Sécurité : Sidi Ould Sidna, l’enfant qui secoue la République   
05/04/2008

Qui est-il,  ce Ould Sidna  dont l’évasion  secoue la République depuis le 2 avril ? Sidi Ould Sidna  est né en 1987 ! Il a eu une adolescence mouvementée avant qu’Allah ne le guide «sur la bonne voie» avait-il dit,  aux enquêteurs. C’était également  avant qu’il ne serve deux années durant dans les rangs de l’armée (Marine)  qu’il a déserté fin 2004 pour …une Mahadra aux alentours de Nouakchott. C’est dans cette Mahadra qu’il a été travaillé par ses recruteurs notamment avec des cassettes audio de Ben Laden,  Dhawahiri et Zarkawi, des cassettes  louant le Jihad contre «les impies et les croisés».



  Chauffé à blanc , il tente dans un premier temps de se rendre en Irak (2005) en compagnie de son ami artificier Ahmed Ould Beidou, le seul mauritanien à diriger une unité opérationnelle  au sein des Katiba d’Al Qaida au Maghreb Islamique.  Ould Sidna réussit à  rejoindre début 2006,  les camps de l’organisation au nord du Mali .Il presse Moctar BenMoctar alors Emir du Sahara de l’envoyer en Irak,  en Afghanistan ou en premières lignes dans le Djebel  pour combattre l’armée algérienne. N’ayant pas eu gain de cause,  il revient en Mauritanie au milieu de 2006 après avoir contesté la préséance accordée aux algériens dans la hiérarchie militaire d’Al Qaida au Maghreb. Les algériens l’ont laissé partir probablement parce qu’ils l’ont estimé incontrôlable ou  dangereux. Revenu en Mauritanie  il s’est fait arrêter par la Direction de la Sûreté de l’Etat (DSE)  dirigée à l’époque,  par le redoutable  Mohamed Abdellahi Taleb Abeidi,  alias «Ould Adda». Présenté à la justice,  il est acquitté après plus d’une année de détention. Deux mois après, en octobre 2007,  il émigre de Nouakchott et s’installe à Aioun avec sa cellule jihadiste comprenant Ould Chabarnou, Maarouf, Abderrahmane Ellibi et Taghi. Une cellule spécialisée dans le vol des véhicules et le trafic de leurs cartes grises. Décembre 2007,  la cellule lève l’ancre d’Aioun, trois parmi ses éléments opèrent  à Aleg c’est le meurtre des quatre touristes français.

 Une évasion spectaculaire
Sidi Ould Sidna est depuis le 2 avril, l’homme le plus recherché de Mauritanie et probablement de la sous région. Accusé dans le meurtre des touristes français le 24 décembre 2007 à Aleg, Ould Sidna a été extradé de Guinée Bissau le 12 janvier 2008 après une traque de trois semaines qui a nécessité la collaboration des services de sécurité de Mauritanie, du Sénégal, de la Gambie, de la Guinée Bissau et de France. Ould Sidna a réussi à s’évader le 02 avril 2008, après qu’il fut  présenté au Palais de la Justice de Nouakchott pour une audition devant le juge ad hoc Mohamed Bouya Ould Nahi. Il était parvenu à s’enfuir du palais de justice après avoir trompé la vigilance des policiers qui l’escortaient en se rendant dans les toilettes. Il aurait alors réussi à retirer ses menottes avant de ressortir du palais sans être remarqué. Son évasion a vite été  perçue comme ayant été facilitée par la négligence, sinon la complicité. Après des premières recherches infructueuses dans les arcanes du palais de la justice la police a du se résoudre que Ould Sidna a bien pris la poudre d’escampette. Les contrôles, les barrages et les tirs se sont depuis lors multipliés à Nouakchott installant ce qui ressemble bien à une psychose.

La traque se poursuit, des sanctions tombent
Coté sanctions, l’évasion de Sidi Ould Sidna a provoqué des prises de mesures de rétorsion à l’encontre de plusieurs fonctionnaires mauritaniens. Un substitut du procureur qui avait ordonné l’extraction du prisonnier de la prison civile pour le conduire chez le juge  a été démis de ses fonctions. Le commissaire de police en charge de la sécurité du palais de justice a été limogé. Le régisseur de la prison civile, aussi.  Le dossier englobant l’évadé a été retiré des mains du juge d’instruction Mohamed Bouya Ould Nahi. Un policier et un greffier, les derniers à être en contact avec l’évadé, ont été interpellés mercredi 2 avril. Plusieurs membres de la famille du fugitif, dont ses quatre soeurs, mais aussi son grand père ont été arrêtés, dans ce qui s’apparente à un délit de parenté. Le parquet de Nouakchott a annoncé mercredi 2 avril le lancement d’un avis de recherche concernant l’évadé, assorti d’une récompense importante à toute personne qui contribuera à son arrestation.
Coté traque, l’évasion de Ould Sidna a nourri une véritable psychose .Sa localisation est signalée partout et des échanges de coups de feu ont également signalés été à plusieurs  reprises, les journées du 3, 4  et 5 avril dans différents quartiers de Nouakchott. La presse et les rumeurs en rajoutent, créant ainsi un climat de peur.
Un nouveau juge Mohamed Salem Ould Mah a été désigné pour instruire l’affaire du meurtre de quatre français en décembre à Aleg, après le limogeage de son prédécesseur rendu en partie responsable de l’évasion de Ould Sidna. "Le juge d’instruction (Mohamed Bouya Ould Nahi) a ordonné la sortie du prisonnier, c’est lui qui l’a autorisé à se rendre dans les toilettes d’où il a pu fuir et qui a mis une demi-heure à informer les autorités de son évasion", a affirmé le Ministre des Affaires Etrangères, cité vendredi 4 avril, par l’ANI."D’habitude, ou le juge d’instruction se rend en personne à la prison pour interroger les détenus dangereux comme Ould Sidna, ou il informe le Gouvernement de sa décision de le conduire vers lui, et dans ce cas, des mesures de sécurité particulières sont prises", a souligné le ministre. «Dans le cas de Ould Sidna, rien de tout cela n’a été fait, et plus étonnant: la défense n’avait pas assisté à cet interrogatoire pour des raisons que nous continuons d’ignorer», a poursuivi  le ministre mauritanien des Affaires Etrangères qui s’exprimait devant les parlementaires.
Me  Ahmed Ould Youssouf Ould Cheikh Sidya, bâtonnier de l’Ordre National des Avocats (ONA) a  réagi en dénonçant les propos tenus  par le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération (MAEC) , rendant le juge d’instruction premier responsable de l’évasion de Ould Sidna.
M. Ould Cheikh Sidya a exigé la démission du Gouvernement pour assumer "la responsabilité politique" de l’évasion de Sidi Ould Sidina estimant que les fonctionnaires  sanctionnés ont servi de "boucs émissaires".

IOM


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