Transport Mauritanie/Sénégal, guéguerre larvée ? Salam Transport et El Bouragh portent plainte contre un syndicaliste sénégalais    
03/12/2008

Mécontents du traitement peu orthodoxe que leur réservent depuis un certain temps les syndicalistes sénégalais, qui seraient pistonnés par certaines de leurs autorités, les transporteurs mauritaniens, sous la houlette conjointe, d’Abdallahi Ould Breihem (photo), directeur général de Salam Transport et Mohamed Vall Hamza de Bouragh, ont décidé d’aller en justice.



Pour défendre leur dossier, ils viennent de mandater maître Ousmane Sèye, ténor au barreau de Dakar et défenseur, par le passé, d’Abdoulaye Wade et autres nobles causes.
Abdallahi Ould Breihem et Mohamed Vall Hamza dénoncent le «comportement peu amical» du secrétaire général du syndicat des transporteurs routiers de la CNS, qui ne cesse de bloquer, illégalement, leurs véhicules, au motif fallacieux de non détention d’autorisation. «Archifaux !», tonne le directeur d’ El Bouragh, «car la direction du transport nous a, bel et bien, délivré une autorisation». Les transporteurs mauritaniens, pionniers dans la défense et la sauvegarde des intérêts du secteur, regrettent «cette pratique érigée en règle» par les proches d’Alassane Ndoyen le DG du syndicat sénégalais, à chaque veille de fête, une manière de vouloir «écarter les transporteurs mauritaniens». Ce qui constitue, aux yeux des transporteurs mauritaniens une violation flagrante de la convention de transport liant le Sénégal à la Mauritanie. Cet accord en matière de transports routiers, signé le 15 février 2005, abrogeait celui du 05 décembre 1987. La nouvelle réglementation stipule que «sur les routes reliant la Mauritanie et le Sénégal, les véhicules de transport public de voyageurs et de marchandises sont assujettis à une autorisation ou licence de transport délivrée par l’autorité compétente du pays où ils circulent. Cette carte de transport est valable pour une période de deux années consécutives, après accord des autorités compétentes des deux Etats».
Quant aux éventuels différends, leur résolution incombe aux administrations des deux pays qui doivent se concerter régulièrement, afin d’aplanir les divergences. Pas aux syndicats.
 
Règle de réciprocité
 
Le patron de Salam Transport pousse le bouchon plus loin. Sans ambages, Abdallahi Ould Breihem indique que «l’Etat sénégalais est incapable de respecter la convention qu’il a lui-même signée ».  Ce qui laisse la porte ouverte aux abus et aux gestes déplacés. Du coup, la colère des mauritaniens va crescendo, devant l’arrogance du syndicaliste sénégalais, qui se substitue, impunément, aux autorités et ne s’en cache même pas. Interpellé par un confrère sénégalais, Alassane Ndoye reconnaît avoir bloqué les bus mauritaniens, sous prétexte que leur autorisation a expiré depuis le 14 novembre dernier. Ndoye, connu pour ses idéaux protectionnistes, n’en est pas à sa première action de sape contre les transporteurs de la sous région. Ses démêlées sont fort nombreuses avec les transporteurs gambiens, maliens et sénégalais. Il vient d’élargir sa liste à la Mauritanie. Quant à l’action en justice intentée par les mauritaniens, Ndoye ne s’en fait pas outre mesure : « il y a que deux possibilités, soit on me donnera raison, soit on dira que j’ai tort».
Toutes les démarches entreprises auprès des autorités sénégalaises, notamment auprès des services de police, de l’ambassade du Sénégal à Nouakchott et le ministère du Transport, se sont soldées par des échecs, au grand regret de nos transporteurs. Abdallahi Ould Breihem et Mohamed Vall Hamza exhortent l’Etat sénégalais à réagir, au plus vite, pour un dénouement heureux de cette affaire, évitant un point de non-retour où les transporteurs mauritaniens appliqueraient la « règle de réciprocité». Ce qui risque d’être lourd de conséquences, pour les transporteurs sénégalais, qui font entrer, quotidiennement, selon des sources policières, 45 camions en Mauritanie. Les pertes sèches d’une seule opération coup-de-poing des transporteurs mauritaniens se chiffraient à 300 millions de francs CFA au bas mot. Sans oublier la psychose qu’occasionnerait un blocage des bus sénégalais, au sein des passagers, nombreux à vouloir fêter la tabaski chez eux…
Du côté mauritanien, les autorités, habituées depuis des années, au laxisme récurrent et à la  politique du néant, n’ont rien fait en faveur des victimes. Les responsables du ministère des transports ne daignent même pas défendre leurs concitoyens et se murent, comme à leur habitude, derrière un silence de cimetière, en préférant botter en touche ce dossier encombrant. Dès lors, les transporteurs mauritaniens doivent se résigner à défendre eux-mêmes, leurs intérêts, face à des syndicalistes sénégalais bénis et tapis dans l’ombre des autorités de leur pays.
Le conseil des plaignants mauritaniens a donc formulé, juridiquement, un ensemble de griefs contre les transporteurs sénégalais. Son argumentaire tourne autour des « délits d’entrave à la liberté de commerce et de transport, de séquestration et de voies de faits». Dans une déclaration faite à un quotidien dakarois, maître Sèye souligne que «cette défaillance de l’autorité est extrêmement grave. Parce qu’on ne doit pas permettre à un particulier, fut-il un syndicaliste, d’appliquer la loi. Nous demandons à l’Etat du Sénégal de réagir».
Face à la récurrence de ce conflit, on se demande où sont placés le panafricanisme de maître Wade et ses appels incessants à une intégration africaine, alors qu’un syndicaliste se substitue, dans la maison même du vibrant orateur, à l’autorité légale, en lui imposant sa propre loi ?
Source: Le Calame du 2 décembre


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