Pour mieux comprendre  la situation de la SociĂ©te de Construction et de Gestion ImmobiliĂ©re (SOCOGIM), ses modules d’habitats dont la construction Ă©tait bloquĂ©e quatre annĂ©es durant, le tapage fait autour du problème du «marchĂ© marocain» ainsi que les spĂ©culations qui Ă©taient opĂ©rĂ©es sur les espaces locatifs du mĂŞme marchĂ©, nous reproduisons la traduction de l’interview accordĂ©e par le Directeur GĂ©nĂ©ral de la SOCOGIM, Dr Sidi Ould Salem (notre photo) Ă  notre confrère Houssein Ould Mahand d’«El Emel El Jedid».    
					                       
                                        
  Qu’avez-vous apportĂ© Ă  la SOCOGIM ?    
  Sidi Ould Salem : Au lendemain du 03 aoĂ»t 2005, la SOCOGIM Ă©tait dans une situation difficile. Les problèmes Ă©taient de divers ordres. Il y avait des problèmes organisationnels et structurels. La sociĂ©tĂ© devait ainsi supporter un nombre très important de fonctionnaires qui ne se prĂ©sentaient qu’en fin de mois pour prendre leurs salaires. Nous Ă©tions  liĂ©s avec diffĂ©rentes parties par des contrats inappropriĂ©s. Tout cela crĂ©ait un grand dĂ©sordre et constituait un frein au dĂ©veloppement de cette sociĂ©tĂ© Ă  l’activitĂ© limitĂ©e. La SOCOGIM avait perdu toute crĂ©dibilitĂ© et les bailleurs de fonds demandaient sa liquidation. La nouvelle Ă©quipe a fait face Ă  la situation avec esprit patriotique Elle a tenu compte de l’impact des rĂ©formes Ă  entreprendre. En ce qui concerne le personnel,  nous avons encouragĂ© le dĂ©part volontaire en contrepartie d’une enveloppe financière. 29 personnes en ont profitĂ©. La sociĂ©tĂ© a par ailleurs mis fin au contrat de travail des employĂ©s en abandon de poste. Après la rĂ©organisation de l’organigramme, nous nous sommes attaquĂ©s Ă  d’autres dossiers. Celui des modules d’habitat Ă©tait particulièrement complexe avec un coĂ»t qui a dĂ©passĂ© les 6 milliards. Cela a failli conduire la SOCOGIM au dĂ©pĂ´t du bilan. Pendant quatre annĂ©es les constructions Ă©taient arrĂŞtĂ©s  et la SOCOGIM a eu d’énormes problèmes avec ses clients ainsi que  les banques qui majoraient annuellement  leurs emprunts de12%, et il nous revenait  de payer l’addition. Après des efforts gigantesques, les modules d’habitat sont maintenant terminĂ©s, les banques sont satisfaites, les clients aussi et les 6 milliards ont Ă©tĂ© ramenĂ©s Ă  moins de 4. En plus de toutes ces difficultĂ©s, il y avait une autre non moins importante. Il s’agit principalement  du problème liĂ© Ă  la gestion du centre commercial – le marchĂ© SOCOGIM – communĂ©ment appelĂ© « MarchĂ© marocain ». Nous avons rencontrĂ© beaucoup de problèmes pour rectifier l’état de gestion de ce marchĂ© mais nous sommes allĂ©s jusqu’au bout. Actuellement, les recettes ont Ă©tĂ© portĂ©es Ă  115 millions d’ouguiyas au lieu d’environ  50 millions les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes.   
  On parle beaucoup de ce «marché marocain». Qu’en est-il au juste?   
  S.O.S: Le marchĂ© de la SOCOGIM plus connu sous la dĂ©nomination «MarchĂ© marocain» a Ă©tĂ© construit en 1996 avec une enveloppe d’environ d’un milliard 250 millions d’ouguiyas. L’objectif principal de cet investissement Ă©tait de mettre Ă  la disposition des populations un marchĂ© stratĂ©gique accessible Ă  tous et oĂą l’on pouvait trouver toute sortes de marchandises Ă  des prix abordables. Au 03 aoĂ»t 2005 ce marchĂ© Ă©tait entre les mains d’une poignĂ©e de commerçants qui revendiquaient son achat. Ils arguaient qu’il leur aurait Ă©tĂ© vendu, car il serait non rentable. J’ai arrĂŞtĂ© cette opĂ©ration de vente car j’ai doutĂ© de son caractère lĂ©gal. Le marchĂ© Ă©tait bien bĂ©nĂ©fique mais jusque-lĂ  il ne profitait qu’à certains. La SOCOGIM Ă©tait exclue de tout. Après une Ă©tude que nous avons diligentĂ©, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait beaucoup d’anomalies dans sa gestion. Seuls 4% du parc locatif simple du marchĂ© disposaient de contrats en bonne et due forme et tous Ă©taient surendettĂ©s. S’agissant des hangars et des lieux d’exposition interne du marchĂ©, ils faisaient l’objet de toutes sortes de  spĂ©culations. Et ce, au moment oĂą les contrats de location simple du marchĂ© interdisaient Ă  toute personne de sous-louer ces endroits sauf s’il dispose d’une autorisation spĂ©ciale. Ces endroits ont en effet une vocation spĂ©ciale. Ainsi, certains se sont arrogĂ©s de dizaines d’emplacements (plus de 45 pour certains) qu’ils sous-louaient en toute illĂ©galitĂ©. Certaines places concĂ©dĂ©es par la SOCOGIM Ă  4.000 UM Ă©taient  louĂ©es Ă  9.000 UM. Quant aux kiosques ils sont louĂ©s entre 25 et 40.000 UM alors que la SOCOGIM ne percevait que 6.000 UM par kiosque. Les douches louĂ©es  Ă  6.000 UM sont sous-louĂ©es Ă  15.000 UM et plus. Avec la rĂ©organisation de ce marchĂ©, la SOCOGIM pouvait dĂ©sormais  tirer des recettes de 115 millions d’ouguiyas au lieu des 50 millions gĂ©nĂ©rĂ©s jusque-lĂ  .Pour rĂ©aliser un tel rĂ©sultat, il a fallu que la sociĂ©tĂ© rĂ©gularise la situation de tous les locataires en leur faisant signer de nouveaux contrats. Par ailleurs, les endroits rĂ©servĂ©s Ă  la location simple ont Ă©tĂ© interdits de sous-location comme le stipule le contrat. Il a Ă©galement Ă©tĂ© mis fin au système de double location. Il s’était avĂ©rĂ© en effet que la plupart des contrevenants initiaux Ă©taient des anciens ministres, des directeurs dans l’administration publique, des fonctionnaires de la SOCOGIM, des leaders politiques etc. Ces derniers sous-louaient ces endroits Ă  des tiers. Il s’agit lĂ  d’une situation inadmissible quand on sait que le marchĂ© est destinĂ© en prioritĂ© Ă  des gens peu fortunĂ©s. D’un autre cĂ´tĂ©, nous avons procĂ©dĂ© Ă  l’assainissement et Ă  la rĂ©fection de ce marchĂ© suivant les normes sanitaires. Nous avons par ailleurs rejetĂ© l’idĂ©e de le vendre. La SOCOGIM n’est pas financĂ©e par l’Etat et ne dispose pas de ressources. Ce marchĂ© constitue donc un appoint non nĂ©gligeable. Actuellement, nous avons prĂ©parĂ© une requĂŞte Ă  des partenaires arabes qui seraient prĂŞts Ă  financer la construction de 3100 logements. La SOCOGIM doit donc coĂ»te que coĂ»te accomplir sa mission sociale et Ă©viter de sombrer dans la mauvaise gestion comme beaucoup d’autres sociĂ©tĂ©s. Ma prise de fonction a coĂŻncidĂ© avec le ficellement du projet de vente de ce marchĂ©. J’ai trouvĂ© le protocole de vente devant moi. Ce marchĂ©, je le rappelle, avait coĂ»tĂ© 1 milliard 250 millions d’ouguiyas. La perte aurait Ă©tĂ© de plus d’un milliard d’ouguiyas. Le marchĂ© devait ĂŞtre cĂ©dĂ© Ă  un pool dĂ©nommĂ© l’Association des Usagers du marchĂ© Marocain. Mais dans ce projet de protocole d’accord, il a Ă©tĂ© dit que la vente ne pouvait avoir lieu que si le conseil d’administation de la SOCOGIM donne son accord en plus de celui de la tutelle. ImmĂ©diatement après ma nomination, j’ai arrĂŞtĂ© le processus de vente. Si la vente avait eu lieu avant mon arrivĂ©e, je n’avais rien Ă  dire,  mais comme cela ne fut pas le cas, et parce que je reprĂ©sente la sociĂ©tĂ©, je ne peux ĂŞtre d’accord sur la  vente ce marchĂ© avec une perte aussi importante. Je ne pouvais pas me permettre de donner mon accord pour la vente d’un marchĂ© dont les recettes gĂ©nĂ©rĂ©es tous les deux ans sont supĂ©rieures au prix de vente. Il est vrai que l’ancienne direction voulait vendre le marchĂ© suite Ă  une Ă©tude de la Banque Mondiale qui avait conclu que le marchĂ© n’a gĂ©nĂ©rĂ© 2002 que 56 millions d’ouguiyas avec des charges de dĂ©penses de 55 millions. Conclusion : il n’était pas rentable. Si cela Ă©tait vrai, c’était Ă  cause de la mauvaise gestion. Actuellement le bĂ©nĂ©fice est le double de ce chiffre et les dĂ©penses en constituent la moitiĂ©. Ceux qui Ă©taient derrière l’opĂ©ration de vente se sont inscrits en porte-Ă -faux contre  notre logique  et ont prĂ©fĂ©rĂ© s’en remettre Ă  la justice qui a tranchĂ© en notre faveur pour les raisons suivantes : 1-La signature du projet de protocole de vente a Ă©tĂ© faite avec une association illĂ©gale (sans reconnaissance juridique). 2-Le document prĂ©sentĂ© par la partie plaignante porte le titre : projet de protocole d’accord. Dans ce document il n’est pas fait mention de contrat de vente. 3-Dans l’avant dernier paragraphe du projet, on note que les dispositions pratiques pour la vente du marchĂ© seront dĂ©finies (au moment de la rĂ©trocession) avec des contrats signĂ©s par les occupants du marchĂ©. 4-Dans le dernier paragraphe, on souligne que les contrats de vente ne peuvent ĂŞtre valables qu’une fois l’accord de la direction gĂ©nĂ©rale de la SOCOGIM et le ministère de tutelle obtenus et ceci conformĂ©ment aux dispositions de l’article 33 du règlement de la SOCOGIM.   
  Mais en dehors du problème de la vente du marché, il y a d’autres zones d’ombre dans vos relations avec certains exploitants du dit marché ?   
  S.O.S: Le problème c’est que certains voient d’un mauvais Ĺ“il la rĂ©gularisation de leur situation juridique. Ils prĂ©fèrent le statu quo et comptent poursuivre la spĂ©culation sur le dos des locataires faibles. Je leur ai expliquĂ© que notre politique ne fait pas recours Ă  la force de l’administration. Nous privilĂ©gions le règlement par voie judiciaire. Si la justice tranche en faveur d’un ayant droit, nous respectons la dĂ©cision. Et si la justice tranche  en notre faveur, nous prenons acte. Ce fut le cas pour le problème des boutiques dont certaines avaient des arriĂ©rĂ©s de plus d’un million d’ouguiya. Certains n’ont jamais versĂ© une seule ouguiya Ă  la SOCOGIM. La justice a ainsi dĂ©cidĂ© d’expulser  49 boutiquiers qui totalisent des arriĂ©rĂ©s de 32 millions d’ouguiyas. Et lorsque les gens ont vu notre dĂ©marche et sa justesse, ils sont venus rĂ©gulariser  leurs situations. Et comme il est de coutume chez certains, Ă  chaque fois que la justice tranche en notre faveur, ils se remettent Ă  l’interventionnisme. Mais,  mieux vaut appliquer la loi. Il y a aussi une autre branche du marchĂ© composĂ© du hangar et de kiosques ayant un caractère plutĂ´t social. Nous avons trouvĂ© que certains les louaient illĂ©galement Ă  des prix exorbitants. Nous avions  trouvĂ© Ă©galement que certains avaient louĂ© des endroits avec des gens qui ne sont pas enregistrĂ©s Ă  la SOCOGIM. Nous avons fait un diagnostic de cette situation, que nous avons mis sur la table du Conseil d’Administration. Des recommandations  ont alors Ă©tĂ© Ă©mises pour rectifier le tir et ramener cette branche du marchĂ© dans le giron de la SOCOGIM. Dans les textes, on affirme clairement que ce secteur du marchĂ© est  rĂ©servĂ© aux citoyens les plus dĂ©munis et ne peut en aucun cas faire l’objet d’une seconde location Ă  but spĂ©culatif. C’est ainsi qu’il a Ă©tĂ© mis fin aux activitĂ©s des groupes qui s’adonnaient Ă  ce « trafic ». La prioritĂ© a Ă©tĂ© donnĂ©e aux ayants droits c’est-Ă -dire aux plus faibles. Cette rĂ©organisation qui a touchĂ© 835 places a Ă©tĂ© bien accueillie. Il a Ă©tĂ© ainsi mis fin Ă  une situation qui a trop durĂ©. Des endroits qui Ă©taient louĂ©s par d’anciens ministres, des directeurs, des dirigeants politiques faisaient l’objet de spĂ©culation incroyable. La SOCOGIM louait le meilleur endroit Ă  6.000 UM au moment oĂą les gens-lĂ  le proposaient Ă  25.000 et 40.000 UM en tirant ainsi d’énormes profits. Il s’agit lĂ  d’un investissement illĂ©gal. Ce sont ces gens-lĂ , utilisant leur influence et leur poids qui ont essayĂ© de freiner et de s’opposer Ă  cette reprise en main de la SOCOGIM. Ce redressement ne vise personne et nous avons convoquĂ© les avocats et les oulĂ©mas pour leur expliquer la situation. Ils nous ont donnĂ© le feu vert nous assurant que cette rĂ©organisation est nĂ©cessaire et lĂ©gale. Notre dĂ©termination Ă  aller jusqu’au bout et Ă  appliquer la justice a poussĂ© ceux qui ont vu leurs intĂ©rĂŞts menacĂ©s Ă  mener une campagne politique et administrative sur tous les fronts contre nous. Quant Ă  nous, nous nous en remettons Ă  la justice. Il est tout Ă  fait normal qu’il y ait un antagonisme  entre les intĂ©rĂŞts des personnes et ceux de la SOCOGIM. Mais la solution ne peut ĂŞtre trouvĂ©e que du cĂ´tĂ© de la justice et non du cĂ´tĂ© du ministère ou de la prĂ©sidence ou l’inspection gĂ©nĂ©rale de l’Etat et encore moins du cĂ´tĂ© de la presse ou du parlement. Nous avons constatĂ© avec regret que tous ces plaignants ont Ă©vitĂ© de s’adresser Ă  la justice car ne disposant pas d’élĂ©ments convaincants. Ils ont choisi d’induire l’opinion publique en erreur en s’en prenant Ă  la SOCOGIM. Propos recueillis par Houssein Ould Mahand   
      
      
    
 
                      
                    
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