Un atelier de formation syndicale s’est tenu les 11 et 12 novembre derniers dans les locaux du Centre de Formation Féminine de Nouakchott. Le prétexte était d’apporter aux cadres syndicalistes des trois centrales syndicales que sont l’UTM, la CGTM, la CLTM, des données très importantes sur les enjeux des Accords de Partenariat Economique (APE).
La formation a été animée par M. Lawson Body Boevi Kouglo, économiste et expert de la Confédération Syndicale Internationale-Afrique qui en collaboration avec le Bureau International du Travail(BIT), et la fondation Friedrich Hebert ont initié cet atelier. Les travaux de l’atelier ont été ouvert par les MM Samory Ould Beye, Mohamed Ould Nahah et Abderrahmane Ould Boubou respectivement Secrétaires Généraux des trois centrales suscitées. Durant deux jours, M. Kouglo a présenté aux séminaristes 5 modules détaillés qui expliquent les tenants et les aboutissants des APE et les enjeux qu’ils présentent pour les pays Afrique Caraibe Pacifique(ACP). Pour rappel, les APE, résultent des accords de Lomé qui définissaient le cadre de partenariat entre L’Union Européenne et l’Afrique. en 2000, l’Union Européenne et le Groupe des Etats Afrique Caraïbe Pacifique ont conclu l’Accord de Cotonou qui est un traité cadre en matière de commerce. Il remplace la Convention de Lomé pour la mise en place de relations privilégiées entre l’Union Européenne et les pays ACP en matière d’accès aux marchés, d’assistance technique et d’autres domaines. L’objectif est de permettre l’intégration économique et politique des pays ACP dans un marché mondial libéralisé au cours des vingt ou trente prochaines années et ce à raison de quatre vingt pour cent. Avec l’accord de Cotonou, les parties se sont engagées à négocier une série distincte de traités bilatéraux individuels entre l’Union Européenne et les pays ACP participants. Ces accords individuels «Accords de Partenariat Economique» prévoient des obligations spécifiques adaptés à la situation particulière de six groupe de pays bien définis que sont les Caraïbes, le Pacifique, l’Afrique de l’Est, l’Afrique Australe, l’Afrique Centrale et la CEDEAO + Mauritanie. Le 27 novembre 2002, l’UE et les ACP ont officiellement ouvert des négociations sur les Accords de Partenariat Economique (APE). Ces négociations qui devraient durer plus de cinq ans avaient pour but de redéfinir le régime des échanges commerciaux entre les deux parties. C’est de l’opportunité de la renégociation de ces accords, de la menace d’une signature hâtive en l’état actuel des choses pour les pays ACP et surtout africains que l’expert de la CSI était venu préciser aux syndicalistes mauritaniens. En fait, d’après l’économiste de la CSI, les européens nous proposent simplement un marché où on a tout à perdre. En effet, comment comprendre que l’on nous dise de compétir à chances égales sur un marché où les armes sont inégales. En d’autres termes, ils nous demandent de pouvoir occuper notre champ commercial avec toute la technologie et l’industrialisation qu’ils possèdent et nous invitent à exporter chez eux nos produits. Dès qu’on aura débarqué, ils nous bloqueront pour non-conformité avec normes européennes et puis, avons-nous seulement des usines ? De plus les APE n’ont rien prévu sur la question cruciale de l’emploi quand on voit tous les jours les jeunes africains braver la mort en s’embarquant pour l’Europe faute d’emploi. C’est de ces enjeux que M. Kouglo a traités pendant ses interventions. Il était secondé dans son travail d’animation par M. Mahmoud Ould Mohamed Khairou, de l’UTM. Ce dernier, auteur d’un rapport sur les APE a révélé que le parlement mauritanien a déjà ratifié ces fameux APE. Il a également souligné que les syndicalistes ne sont pas sollicités dans les négociations et qu’il leur faut faire du lobbying pour approcher les parlementaires et les décideurs pour une plus grande compréhension des APE. Ce point a été confirmé par M. Nahah, SG de la CGTM, (présent aux côtés des deux Secrétaires Généraux de l’UTM et de la CLTM pour la cérémonie de clôture) a révélé que «l’Assemblée Nationale s’est empressée de ratifier les APE ce que les syndicats ont dénoncé». Une conférence de presse a clôturé les travaux de l’atelier. L’expert de la CSI, répondant à la question d’un journaliste sur le ciblage de ces trois centrales syndicales a répondu que l’UTM, la GGTM et la CLTM sont les seules organisations mauritaniennes affiliées à la CSI, il est donc normal que seuls les adhérents tirent profit de leurs cotisations. Les séminaristes se sont enfin retrouvés en groupes et ont élaboré le brouillon d’un plan d’action pour une meilleure explication des APE aux populations et la vulgarisation du concept et de ses enjeux dans les organisations syndicales allant du sommet vers la base. Biri N’Diaye
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