|   Pour contribuer à la lutte contre les pratiques traditionnelles nuisibles à la fille, l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) a organisé du 06 au 07 Octobre 2017, une session de formation au profit des journalistes. Cette activité rentre dans ... 
 
 ... le cadre du projet : « AmĂ©lioration de la protection juridique de la fille contre les pratiques traditionnelles nuisibles en l’occurrence les MGF Ă  travers la loi et les mĂ©canismes juridiques». Près d’une quinzaine de journalistes ont pris part Ă  cette formation.  A l’ouverture de l’atelier, Mr Amadou Mbow, SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral de l’AMDH, a indiquĂ© que cette formation constitue la première destinĂ©e aux journalistes. Il a soulignĂ© que l’AMDH en collaboration avec Equality Now a eu une belle approche pour l’utilisation de la loi pour lutter contre les MGF. Mais en dĂ©pit de tous les efforts dĂ©ployĂ©s dans ce domaine, «le phĂ©nomène persiste et perdure surtout dans les rĂ©gions de l’intĂ©rieur. C’est dans ce sens que nous pensons que notre approche pourrait faire avancer la stratĂ©gie d’abandon en mettant l’accent sur les aspects dissuasifs qui pourront contribuer Ă  l’abandon de cette pratique». Il a en outre soulignĂ© que l’AMDH a engagĂ© deux Ă©tudes sociologique et juridique pour comprendre mieux le phĂ©nomène. Ces Ă©tudes ont Ă©tĂ© validĂ©es Ă  l’occasion d’un atelier organisĂ© du 15 au 16 septembre Ă  cet effet. «Aujourd’hui, il s’agit d’impliquer les journalistes pour les amener Ă  contribuer par leur plume, leur productions, Ă  sensibiliser les acteurs communautaires qui pratiquent encore ce phĂ©nomène» a-t-il soutenu. Selon Mr Mbow, «un regard croisĂ© doit s’établir pour voir ensemble comment mutualiser nos efforts et contribuer Ă  l’abandon de cette pratique traditionnelle nuisible. Je vous exhorte Ă  suivre cette formation afin de mieux contribuer aux retombĂ©es positives en vue de l’abandon dĂ©finitif de cette pratique ». Cette formation s’est axĂ©e sur «la connaissance des MGF, les droits culturels et la question des droits humains (module1), les raisons avancĂ©es pour justifier et lĂ©gitimer la pratique des MGF (module2), la contre argumentation culturelle comme stratĂ©gie culturelle de lutte contre la pratique des MGF (module3) et les diffĂ©rentes formes de stratĂ©gies de lutte contre la pratique des MGF (module4). Tous ces modules ont Ă©tĂ© passĂ©s au peigne fin par le formateur, le Pr Sow Abdoulaye,  enseignant chercheur en science sociale et coordinateur du centre interdisciplinaire sur les droits culturels Ă  l’universitĂ© de Nouakchott.
 Au cours des dĂ©bats, certains journalistes pensent qu’il y a vĂ©ritablement un problème de communication et par consĂ©quent, engager un plaidoyer communautaire serait l’idĂ©al afin de mobiliser les populations pour un changement de comportement culturel.  Le problème qui se pose, c’est une question de formation pour mieux s’outiller, s’impliquer et s’approprier de la question et en faire bon usage afin d’aboutir Ă  un abandon dĂ©finitif de la pratique des MGF.  Toutefois, les intervenants ont soulevĂ© le problème des pesanteurs sociales qui freinent tout Ă©lan d’éradiquer le phĂ©nomène.
 Le Pr Sow est revenu pour clarifier certaines questions en disant que malgrĂ© d’énormes investissements, la pratique persiste et il faut alors prendre d’autres stratĂ©gies.  Pour ce faire, selon Pr Sow, il faut que les journalistes apportent leurs contributions Ă  travers leurs productions pour mieux sensibiliser les praticiennes de l’excision.  Le phĂ©nomène, selon certains, doit concerner aussi bien les parlementaires, les intellectuels, et les acteurs communautaires (praticiennes et leaders religieux ou coutumiers). Un dĂ©bat riche et fĂ©cond qui interpelle tout le monde en ce sens que les journalistes pensent qu’il y a un grand problème et un gros dĂ©fi Ă  relever. Les seules productions des journalistes ne suffiront certes pas. Il faut l’implication de toute la sociĂ©tĂ© dans sa globalitĂ©. Pourtant, selon certains chercheurs, les MGF sont plus pratiquĂ©es en milieu urbain qu’en milieu rural. Concrètement, les exciseuses sont plus payĂ©es en ville qu’en campagne. Pendant que d’autres soutiennent le contraire avec des variations selon les milieux et les communautĂ©s. Mais en rĂ©alitĂ©, la question des MGF est d’ordre sociĂ©tal. Des travaux de groupes ont Ă©tĂ© organisĂ©s pour jauger la comprĂ©hension des journalistes par rapport Ă  certaines terminologies. Il faut souligner la qualitĂ© de la participation des journalistes qui ont enrichi le dĂ©bat par leurs contributions.
 Le Pr Sow Abdoulaye a soutenu aux termes de la formation que «les journalistes doivent utiliser les arguments solides en langues locales pour atteindre leurs objectifs » : la déconstruction des arguments culturels. Mais il faut également avoir des stratégies psychologiques, comprendre et respecter les codes culturels ou les attitudes culturelles, selon le Pr Sow.
 A la clôture de l’atelier de formation, Mr Mbow, a remercié les différents participants notamment les journalistes. «L’objectif c’était de renforcer la capacité des journalistes, les outiller afin qu’ils s’impliquent effectivement pour contribuer de manière efficace sur le terrain » a-t-il dit non sans souligner que l’AMDH souhaite poursuivre le combat à travers l’utilisation efficace des outils déjà en main. Il a invité les journalistes à accompagner l’AMDH dans ce combat. « Nous sommes tous des acteurs de changement et par conséquent, la presse, le monde de la recherche et la société civile doivent créer une synergie d’actions afin d’aboutir aux objectifs escomptés sur la question : l’abandon définitif des MGF».
 I.Badiane
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