Centre Hospitalier National : L’urgence aux Urgences   
07/02/2008

Au Centre Hospitalier National, parmi la multitude des services que les populations prennent d’assaut chaque matin, il en existe un qui ne connaît pas de répit. Vingt quatre heures sur vingt quatre, sept jours sur sept, ses couloirs ne désemplissent pas. Il s’agit des Urgences. Au rythme des arrivées, des hommes et des femmes affrontent toutes sortes de cas. Du plus bénin au plus désespéré.



SituĂ© Ă  une cinquantaine de mètres de l’entrĂ©e  principale du Centre Hospitalier National, le service des Urgences se distingue par l’afflux presque permanent de personnes que l’on remarque devant les grilles du portail. Vu que les mauritaniens rechignent Ă  s’éloigner de leurs malades, ceci explique que chacun se prĂ©sente aux services de soins flanquĂ©s de ses proches. L’intĂ©rieur de l’établissement est une vĂ©ritable ruche oĂą il faut beaucoup de patience pour en comprendre le fonctionnement. Des malades, on en voit partout. Entre ceux qui se tiennent encore debout et ceux qui sont couchĂ©s sur des lits que poussent les garçons de salle. Les Urgences sont subdivisĂ©es en quatre unitĂ©s que sont : la mĂ©decine gĂ©nĂ©rale, la chirurgie, la pĂ©diatrie et la gynĂ©cologie. Pour chacun de ses sous services, une Ă©quipe de mĂ©decins, d’infirmiers, de sages-femmes, de garçons et de filles de salle se relayent 24 heures sur 24 et tous les jours de la semaine pour faire face Ă  un flot continuel de patients. Docteur Mokhtar Ould Mohamed Mahmoud mĂ©decin de garde au service de mĂ©decine gĂ©nĂ©rale ce dimanche 03 fĂ©vrier 2008, explique : «  Nous avons le service qui reçoit le plus de malades. Nous en recevons en moyenne 80 Ă  100 en vingt quatre heures. Parfois mĂŞme plus. Tous les cas de maladies nous viennent. Le plus frĂ©quents restent les cas de diarrhĂ©e, d’intoxication alimentaire. » Pendant que le praticien s’exprime, il est mĂ©thodiquement interpellĂ© par des accompagnants qui le supplient de s’occuper de leurs malades. Dans la salle, une armĂ©e de blouses blanches s’active autour de lits de malades. Sur un lit, un vieil homme, respirant difficilement a les yeux clos. Deux hommes lui massent les pieds. A cĂ´tĂ© de lui, une jeune adolescente se fait encourager par son père pour recevoir une injection. Un jeune garçon probablement très malade au vu de son extrĂŞme maigreur attend aussi su son lit. Dans une salle annexe, le Docteur Mohamed Moussa, mĂ©decin de garde du sous service de chirurgie donne des directives Ă  ses subordonnĂ©s. L’endroit est moins encombrĂ© que la salle de mĂ©decine. Ce secteur s’occupe essentiellement des vĂ©ritable cas d’urgence il s’agit surtout des accidentĂ©s de toutes sortes. Pour l’heure, il n’y a que trois patients dans la salle. Mais leur nombre peut ĂŞtre beaucoup plus important selon le mĂ©decin : « Nous nous occupons des victimes des accidents mais nous intervenons aussi pour de la chirurgie viscĂ©rale, des appendicites. Nous accueillons moyennement 60 individus par jour. Mais ces temps ci, nous en recevons près de 45 chaque jour. C’est un chiffre qui peut Ă©voluer. » Quant aux conditions gĂ©nĂ©rales de travail, le spĂ©cialiste n’est pas tendre : «  le travail se fait très difficilement. Il n’existe pas de transformateur ici. Le personnel est en dessous des besoins. Tous les Ă©quipements font dĂ©faut. »Les couloirs sont bondĂ©s de personnes. Et il y en a devant la salle de la pĂ©diatrie. Au niveau de cette unitĂ© des urgences, des enfants en bas âge sont prĂ©sentĂ©s. Le mĂ©decin de garde, le docteur Mohamed Lemine Ould Sidi prĂ©sente le service : « c’est le Plus grand service de l’hĂ´pital. C’est le poumon. Quand les malades nous arrivent ; ils sont traitĂ©s et rentent chez eux ou bien ils sont retenus pour hospitalisation. Les cas que nous rencontrons maintenant sont le plus souvent des patients atteints de bronchopneumonies, de diarrhĂ©es, de vomissements, de temps en temps aussi, des cas d’origines virales.  Nos faisons des quarts de 8 heures Ă  16 heures et  de seize heures Ă  huit heures du matin. Comme nous travaillons en boucle, nous traitons jusqu’à 250 malades en vingt quatre heures. Mais malgrĂ© la bonne volontĂ© du personnel, les problèmes sont pendants chez nous. En premier lieu, je dois Ă©voquer le problème d’organisation. Ici, nous assurons les urgences et faisons Ă  la fois des consultations. Ça n’est pas normal. On ne doit s’occuper que des urgences, les malades qui doivent ĂŞtre consultĂ©s peuvent attendre. Le vrai problème reste la centralisation des soins. » Monsieur Ould Sidi semble bien courroucĂ© de l’organisation gĂ©nĂ©rale des urgences. Ses propos sont illustrĂ©s par l’état submergĂ© de la salle : «  tenez, il y’a toujours des files d’attente. Si au niveau de chaque moughaataa, on bloquait sur place les cas banals pour ne nous envoyer que les cas compliquĂ©s, ce serait une bonne chose. Il faut que l’Etat et les citoyens comprennent cela. De plus, nous avons un problème d’espace. C’est Ă©troit pour Ă  la fois un bureau de mĂ©decin, une salle de soins sans compter les accompagnants. C’est un vrai marchĂ© ! » Le service de gynĂ©cologie est situĂ© Ă  l’arrière du bloc. Sur place, le mĂ©decin de garde absent, Madame Zeinabou Bâ, Major apporte des explications : « le profil le plus courant de malades que nous recevons sont surtout des personnes souffrant d’hypertension, d’hĂ©morragie, d’avortements tardifs. En gĂ©nĂ©ral, ce sont des femmes Ă©vacuĂ©es des wilayas ou des moughaataa. On fait face Ă  toutes les formes d’urgence. Parfois, on fait des accouchements, des avortements, des forceps et des cĂ©sariennes. Les utĂ©rus cicatriciels (femmes qui ont dĂ©jĂ  accouchĂ© par cĂ©sarienne) doivent accoucher Ă©galement chez nous. La dame en blouse blanche d’exhiber des statistiques : « en moyenne, il nous arrive 9 Ă  10 cas par jour. Pour le mois de janvier, nous avons rĂ©alisĂ© 40 opĂ©rations par cĂ©sarienne, 64 accouchements, 12 forceps, 2 cas d’avortements tardifs, 3 accouchements gemmaires(jumeaux) pour un seul cas de dĂ©cès. » La femme de santĂ© poursuit avec le mĂŞme calme : « on ne se plaint pas. On a le minimum et on me le paquet. On travaille beaucoup aussi et sommes satisfaits de sauver beaucoup de vie. Une grande partie des gens que nous traitons sont dĂ©munis. Pour ces cas, l’Administrateur de garde se charge de leur faire des bons pour prendre en charges leur mĂ©dication. » A la lumière de ses vĂ©ritĂ©s, il faut bien que se rĂ©soudre Ă  une chose : ce service nĂ©vralgique doit rĂ©pondre aux normes des aspirations des spĂ©cialistes. Il y va de la vie de milliers de personnes. Chaque jour, l’on se lève, court, gambade dans toutes les directions. Un accident est vite arrivĂ©. Il faut ĂŞtre lĂ  Ă  ce moment.
Biri N’diaye


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