Tabaski noir   
31/12/2007

La fĂŞte de Tabaski que les mauritaniens viennent de fĂŞter  demeurera certainement en travers de la gorge comme une part de viande mal cuite et rebelle Ă  toute descente aux entrailles. En effet, cette fĂŞte que nous attendions jadis avec impatience et que nous cĂ©lĂ©brions dans la joie est passĂ©e cette fois avec un parfum funeste.



En fait, une chose est nette : Nouakchott a beau ĂŞtre une ville tentaculaire, elle n’en demeure pas moins avant tout une citĂ© oĂą la plupart des habitants se connaissent. Aussi, quand survient un drame, il a vite fait le tour de la ville. Par la force des choses, on finit toujours par se sentir concernĂ© car d’une façon ou d’une autre, la victime est l’ami d’un neveu ou la cousine lointaine d’un voisin. Immanquablement,  pendant quelques instants, on porte la compassion ou le deuil selon la nature du drame en question. En fait, pour en revenir Ă  la dernière fĂŞte, rares sont les nouakchottois qui ne sont pas restĂ©s en Ă©moi devant le crime qui eu lieu Ă  Basra. Soule Camara, un jeune collĂ©gien d’une dizaine d’annĂ©es a Ă©tĂ© assassinĂ© froidement et GRATUITEMENT par des jeunes gens Ă  quelques mètres de chez lui. Au-delĂ  du choc que suscite tout meurtre du reste, c’est le caractère gratuit de la mort du jeune Camara qui frappe. En effet, il est difficile de concevoir le mobile des meurtriers si on sait qu’a priori un jeune homme de l’âge de la victime n’est pas  le prototype de la victime idĂ©ale (sans verser dans un mauvais jeu de mots.) Entre nous, Ă  douze ans, vous en voyez qui, se promènent le soir, les poches plein de sous du cĂ´tĂ© de Basra ? La vraie question est de savoir POURQUOI ? Ces jeunes criminels ont incontestablement jetĂ© un froid dans les certitudes des nouakchottois  car ils ont frappĂ© ouvertement et Ă  plusieurs reprises le mĂŞme soir, et Ă©taient Ă  bord d’un vĂ©hicule. Tout cela est nouveautĂ©. En effet, en plus du jeune Camara, les mĂŞmes dĂ©linquants (que l’enquĂŞte policière rĂ©vĂ©lera) ont sauvagement poignardĂ© un boutiquier au quartier Tevragh Zeina et ont laissĂ© le couteau plantĂ© dans le corps de la victime, de plus, au quartier SOCOGIM, des tĂ©moins ont vu vers 21 heures, des individus Ă  bord d’une voiture de type Mercedes 190 Ă©trangler une femme en tentant de s’emparer de son tĂ©lĂ©phone portable. Son mari qui la suivait ayant rapidement intervenu a reçu un coup de poignard dans le dos. Heureusement pour lui, le couteau n’a fait que  perforer son boubou. S’agit il de la mĂŞme bande qui a tuĂ© Soule Camara ?  Question ! Toujours est-il que sans tomber dans une paranoĂŻa, il faut admettre que nous assistons Ă  banalisation du crime et c’est gravissime. Quand les criminels sont des jeunes, il y a du boulot sur la table. L’Etat et la sociĂ©tĂ© civile  doivent concevoir une prise en charge tout azimuts de cette population potentiellement dangereuse. Encore une fois, il va sans dire que cela ne peut se rĂ©aliser sans une instruction minimale.
Biri N’Diaye


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflčtent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés