"Rien ne sera négligé pour bien accueillir et bien insérer nos frères réfugiés dans le tissu social de leur pays" a déclaré Moussa Fall, Directeur Général de l’Agence Nationale pour l’Accueil et l’Insertion des Réfugiés (ANAIR) lors d’une conférence de presse tenue le 18 février à Nouakchott.
M. Moussa Fall a expliqué les différentes composantes du programme de l’ANAIR parmi lesquelles des programmes prioritaires pour les familles déjà de retour dans le cadre du «retour test». Chaque famille sera dotée de la valeur de 700.000 UM (1,4 million de F CFA) sous forme de moyens de travail. Les familles seront également dotées d’équipements qui leur permettront de régler leurs problèmes quotidiens en attendant le démarrage des grands projets, prévus dans une année, a précisé le Directeur de l’ANAIR. Il existe aussi des programmes à long termes qui porteront sur des infrastructures de base comme les écoles, les centres de santé, les routes, les points d’eau, l’aménagement des terres, la formation professionnelle et le financement des activités génératrices de revenus. L’ANAIR -a précisé Moussa Fall- oeuvrera de concert avec les autorités publiques pour régler les éventuels problèmes fonciers et autres qui surgiraient, soulignant que la Mauritanie dispose de 150.000 hectares cultivables sur la vallée du Fleuve Sénégal dont 10.000 seulement sont exploités. Des études relatives aux grands projets seront lancées dans les semaines à venir sous la supervision d’un cabinet spécialisé, et des requêtes de financement seront adressées aux partenaires de la Mauritanie."Chacun d’entre nous, quelqu’en soit sa position, doit tout entreprendre pour la réussite de l’opération retours de nos frères réfugiés et la communauté nationale entière doit répondre aux exigences des temps présents" a déclaré Moussa Fall. Après avoir passé en revue les composantes de l’ambitieux programme d’accueil et d’insertion conçu par les autorités, le directeur de l’ANAIR a informé la presse que les problèmes des terres des familles installées à Medina Salam (arrondissement de Tekane) ont trouvé une solution grâce à 428 hectares remis par le député El Ghassem Ould Bellali au Directeur de l’ANAIR, lequel a tenu à remercier Ould Bellali pour son geste «patriotique de grande portée». Il est à noter que les 428 hectares en question avaient été attribués à El Ghassem Ould Bellali en 1988, bien avant les événements de 89, qu’il n’a donc spolié, ni déporté personne, et que les terres en question sont déjà aménagées et intéressaient des investisseurs espagnols. Par ce geste honorable, le député El Ghassem a voulu concrètement apporter sa contribution à une opération nationale. Son geste, il faut l’espérer doit servir d’exemple dans une dynamique participative au niveau national et ne doit pas surtout susciter l’envie des cupides et les commentaires mesquins. Pourquoi le report ? Après l’arrivée d’une première vague de 102 personnes le 29 janvier, 82 négro-mauritaniens, réfugiés au Sénégal devaient être rapatriés le 22 février. Dans la conférence de presse organisée le 18 février M Moussa Fall a déclaré qu’un second contingent de 82 personnes devait être accueilli le 22 février sur trois sites préparés à cet effet dans la région de Boghé. Cette deuxième opération devait porter à 184 le nombre de réfugiés négro-mauritaniens rapatriés en moins d’un mois. Néanmoins le rapatriement de ce deuxième groupe, allait se faire à la lumière des résultats d’une évaluation du premier "retour-test" au cours d’une réunion tripartite Sénégal-Mauritanie-Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) prévue mardi 19 février à Nouakchott.Or cette réunion entre le Sénégal, la Mauritanie et le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) initialement annoncée pour mardi 19 février, a été reportée au 27 février. L’ajournement de cette réunion a entraîné le report du rapatriement en Mauritanie de 82 réfugiés Mauritaniens prévu le 22 février. "La réunion est reportée pour des raisons techniques et de calendrier, notamment en raison de l’absence du Sénégal du ministre de l’Intérieur (Ousmane Ngom) qui pilote l’opération côté sénégalais, actuellement en mission à l’étranger", a déclaré Kane N’Diawar, responsable de l’accueil des réfugiés au niveau de l’ANAIR. La réunion avait été reportée une première fois le 17 février également pour des "questions d’organisation", a rappelé Kane N’Diawar , précisant que le retour du second contingent de 82 personnes le 22 février n’est plus confirmé.
Les Flam dénoncent les «manquements» et le Fonadh la «gestion peu transparente» Les Forces de libération africaines de Mauritanie (Flam), mouvement négro-mauritanien en exil, ont dénoncé le 21 février des "manquements" dans le début du rapatriement fin janvier de Négro-Mauritaniens réfugiés au Sénégal depuis des violences ethniques entre 1989 et 1991. Dans un communiqué les Flam affirment "déplorer les manquements graves ayant caractérisé le rapatriement du premier contingent des déportés" le 28 janvier. Ces réfugiés "ont été réinstallés dans des sites d’accueil non viabilisés, c’est-à -dire sans eau potable, sans latrines, sans assistance médicale d’urgence", estime le communiqué. Les Flam critiquent par ailleurs "avec véhémence l’improvisation, la précipitation du premier rapatriement et recommandent "d’associer les représentants légitimes" des réfugiés à toute opération future. Le 20 février , une ONG mauritanienne, le Forum des organisations nationales de droits humains en Mauritanie (Fonadh), avait accusé le HCR de "gestion peu transparente" de la question du retour des réfugiés.
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