Le Président et le Gouvernement : Le regard de «Jeune Afrique»    
24/11/2007

Le Gouvernement du Premier Ministre Zeine Ould Zeidane peut se regarder en face, serait-on tenté de dire, en lisant la dernière livraison de «Jeune Afrique»
Vilipendé par la presse et l’opinion nationales , suite aux tragiques évènements des régions de l’Est et du Nord, subséquents à la hausse démesurée des prix des denrées de base, le Gouvernement dont le chef niait l’existence d’une crise économique avait pourtant fini par comprendre qu’il fallait bien un programme d’urgence. La rue avait bougé uniquement à cause de la crise économique



Le président de la République lui, l’a si bien compris quand, en présence de son hôte et collègue allemand, il a rejeté tout simplement la «manipulation» avancée par le Gouvernement pour dire qu’il «comprend» les manifestants.
N’empêche, la semaine écoulée, c’est le très influent hebdomadaire «Jeune Afrique Â» qui replace les choses à la bonne place : la Fin de l’état de grâce, c’est pour «Sidi», l’homme qui «après sept mois de pouvoir a du mal à tenir ses promesses, alors que les mauritaniens s’impatientent».
Le «désenchantement» des mauritaniens serait-il justifié ? Jeune Afrique, redistribue les rôles, les bons comme les mauvais points, à sa manière, bien sûr.
Tout au long des quatre pages consacrées au sujet en couverture (!) l’auteur égrène avec un art consommé insinuations elliptiques et petites phrases assassines.
Par exemple : «Sidi», «président élu, il est vrai par le peuple», mais «homme de consensus, spontanément porté à l’écoute et au dialogue a-t-il les épaules assez larges pour diriger la Mauritanie ?»
Selon l’auteur, une telle question soulève donc des doutes. D’ailleurs, le réglage de la photo illustratrice, placée juste en dessous du texte est curieusement révélateur de cette description …physique.
Mais, il y a une certitude, constate Jeune Afrique: «dans le secret des administrations, les reformes sont bel et bien en cours d’élaboration Â». Par qui, pose l’auteur de l’article ? Eh bien par «l’équipe du Président Sidi». Etrange paradoxe.
A la même page, le journal poursuit : alors que les vents de l’économie (quel terme mauritanien !) ne sont pas favorables (…) l’opinion, a tendance à rendre le pouvoir responsable de cette situation… Â».
Cependant, si l’ Â«Etat annonce la hausse des prix (…) tout en ne jouant pas son rôle de régulateur», « le gouvernement, lui, s’efforce de mettre en place une gestion rigoureuse des finances publiques…).
Autre exemple de l’effraction journalistique par omission :
« Ils passent leur temps à rédiger des rapports et à faire des évaluations Â». Tous les mauritaniens savent pertinemment à qui cette attitude est donnée au quotidien.
Mais le journal ne laissera pas un doute Ã  ce sujet pour bien circonscrire le pronostic.
D’ailleurs, «un proche du président s’efforce de tempérer cette opinion tranchée, en reconnaissant que ce n’est qu’une étape ! Â».
Bizarre, bizarre ! la vérité, annonce Jeune Afrique, «cette désorganisation de l’appareil de l’Etat», le gouvernement ( et ce n’est plus l’équipe) s’emploie à la reformer.
Les exemples du jeu journalistique par les idiomes et les symboles se poursuit durant cet exercice de style où les bons et les mauvais apparaissent rapidement aux yeux des lecteurs.
Mais ce n’est pas en recourant à des exercices de ce style par main tierce que les mauritaniens oublieront les tragiques évènements de novembre, avec mort d’homme. Un enfant innocent. Le «Gouvernement» est responsable et lui seul devant les mauritaniens de la gestion quotidienne des affaires publiques, car le Président a laissé liberté à «son équipe» de travailler à son rythme et à ses convenances.

.MAOB


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