L’UE envisage des sanctions: Des pays membres de l’UA semblent approuver le renversement de Sidi   
21/11/2008

L’Union Européenne (UE) envisage de prendre des sanctions individuelles contre des membres de la junte militaire au pouvoir en Mauritanie, a déclaré vendredi Bernard Kouchner à Addis-Abeba, siège de l’Union Africaine (UA). S’exprimant au lendemain de l’expiration du délai fixé par les 27  pour un retour à la légitimité constitutionnelle à Nouakchott, le ministre français des Affaires étrangères a précisé que ces sanctions, si le principe en était décidé, frapperaient ceux qui ont renversé le 6 aôut Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président librement élu de Mauritanie.



"Il devra s’agir, en tout état de cause, de sanctions individuelles. Sanctionner le peuple mauritanien, aussi pauvre soit-il, serait inacceptable", a expliqué le chef de la diplomatie française à l’issue d’une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’UA dans la capitale éthiopienne. Le 20 octobre, l’UE, présidée jusqu’au 31 décembre par la France, avait menacé de décréter des sanctions si la junte militaire, présidée par le Général Mohamed Ould Abdel Aziz, ne prenait pas de mesures pour rétablir un gouvernement démocratique dans un délai d’un mois. Le président déchu a été transféré le 13 novembre de Nouakchott vers sa ville natale, Lemden. A l’époque, des diplomates avaient jugé que cette mesure n’était pas suffisante pour satisfaire aux exigences de la communauté internationale. Koen Vervaeke (voir photo), ambassadeur de l’UE auprès de l’Union Africaine, a déclaré de son côté que la junte avait demandé du temps, sans pour autant proposer concrètement de remettre le pouvoir au président renversé. "Nous avons dû en conclure qu’il n’y avait aucun élément significatif nouveau", a-t-il dit. L’Union Africaine a suspendu la Mauritanie après le coup d’Etat, mais plusieurs pays membres de l’UA semblent avoir approuvé tacitement le renversement du président Ould Cheikh Abdallahi.

La communauté internationale, réunie le 21 novembre à Addis Abeba, a décidé de donner une nouvelle chance à la négociation en Mauritanie en envoyant une "mission de haut niveau sur place", avant de lancer éventuellement un processus de sanctions. "La réunion a confirmé l’attachement de la communauté internationale au retour à l’ordre constitutionnel et son unité sur cette prise de position", a déclaré le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra. Une prochaine réunion de ce groupe doit se tenir le 12 décembre prochain à Bruxelles, qui sera précédée, selon M. Lamamra, de l’envoi "d’une mission de haut niveau à Nouakchott conduite par l’UA, avec les représentants des cinq autres organisations", à savoir l’ONU, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) et la Ligue Arabe. Cette réunion fait suite à celle de l’UE du 20 novembre , qui a brandi une nouvelle fois la menace de "mesures appropriées" contre la junte mauritanienne, à laquelle elle avait donné jusqu’au 20 novembre pour rétablir l’ordre constitutionnel". Nouakchott rejette ces pressions et demande la "poursuite des discussions". Le mandat de la mission décidée le 21 novembre "est de s’entretenir avec le président (renversé) Sidi Ould Cheikh Abdallahi, ainsi qu’avec le Général chef de la junte, pour les engager à envisager une sortie de crise qui prenne en compte les éléments clefs que nous avons énoncés: une solution démocratique et pacifique susceptible d’être acceptée par les Mauritaniens dans leur ensemble", a poursuivit M. Lamamra. Selon lui, "il n’y a pas de précipitation vers la rupture du dialogue. Il n’y a pas à analyser la situation en terme d’avancée ou de recul, mais une manifestation simplement de bonne volonté de la communauté internationale".

 

La junte avait envoyé un signe de refus
Les participants à la réunion d’Addis abeba ont aussi souligné que des mesures le moment venu (...) seraient proposés (...) aussi bien à l’UA (...) qu’à l’ONU, pour laquelle la saisine du Conseil de sécurité a été évoquée", a-t-on indiqué sans prononcer le mot de sanctions. Selon M. Lamamra, "il n’y a pas de précipitation vers la rupture du dialogue. Il n’y a pas à analyser la situation en terme d’avancée ou de recul, mais une manifestation simplement de bonne volonté de la communauté internationale". "Le mandat de cette mission est de s’entretenir avec le président (déposé) Sidi Ould Cheikh Abdallahi, ainsi qu’avec le général chef de la junte, pour les engager à envisager une sortie de crise", a poursuivit M. Lamamra.  M. Kouchner a évoqué des sanctions individuelles, comme des interdictions de voyage. "Comment pourrions nous viser le peuple mauritanien déjà si pauvre?", a-t-il relevé. On va voir comment pourrait s’établir une entente nationale suffisante pour qu’une solution soit trouvée qui pourrait soit passer par des élections, soit par le statu quo ante et le retour du président chez lui, exerçant légitimement ses droits", a-t-il expliqué. On ne "peut pas accepter que des coups d’Etat déstabilisent l’Afrique. Il faut maintenant qu’une solution pacifique soit apportée", a encore expliqué le chef de la diplomatie française. La communauté internationale exige de la junte un retour à l’ordre constitutionnel et la libération totale du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi élu en 2007. "Nous faisons état de l’impasse, de l’obligation de la commission de préparer des mesures appropriées notamment individuelles qui seront proposées aux instances pour décision", a expliqué de son côté Koen Vervaeke, ambassadeur de l’UE auprès de l’UA, soulignant rester ouvert "à toute proposition de Nouakchott". Signe du refus de la junte de transiger, l’ex-Premier ministre mauritanien Yahya Ould Ahmed Waghf, également renversé par le coup d’Etat du 6 août, a été inculpé et écroué jeudi 20 novembre avec quatre autres prévenus, accusé notamment d’avoir manigancé la «faillite» d’Air Mauritanie, selon une source judiciaire.

(Reuters et Afp)


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