«Notre Ligue Arabe est au Caire et notre Union Africaine à Addis-Abeba. S’ils veulent coopérer, qu’ils passent par le Caire et Addis-abeba" a déclaré le 10 juin à Tripoli, Mouammar El Ghadhafi au sujet du projet de l’Union Pour la Méditerranée (UPM)."S’ils venaient avec une offre fondée sur des valeurs et des principes comme le combat contre la maladie ou le changement climatique, peut-être pourrions-nous en discuter".
Et de poursuivre: "mais ils viennent avec des offres économiques parce qu’ils nous considèrent comme des affamés. Nous ne le sommes pas. Nous avons le pétrole et le gaz dont ils ont besoin" a-t-il poursuivi, dans ce qui a été perçu comme un niet catégorique au projet sarkozien de l’UPM. Pour discuter de ce projet dont la proclamation est prévue le 13 juillet à Paris, les dirigeants des pays de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) et de la Syrie se sont retrouvés le 10 juin 2008 à Tripoli autour du Guide libyen dans le grand hôtel «Corinthia» du centre de la capitale libyenne. Les présidents, mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdellahi, tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, algérien, Abdelaziz Bouteflika et syrien Bechar Al-Assad ; de même que le Premier ministre marocain, Abbas El Fassi ont fait le déplacement. Le président égyptien Hosni Moubarak, pourtant attendu, n’a pas été de la partie. La Libye est d’accord en principe pour la création de l’UPM, un projet de partenariat entre les rives nord et sud de la Méditerranée mais avait souligné l’existence de grandes zones d’ombre dans ce projet. "Nous avons été les premiers à appeler à faire du bassin méditerranéen, un lac de paix ", a affirmé le 28 mai au Caire ; le très influent haut responsable libyen , Ahmad Ghadhaf Eddem, à l’issue d’un entretien avec le président Hosni Moubarak. «On parle d’union, ce terme est fort » avait-il souligné. Quelques jours avant la tenue du mini-sommet de Tripoli, des pays arabes avaient demandé lors d’un forum des pays de la Méditerranée (Formed) tenu le 6 juin à Alger, des éclaircissements sur l’entrée d’Israël dans l’UPM. Le président Sarkozy a affirmé le même jour, que la présence d’Israël ne posait "pas de problème" à des pays arabes comme l’Egypte, la Tunisie et le Maroc. Deuxième source de divergences: la répartition des rôles dans l’UPM. Des informations de presse avaient rapporté que la co-présidence de l’UPM reviendrait à l’Egypte, le siège du secrétariat serait installé en Tunisie et le secrétariat général sera confié à un marocain. La ministre française de l’intérieur Michèle Alliot-Marie avait démenti ces informations les qualifiant de "rumeurs". Rumeurs ou pas, le Guide libyen a annoncé la couleur en qualifiant devant ses pairs au mini- sommet de Tripoli, le projet d’UPM, comme un "affront" pour les pays de la rive sud de la Mediterrannée. L’UPM se propose d’améliorer la coopération entre les pays du nord et du sud de la Méditerranée dans les domaines du commerce, de la sécurité et de l’immigration, mais son mode de fonctionnement et son financement restent encore floues. Des observateurs estiment que ce projet se résume en une tentative de Sarkozy de créer un nouvel ensemble politique chapeauté par la France qui perd la main en Afrique devant les chinois. La France Sarkozienne voudrait ainsi se donner du poids au sein de l’Union Européenne (UE) à l’instar de l’Allemagne avec son influence considérable sur les pays de l’Est récemment entrés à l’UE ou de l’Angleterre avec son Commonwealth.
«Ils nous prennent pour des idiots» Dans son allocution devant ses invités, le Guide libyen, grand joueur sur l’échiquier africain, a estimé que l’UPM ne fait que reprendre des projets économiques qui ont déjà échoué dans le cadre du "Processus de Barcelone" lancé en 1995 par l’UE avec les pays méditerranéens du sud. "Ils nous jettent un hameçon pour nous entraîner dans de tels projets, c’est un affront", a déclaré le dirigeant libyen. "Ils nous prennent pour des idiots. Nous n’appartenons pas à Bruxelles. Notre Ligue Arabe est située au Caire et notre Union africaine à Addis-Abeba. S’ils veulent coopérer, il faut qu’ils passent par le Caire et Addis-abeba". Après l’allocution du Guide libyen, les chefs d’Etat des cinq pays participants en plus du Premier ministre marocain auraient tenté dans une réunion à huis clos d’aplanir leurs divergences sur la présence d’Israël au sommet constitutif de l’UPM du 13 juillet à Paris. Faute de parvenir à une position commune sur Israël ou sur l’adhésion des pays arabes de la rive sud de la Méditerranée au projet de l’UPM, le sommet a été finalement un sommet de concertations et ses résultats n’ont pas été annoncés. Aucune conférence de presse n’a suivie le huis clos des chefs d’Etat. Ce qui laisse supposer qu’il y avait divergences que les dirigeants n’ont pas jugé utile de les porter devant leurs opinions publiques.
Sarkozy a revu sa copie : retour au Processus (bidon) de Barcelone Au sommet européen de mars 2008, la France a dû accepter que son projet se contente essentiellement de redynamiser un processus de Barcelone et qu’il soit rebaptisé "Processus de Barcelone: Union Pour la Méditerranée". Le concept initial de Nicolas Sarkozy faisait participer uniquement, côté européen, les pays riverains de la Méditerranée. Mais devant l’opposition de l’Allemagne, «Sarko» a revu sa copie .Outre les palestiniens, neuf pays arabes sont concernés par le dialogue euro-méditerranéen de Barcelone, lancé en 1995 par l’Union Européenne en direction des pays de la rive sud. Il s’agit de l’Egypte, de la Libye, de la Tunisie, de l’Algérie, du Maroc, de la Mauritanie, de la Syrie, de la Jordanie et du Liban. IOM envoyé spécial à Tripoli
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