L’Union européenne a confirmé vendredi, à l’occasion d’une nouvelle conférence de soutien à la force militaire du G5 Sahel à Bruxelles, le doublement de son aide financière à cette force dont la montée en puissance s’accompagne d’un regain de tensions sur ...
... le terrain face aux groupes djihadistes. L’Union européenne va doubler son soutien financier à la force militaire conjointe du G5 Sahel, a annoncé vendredi Federica Mogherini (photo) à Bruxelles, où se tient une nouvelle conférence des donateurs pour cette force dont la montée en puissance s’accompagne d’un regain de tensions. "L’Union européenne a été la première à investir, à y croire, avec les premiers 50 millions d’euros qu’on a donnés en juillet dernier", a dit à la presse la Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Federica Mogherini, avant le début de la réunion. "Aujourd’hui l’Union européenne va doubler son soutien à la force conjointe et on va aussi avoir d’autres contributions des Etats membres et des autres partenaires" à cette force dont le coût est estimé à 423 millions d’euros, a-t-elle ajouté. A ce stade, outre l’aide européenne, les Etats membres du G5 (Niger, Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad) se sont engagés chacun à hauteur de 10 millions, la France à neuf millions, l’Arabie saoudite et les Emirats respectivement 100 et 30 millions d’euros et les Pays-Bas cinq millions. Les Etats-Unis ont eux promis 60 millions de dollars d’aide bilatérale. L’enjeu financier est essentiel pour la montée en puissance de cette force appelée à monter à 5.000 hommes au printemps et qui a vocation à appuyer - et à long terme à relayer - les quelque 4.000 soldats français de l’opération Barkhane déployés dans la bande sahélo-saharienne. Les difficultés "à boucler le budget" sont une source d’irritation pour les pays du Sahel qui pointent un manque de solidarité de la communauté internationale face à un enjeu sécuritaire qui dépasse selon eux le Sahel. "Au Sahel, le combat que nous menons contre le terrorisme, nous le menons non seulement pour le Sahel mais aussi pour le monde, par conséquent l’Union européenne et la communauté internationale doivent être solidaires avec le Sahel", a souligné le président du Niger, Mahamadou Issoufou, à Bruxelles.
PROJETS DE DÉVELOPPEMENT "Le dĂ©fi majeur est de parvenir un financement non (...) sporadique", a-t-il ajoutĂ©, faisant Ă©cho Ă la demande formulĂ©e en vain depuis des mois par le G5 Sahel de placer la force sous chapitre VII de la charte des de l’Onu qui permettrait un financement plus durable. Outre les cinq prĂ©sidents des pays du G5 Sahel, 18 chefs d’Etat et de gouvernement europĂ©ens sont prĂ©sents Ă Bruxelles aux cĂ´tĂ©s d’une dizaine de ministres des Affaires Ă©trangères de pays partenaires (Norvège, Turquie, Arabie saoudite, Afrique du Sud, Ethiopie, Maroc, SĂ©nĂ©gal, Tunisie...). En sept mois, la force a menĂ© deux opĂ©rations dans la zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger oĂą sĂ©vissent notamment le groupe de soutien Ă l’islam et aux musulmans (RVIM) et l’organisation Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Cette dernière a revendiquĂ© une sĂ©rie d’attaques contre des forces de la rĂ©gion et annoncĂ© son intention de tout faire "pour que le G5 Sahel ne s’installe pas". Signe de la prĂ©caritĂ© de la situation dans la rĂ©gion, deux soldats français ont Ă©tĂ© tuĂ©s mercredi dans l’explosion d’un engin explosif au Mali, portant Ă 12 le nombre de militaires français tuĂ©s depuis le dĂ©but de Barkhane Ă l’étĂ© 2014. Au-delĂ du volet sĂ©curitaire, 400 projets de dĂ©veloppement - chiffrĂ©s Ă six milliards d’euros sur la pĂ©riode 2018-2022 - devaient ĂŞtre prĂ©sentĂ©es Ă Bruxelles et concerner dans "les zones les plus vulnĂ©rables" du Sahel oĂą "il y a un risque d’implantation des groupes terroristes". "Il n’y a pas de conditions de sĂ©curitĂ© rĂ©elles sans le dĂ©veloppement social, Ă©conomique, et des opportunitĂ©s pour les jeunes, les femmes dans la rĂ©gion", a soulignĂ© Federica Mogherini, rappelant l’engagement de l’Union europĂ©enne Ă investir huit milliards d’euros". La France devrait elle annoncer un premier projet de 10 millions d’euros axĂ© sur l’éducation et l’insertion professionnelle dans la rĂ©gion de Mopti, dans le centre du Mali. Emmanuel Macron devrait Ă©galement s’engager Ă augmenter de 40% les versements français Ă des projets de dĂ©veloppement dans les cinq annĂ©es qui viennent, soit 1,2 milliard d’euros.
(Reuters)
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