Qu’est-ce que l’Aïd el-Kébir, la 'grande fête' des musulmans ?   
01/09/2017

Les musulmans célèbrent à partir de vendredi le sacrifice d’Abraham par des abattages rituels, aujourd’hui très contrôlés. Les musulmans du monde entier doivent célébrer à partir de vendredi 1er septembre l’Aïd el-Kébir, littéralement la «grande fête», également ...



 ... appelée Aïd el-Adha (« fête du sacrifice ») ou Tabaski, qui correspond aussi à la fin du pèlerinage à La Mecque, le hadj.


Une date qui change chaque année
L’Aïd el-Kébir est célébré à partir du dixième jour du mois lunaire de dhou al hijja, et dure trois jours. La Grande Mosquée de Paris a annoncé le 23 août que la date du premier jour était fixé au vendredi 1er septembre, « au lendemain du grand rassemblement des pèlerins sur le Mont Arafat ».
La date est décalée de onze jours environ chaque année, car le calendrier de l’hégire, qui considère que nous sommes en 1437, ne comporte que 354 ou 355 jours. Pour l’année 2018, la célébration se déroulera autour du 22 août.
Cette fête, aussi importante que le Noël chrétien ou Hanoukka pour les juifs, est à distinguer de l’Aïd el-Fitr, ou « fête de la rupture du jeûne », qui marque la fin du mois de ramadan. Elle n’est pas fériée sur le territoire français, qui compte entre 3 et 5 millions de musulmans. En revanche, aux Etats-Unis, le maire de New York, Bill de Blasio, a décidé depuis 2015 d’octroyer un jour de congé dans les écoles fermer les écoles de la ville – inutile cette année, car la fête devrait se dérouler le samedi outre-Atlantique.


Commémorer le sacrifice d’Abraham
La « fête du sacrifice » célèbre un épisode relaté à la fois dans le Coran et dans l’Ancien Testament (livre sacré des juifs et des chrétiens), sous une forme un peu différente. Selon le texte musulman, Dieu demanda à Abraham (ou Ibrahim) de sacrifier son fils, Ismaël, pour éprouver sa foi. Alors que l’homme s’apprêtait à immoler l’enfant à l’aide d’un couteau, l’ange Gabriel (ou Jibril) arrêta son geste et remplaça le corps de l’enfant par un bélier. Cet événement est commémoré par les musulmans sous la forme d’un sacrifice animal.
Comme l’explique le site Saphir, les fidèles, habillés de leurs plus beaux vêtements, se rassemblent tôt le matin dans des lieux de prière. A l’issue de l’office, ceux qui en ont les moyens égorgent ou font abattre par un sacrificateur une bête (mouton, vache, chèvre…) dont la viande sera partagée en trois : un tiers pour la famille, un tiers pour les amis et voisins et le dernier pour les pauvres.
L’expression « aïd mabrouk » ou « aïd moubarak » est utilisée pour féliciter et souhaiter ses vœux à ses proches, comme on dirait « joyeux Noël » ou « meilleurs vœux » dans la tradition catholique.


Un abattage rituel très encadré en France
Traditionnellement, c’est le chef de famille qui accomplissait le sacrifice de l’animal, mais pour des raisons sanitaires et de bien-être animal, l’abattage rituel a été progressivement encadré, et est désormais interdit en dehors des abattoirs.
Un guide pratique publié en 2016 par les ministères de l’intérieur et de l’agriculture, après la création d’une instance de dialogue avec les responsables musulmans, rappelle les sanctions encourues : 450 euros pour la détention non déclarée d’animaux vivants, 7 500 euros et six mois de prison pour le transport d’animaux vivants, et jusqu’à 15 000 euros d’amende et six mois de prison pour l’abattage clandestin hors de structures agréées. Il est complété en 2017 par un guide technique à destination des exploitants d’abattoirs temporaires et des précisions sur la durée de conservation de la viande. Une circulaire demande aux préfets de « renforcer des contrôles » et d’appliquer les sanctions avec « la sévérité la plus grande ».
En France, en 2015, 123 000 ovins (moutons et chèvres) et 6 000 bovins ont été abattus pour l’Aïd, sur une période d’un à trois jours. Ce surcroît d’activité entraîne la mise en place d’abattoirs temporaire, dont une première liste a été publiée fin août au Journal officiel. Il reste toutefois de larges pans du territoire qui en sont dépourvus, comme le montre la carte diffusée par le ministère pour l’année 2016.
 
Des pratiques de substitution possibles
La célébration de l’Aïd, et en particulier le sacrifice animal, est une tradition bien ancrée chez les musulmans. Toutefois, elle ne constitue pas un des cinq piliers de l’islam, contrairement à la prière, au pèlerinage à La Mecque ou au jeûne du ramadan (les deux derniers étant la charité et la profession de foi).
Si les musulmans de Turquie considèrent ce rituel comme obligatoire, d’autres branches précisent que le sacrifice doit être réalisé dans la mesure des moyens des croyants. Un mouton coûte environ 200 à 250 euros et peut être abattu pour une à sept familles.
Pour des raisons d’organisation (manque d’abattoirs), il est possible d’acheter en boucherie halal des moutons sacrifiés après la prière de l’Aïd. Par ailleurs, en signe de fraternité et de solidarité, des responsables musulmans proposent des alternatives au sacrifice, par des dons aux pauvres ou aux migrants. Le Conseil français du culte musulman a rappelé que « le sacrifice par délégation est autorisé de façon unanime ».


Anne-Aël Durand

lemonde.fr


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