Profession: marchand d’eau   
02/05/2006


Ali fait partie de ces centaines de charretiers qui, dès 8h du matin, se retrouvent aux points d’eau du quartier pour remplir bidons et barils à livrer aux clients habituels. " …nous livrons entre 20 et 200 litres, selon la taille du foyer, qui peut tenir à 12 personnes ou 3, pour quelques rares familles monoparentales" explique-t-il en ne quittant pas des yeux sa charrette déjà pleine de 3 barils.
En moyenne, il livre jusqu’à 6000 litres par jour. Quelques centaines de moins durant les périodes de canicule, où les prix grimpent et le liquide précieux se raréfie. " Ce qui met certains foyers dans l’obligation de se rationner " affirme-t-il.
La récente hausse des prix du baril de 200 litres, à 500 ouguiyas, contre 400 habituellement, obéit simplement à la loi mécanique de l’offre et la demande selon lui. "On ne saurait mettre en cause la cupidité des marchands d’eau" soutient-il tranquillement, en cravachant ses deux ânes.
La pénibilité du travail est grande. Ali travaille en moyenne 10h par jour, et les bénéfices ne sont pas aussi grands que beaucoup le croient. "Je gagne à peu près 200 ouguiyas par baril livré, et cette somme est ajoutée au coût de l’eau. J’achète le baril de 200 litres à 200 ouguiyas, je le revends en temps normal à 400, ou à 500, voire beaucoup plus parfois … " reprend-il, songeur. La hausse des prix du baril, n’augmenterait donc, que pour compenser une peine du travail plus excessive.
En effet " les robinets sont coupés durant les temps de grosse chaleur, car les balcons sont vides. Les camions ont beaucoup plus de travail et ne peuvent respecter les délais habituels de livraison " ajoute un responsable de la SNDE.
Ali en grande tournée
VoilĂ  le premier foyer Ă  livrer. Ils ont demandĂ© 100 litres; Ali remplit 5 de leurs bidons avec son vieux tuyau usĂ©. Il jette dans la besace, ses premiers 250 ouguiyas de la journĂ©e. Il lui reste encore 500 litres Ă  livrer avant de retourner au point d’eau. À 10h, la première tournĂ©e est effectuĂ©e, il lui reste Ă  en faire 4 ou 5 pour tirer un revenu substantiel de la journĂ©e, soit 3000 ouguiyas en moyenne. " En pleine canicule, en retournant au point d’eau, je peux attendre plus d’une heure pour recharger mes barils, ce qui me retarde considĂ©rablement dans mes livraisons; dans ces cas, je peux finir très tard, jusqu’à 22h " avoue-t-il, en attendant le remplissage de ses barils.
Retour à la case départ, à peine quelques bidons jaunes devant la borne fontaine. 15 minutes plus tard, c’est reparti pour de nouvelles livraisons vers un autre point. Cette fois-ci, Ali arrive à une maison qui a un balcon, qu’un camion-citerne de la SNDE vient remplir 2 fois par mois, mais celui-ci aurait un retard de plusieurs heures… en attendant, ils s’alimentent auprès d’Ali, pour parer aux travaux d’urgence, comme la cuisine, la vaisselle .…
En le quittant, je lui demande comment il fera avec l’arrivée de l’eau du fleuve Sénégal en ville, avec le projet Aftout Es Sahili. Il ne connaissait pas. Après lui avoir expliqué que ce projet permettra la mise en place d’un réseau d’alimentation en eau courante pour ses clients qui n’en seront plus. Il me dit avec un grand rire: " demain est un autre jour! ".


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