Sélèviya représente un centre idéologique entre la mouvance des «Frères Musulmans» et le groupe «Daawa Wa Tébligh». La première mouvance native d’Egypte en début du 20eme siècle préconise l’action politique pour parvenir au pouvoir avec l’utilisation de la propagande dans les milieux populaires. Les «Frères musulmans» soulèvent par exemple le problème palestinien pour gagner la sympathie des masses musulmanes.
La seconde mouvance, le groupe «Daawa Wa Téblgih » ou Teblighiyounes est internationaliste. Née pour la première fois en Inde, son centre principal d’activités a déménagé vers le Pakistan à cause de l’oppression que rencontrent les musulmans dans ce pays. Les idéologues du Tebligh estiment que c’est l’abandon par les musulmans de leur religion qui est à l’origine de leurs maux et qu’il est indispensable de faire renaître l’amour de l’Islam à travers l’éducation pour conquérir leurs cœurs. Les Teblighiyounes se disent apolitiques et non violents. Pourtant le courant salafiste a existé bien avant celui des Frères musulmans et des Teblighiyounes. Il avait une vision soumise envers les pouvoirs installés par la procédure autocratique ou héréditaire. Il va évoluer vers une nouvelle forme, en fait, un mélange de plusieurs conceptions religieuses, notamment, celles de Mohamed Ibn Abdel Wahab (Wahabisme), de Ibn Tenmiya (Hanballisme) et de Ibn El Ghayyoum Ezzewji. La synthèse de ces conceptions ont été le fondement d’une nouvelle approche qui prône une révolution pour le retour à la manière des ancêtres dans leur pratique originale de l’Islam aux trois premiers siècles depuis l’apparition de Message dans la presqu’île Arabe. Sélévia s’est également recentrée sur une forme moderne, depuis l’invasion soviétique de l’Afghanistan au début des années 80. Alors qu’elle se cantonnait en Arabie Saoudite, elle s’est propagée avec la guerre de l’Afghanistan à la faveur de la forte campagne d’appui menée en faveur des Moujahidines, par les pays musulmans, tels l’Arabie Saoudite ainsi que par les pays occidentaux dont les USA. Sélévia a pris un tournant jihadiste avec la bénédiction du monde occidental. Elle a été utilisée comme rempart contre le communisme qui était l’ennemi à abattre pour le «monde libre». L’armée rouge écrasée par les embuscades meurtrières, les Moujahidines victorieux sont revenus chez eux. Personne n’avait prévu ce qui en sera avec l’après communisme. Même si d’aucuns pensent que pour l’Occident, l’islamisme est devenu le nouveau ennemi à abattre. Se sentant visés par leurs alliés d’hier, les salafistes veulent désormais changer les choses chez eux, chasser les Occidentaux, considérés comme ennemis de l’Islam, et créer des régimes religieux : en fait, des Emirats sous la coupole d’un nouveau Califat Islamique. Le premier Emirat islamique établi sur le modèle salafiste fut celui des Talibans chassés du pouvoir en 2001 d’Afghanistan par une coalition occidentale, perçue par les jihadistes comme une nouvelle «croisade». Sous l’impulsion d’Al Qaida un deuxième Emirat salafiste a été proclamé par Abou Mouss’ab Zarghawi en Irak en 2005. Al Qaida a également accordé en 2007 son label au GSPC algérien qui tente d’établir un troisième Emirat islamique au Maghreb ou… au Sahel.
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