''Yaa Mauritani mbareck listighlal'', le son d’une époque   
30/11/2020

Comme chaque jour qui marque le 60e anniversaire de l’indépendance d’un pays d’Afrique, RFI fait revivre l’ambiance musicale de l’époque. Le 28 novembre 1960, la Mauritanie quitte la Communauté française.



À la radio, une chanson glorifie ce moment historique : Yaa Mauritani mbareck listighlal (« Que Dieu bénisse l’indépendance de la Mauritanie » en français).

L’indépendance, en Mauritanie, c’est aussi l’indépendance des ondes. Radio Mauritanie, installée à l’origine à Saint-Louis, dans le nord du Sénégal, est alors en plein essor. Dans les campements des nomades, le transistor se généralise. La station, qui prépare son déménagement définitif à Nouakchott, organise plusieurs sessions avec des artistes en vue.

La voix de Mounina Mint Eleya domine cet enregistrement de Yaa Mauritani mbareck listighlal. Pour El Hadrami El Meïdah, le fondateur de l’Orchestre national de la République islamique de Mauritanie, « tout le monde était épris de la voix de Mounina Mint Eleya, qui était très belle. C’était une dame de petite taille, mais elle chantait très fort ! Et à l’époque, ça voulait dire qu’on chantait bien ! Car les griottes comme elles devaient se faire entendre de tout le monde, dans les grandes foires auxquelles elles participaient, par exemple.»


Un quatuor pour célébrer l’unité nationale

Sur l’enregistrement de Radio Mauritanie, Mounina Mint Eleya est accompagnée des chanteurs Isselmou Ould Nivrou et Mahjouba El Meïdah. Jeich Ould Sedoum, lui, est à la tidinit, une forme de luth très répandue en Afrique de l’Ouest. Ould Sedoum était un virtuose surnommé le « Ray Charles mauritanien », car, comme le jazzman américain, il était aveugle.

Leur présence à tous les quatre est aussi une manière de célébrer l’unité nationale, dans un jeune État menacé par les revendications territoriales du Maroc. « Il fallait les réunir pour unifier la Mauritanie, souligne El Hadrami El Meïdah, le fondateur de l’Orchestre national. Jeich Ould Sedoum était du nord, Mounina Mint Eleya était la griotte de l’émir de Brakna dans le sud, Mahjouba El Meïdah était ici (à Nouakchott, ndlr) et Isselmou Ould Nivrou était avec sa famille à Atar (centre-ouest de la Mauritanie, ndlr). Et on a rassemblé tous ces gens ! »

Le texte de la chanson célèbre aussi l’unité de ce pays naissant : « Que Dieu bénisse l’indépendance (…), ce jour où notre drapeau est hissé pour la première fois (…). Nous nous reconnaissons à ses belles couleurs : le vert et le jaune traversés par une étoile et un croissant de Lune ».
rfi


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