Où est passé le fric des enseignants ?   
12/10/2008

La fin du mois est sans aucun doute la période la plus guettée des mauritaniens. Du petit cadre de bureau perdu dans ses jongleries audacieuses face à des fins de mois implacables, en passant par le logeur qui piaffe d’impatience pour sauter au coup du locataire mauvais payeur, jusqu’à la brave ménagère qui caresse le doux rêve de s’offrir enfin cette belle paire de chaussures dont elle a rêvé milles fois et qui dépend de la « mort du mois » donc du salaire marital.



Mais aussi le chômeur qui espère vaillamment récupérer quelques subsides de l’oncle ou de l’ami du cousin, enfin tout le monde quoi ! Et si d’aventure, la fête de l’Aïd El Fitr s’en mêle, les calculs n’en sont que plus répétés. Imaginez qu’au bout de cette longue gestation, l’on découvre que le solde si attendu se révèle être tronqué de quelques milliers de nos ouguiyas. Et ce, à quelques quatre jours de la fête. Ça n’est pas un le scénario d’un film de série B. Que nenni ! C’est bel et bien la mauvaise surprise que les fonctionnaires du MEN et quelques malheureux flics de notre Police Nationale ont découvert sur leurs bulletins de solde du mois de septembre dernier. Il fallait simplement  voir les mines catastrophées de ces pauvres bougres en ce jour du 25 octobre 2008. L’ambiance n’était  assurément pas à la fête, il n’en demeure pas moins que la tête des mauvais jours qu’affichaient certains instits donnait envie de rire jaune. Le plus dramatique est que certains esprits malins avaient déniché on sait où et fait circuler une folle rumeur qui disait que les autorités militaires projetaient de gratifier chaque fonctionnaire de l’Etat mauritanien de la « coquette » somme de 15.000 um qu’ils ont vite fait de baptiser « le mouton de la fête ». D’où est venu ce fol espoir ? Qui en est l’instigateur ? À quelle fin a-t-on fait pendre au bout de milliers de nez un si beau miroir aux alouettes ? Ce qui est sûr, c’est que l’impact a laissé sur les carreaux plusieurs victimes. Dire qu’il y en a qui avaient déjà pris des avances sur la base de ce magot. Ouille ! Passé le moment d’incrédulité, il fallait accuser le coup.  Et voilà que démarrent en vrille les spéculations les plus hardies sur les causes de cette ponction mortelle. Dans les locaux du MEN, un prof affirme sans ciller que ce séisme ne serait que l’œuvre d’un agent de la Direction du Budget  à qui on aurait dit de supprimer les indemnités d’ameublement d’une vingtaine d’enseignants bénéficiaires de logements administratifs, et que ce dernier n’ayant entendu que le nom « enseignant », s’est empressé de sabrer le solde de toute la clique du MEN qui s’en est retrouvé allégé de 8000. um. Une thèse invraisemblable à tout point de vue mais qui a le mérite de susciter un vif débat parmi les fonctionnaires présents. Quelqu’un lance : « ce sont nos salaires que nous risquons de perdre le mois prochain ! » Toujours est-il que la version la moins loufoque qui circule serait que les services des finances veulent lister les fonctionnaires qui bénéficient déjà d’un logement et qui continuent à percevoir les dites indemnités. A supposer que cela soit le vrai mobile, pensez-vous que cette date soit la meilleure pour établir des statistiques ? Ne pouvait-on pas attendre autre moment que la veille de fête pour opérer ? Hein les gars ? Mais, on est où là ?
Biri N’Diaye


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