avec l’ex-dictateur, à travers ses parents, principaux
actionnaires des principales banques mauritaniennes, pour son implantation Ă
Nouakchott. Dans ces conditions, on se demande si cela mènera à une réelle
concurrence bancaire qui favorise l’éclosion d’un véritable système de prêt de
la part des banques. En effet, une économie, sans la création d’un système
de crédit bancaire stable, ne saurait créer la consommation nécessaire à une
augmentation de l’offre des entreprises. Or, de tous temps, les banques
mauritaniennes ne prêtent qu’aux riches, et encore, à des taux de 20 à 25%!
Impossible dans ce cas pour le citoyen moyen, mĂŞme pour un cadre mauritanien,
d’acheter honnêtement une voiture, une maison, de se projeter simplement dans
l’avenir. L’exemple de ce cadre est éloquent. Vers la fin des années 1980,
Abdoul, avec un des plus gros salaires du pays, (128 000 ouguiyas), n’a obtenu
un crédit pour sa voiture, que grâce à ce que la banque prêteuse a considéré
comme un service, en payant des mensualités de 64 000 ouguiyas, à un taux de
18%. Une situation qui n’a guère changĂ© depuis. Les familles riches continuent Ă
acheter cash avec des valises d’argent, maisons et voiture. Elles financent
leurs projets de commerce avec des prĂŞts de la " banque de la tribu " qui
facilite la création du projet, à des " taux d’amis " de 25%! Dès lors,
qu’attendre des banques étrangères, quand on apprend que l’ouverture d’un compte
à la Banque International d’Investissement nécessite un acompte de plus de 1000
euros ? Autant dire que 90% de la population est éliminée d’office… Peut
mieux faire… selon The Heritage Foundation L’université de Sherbrooke aux USA
a instauré un indice de liberté relatif au système bancaire des pays dans le
monde. Cet indice va du système le plus libre (1) au plus répressif (5). En
Mauritanie, pour l’ensemble de la période 1996-2004, on enregistre une moyenne
annuelle de 4. C’est en 2000 qu’on a enregistré le plus haut niveau (5) et en
2004, le plus bas niveau (2). The Heritage Foundation est un institut de
recherche et d’éducation fondĂ© en 1973 dont la mission consiste Ă formuler et Ă
promouvoir des politiques conservatrices basées sur les principes de la libre
entreprise. À cet Ă©gard, The Heritage Foundation est favorable Ă un gouvernement
peu interventionniste. Dans ce sens, la Mauritanie a encore de gros progrès Ă
faire, même s’il faut noter quelques embellis. Le changement enregistré
entre la première et la dernière année est de 60%. Pour mesurer ce changement
l’université dispose des résultats pour toutes les années de la période
1996-2004. Cet indicateur développé par l’organisme américain Heritage
Foundation Ă©value l’intervention de l’État Ă l’endroit du système bancaire et
financier. Plusieurs critères sont retenus, dont la propriété d’institutions par
l’État, les restrictions Ă l’implantation de filiales de banques Ă©trangères ou
les régulations qui limitent l’activité financière. L’arrivée de ces banques
étrangères pourra peut-être permettre l’éclosion d’un système bancaire
favorisant une vie économique plus active par l’octroi plus aisé de crédits aux
salariés.
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