Meeting de l’opposition : Un succès incontestable   
05/11/2007

L’opposition démocratique mauritanienne a tenu un meeting populaire le mercredi 31 octobre 2007 dans l’enceinte du stade de la capitale à Nouakchott. Venus répondre à l’appel des cinq partis d’opposition que sont le RFD, HATEM, AJD/MRN, RNRD et l’UFP, des milliers de militants et sympathisants de ces formations ont pris d’assaut l’espace du stade à partir de quinze heures déjà.



Les ténors de l’opposition mauritanienne ont tenu à démontrer l’union sacrée qui les lie désormais, mais ils voulaient montrer aussi à l’opinion publique nationale et internationale que malgré leur défaite électorale, ils disposaient d’une force de mobilisation redoutable. Comme il s’agissait de la première manifestation post-électorale, il fallait montrer ses muscles. Pour cette première sortie, l’opposition a innové en rompant avec les traditionnelles marches pour un meeting dans une perspective de plus d’efficacité.
Avant l’arrivée des présidents des cinq partis, plusieurs orateurs se sont succédés sur l’estrade lisant en boucle en arabe, poular, soninké, et wolof les points sur lesquels les leaders d’exprimeront et pour lesquels aussi ce meeting a été organisé. Il s’agit de dire non à la hausse des prix, la dilapidation des biens de l’Etat, la vente prévue d’une partie du capital de la Snim, la liquidation d’Air Mauritanie, l’installation probable en Mauritanie de la base militaire américaine Africom, la création d’un parti Etat, le chômage grandissant chez les jeunes
Il s’agit également de définir une vraie politique de valorisation des langues nationales, une réelle volonté du règlement du passif humanitaire et un retour des réfugiés, de l’éradication effective de l’esclavage, d’une politique d’assainissement des finances publiques et d’une campagne de chasse aux détourneurs de deniers publics. Que les voleurs soient appréhendés et mis en prison. Pendant trois bonnes heures différents intervenants se sont relayés devant le micro pour égrener les maux de la société mauritanienne que le gouvernement n’a pas pu juguler après six mois d’exercice du pouvoir.
Ce n’est qu’aux environs de 18 heures qu’Ahmed Ould Daddah, Jemil Mansour, Ibrahima Mokhtar Sarr, et Mohamed Ould Mouloud ont fait leur apparition dans le carré qu’un grillage qui séparait de la foule. L’accès n’a pas été facile pour les hommes politiques qui ont été ballottés par une foule en délires. Après qu’il eut salué l’assistance debout les mains dans les mains, le meeting pouvait commencer enfin.
Le premier à prendre la parole fut Mohamed Ould Maouloud. Il a dirigé tout de suite des critiques sévères sur la déliquescence dans laquelle vivent les mauritaniens. Il a fustigé la police nationale qui est selon lui sans niveau, il est revenu sur son désaccord contre l’installation de l’Africom, le bradage d’Air Mauritanie. Il a suscité l’enthousiasme du public lorsqu’il l’a apostrophé en demandant combien de chômeurs figuraient dans l’assistance. Ce fut ensuite au tour de Jemil Ould Mansour de s’adresser à la foule. Le leader du RNRD a axé son propos sur les conditions de vie insupportables des mauritaniens. Il s’est surtout appesanti sur la nécessité de rompre les relations de la Mauritanie avec Israël. Il a harangué les militants qui scandaient des slogans anti-israéliens. Ibrahima Mokhtar Sarr est monté à son tour sur la tribune. L’opposant s’est d’abord félicité de l’union des cinq leaders de l’opposition. Il est revenu sur sa proposition faite dans l’entre-deux tours sur la pertinence d’un gouvernement d’union nationale ; laquelle proposition n’a pas été retenue d’où sa décision de rester dans l’opposition qui le connaît déjà. Ibrahima Sarr est revenu sur les points cités plus haut en s’arrêtant sur la crise de la drogue dans le pays. Parlant du retour des réfugiés et du passif humanitaire, il a appelé à l’action et non à la parole. Quant à Saleh Ould Hanenna, il a adressé une virulente diatribe à l’endroit du futur parti présidentiel. Il a souligné que la Mauritanie est à tous les mauritaniens et qu’il nous incombe de chercher à faire prévaloir un meilleur devenir pour ses habitants. Le président de HATEM a déclaré : « nous n’avons pas d’autre pays que la Mauritanie, nous n’irons pas ailleurs.» Le dernier à parler fut Ahmed Ould Daddah. Il a commencé par saluer dans les langues nationales du pays. Il a loué la patience de l’opposition tout en faisant remarquer que la patience a des limites. Il a ensuite interpellé le public sur les prix des denrées alimentaires, ce dernier répondait par des chiffres. Il a fait le parallèle entre nos prix et ceux du Sénégal et du Mali pour démontrer combien la vie est chère en Mauritanie. Il a contesté les affirmations du Premier Ministre sur l’embellie supposée de notre pays. Le chef de file de l’opposition mauritanienne a invité ce dernier et son gouvernement à céder la moitié de leurs salaires au trésor public. La nuit commençait à tomber et les militants, par groupes, quittent le stade. C’est sur ces notes qu’a pris fin le meeting.
L’enseignement que l’on peut tirer de cette manifestation, c’est d’abord l’incroyable masse humaine qui s’est déplacée. Elle est estimée à des dizaines de milliers de personnes selon les organisateurs. D’autre part, la bonne organisation qui n’a souffert que du non respect par quelques militants de la consigne qui voulait qu’on s’en tienne aux seuls points à l’ordre du jour prévus par les cinq partis. Par ailleurs les services de sécurité ont bouclé tout le périmètre du stade mais aucun incident n’a été signalé.
Biri N’diaye

 


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