La Mauritanie d’après l’indépendance : Un militaire    
23/02/2006

Originaire d’Atar, dans l’Adrar, né dans une tribu maraboutique, les Smassides, l’homme avait seulement 45 ans quand ses pairs du comité militaire l’ont installé à la tête de l’État, à l’instigation de la France, le 12 décembre 1984.
Officier réservé et peu disert, il avait surtout la réputation d’être le chef de file des militaires "pro- mauritaniens". C’est-à-dire ceux qui échappent aux sympathies en faveur du Maroc, ou du duo Polisario-Algérie, voire de la Libye, de l’Irak ou encore de l’Arabie Saoudite, qui tous cherchent à tirer vers eux le pouvoir militaire. À la neutralité effective de son pays dans l’affaire saharienne (ses prédécesseurs ont souvent penché en faveur de tel ou tel partie), il va ajouter une nouvelle priorité : des élections générales censées préparer l’avènement d’un régime civil. Comme gage de sincérité, le nouveau maître de Nouakchott décrète une amnistie générale en faveur de tous les prisonniers d’opinion.



Ould Daddah, que le colonel Khouna Ould Haidallah, (1980-1984) avait fait condamner par contumace à la prison à perpétuité, en bénéficie. Son tombeur, le colonel Moustapha Ould Saleck, aussi: "démissionné" en 1980, il avait été condamné trois ans plus tard à douze ans de travaux forcés pour tentative de coup d’État en connivence avec la Libye. Impliqué dans la même opération, l’ancien premier ministre Sid’Ahmed Ould Bneijara est également libéré.
Il avait été, avec le colonel Haidallah, l’artisan d’une première tentative de retour à un gouvernement civil. L’expérience, entamée en 1980, avait échoué en mars 1981, après un coup de force avorté commandité par le roi du Maroc. Le colonel Ould Taya s’emploie cependant à rassurer ses voisins. En guise de gage de bonne volonté pour le Polisario et l’Algérie, il reconduit la reconnaissance, accordée en 1983 par son prédécesseur, à la République arabe sahraouie démocratique (RADS), proclamée en 1975. En direction du Maroc, avec lequel la Mauritanie n’a plus de liens,il rétablit les relations diplomatiques. Le contact est aussi renoué avec l’Irak et la Libye, avec lesquels le pays était également en rupture. À l’intérieur, des mesures d’assainissement de l’économie, qui conditionnent la reprise de l’aide internationale suspendue, sont annoncées.
Quant au processus démocratique promis, il débute avec les élections locales pluralistes de décembre 1986. Fait sans précédent dans l’histoire de la Mauritanie, trois personnalités issues de castes sociales traditionnellement écartées du pouvoir sont promues ministres : Messaoud Ould Boulkheir, un dirigeant du mouvement El hor (le libre), à l’origine de la loi sur l’abolition de l’esclavage adoptée par les militaires en 1980, est chargé du développement rural. Isselmou Ould Mohamed, un Maure, et Samba Thiam, un Peul, tous deux forgerons, reçoivent le premier la lutte contre l’analphabétisme, le second le budget. Pourtant, et comme pour ses prédécesseurs, l’état de grâce est de courte durée pour Ould Taya.
Dès 1986, un conflit éclate avec les Forces de libération des Africains de Mauritanie (Flam), créées en 1983 pour regrouper les principales organisations nationalistes négro- africaines. En avril, les Flam publient un "Manifeste du Négro- mauritanien opprimé" qui dénonce l’hégémonie politique et économique des Maures et l’arabisation croissante du pays. Quarante-cinq personnalités issues de l’ethnie des Halpularen (Peuls), accusées d’être les inspirateurs du document, sont arrêtées. Le gouvernement, qui veut "banaliser" l’affaire, les faits juger par un tribunal de droit commun - et non par une cour spéciale, comme cela est de coutume pour pareils faits. Mais la condamnation d’une vingtaine d’entre eux à des peines allant de six mois à cinq ans de prison relance l’agitation.
En octobre 1987, une tentative de coup d’État conduite par des officiers d’état- major et de la garde présidentielle appartenant à la même ethnie est déjouée in extremis. Le 3 décembre, trois des conjurés sont exécutés ; les autres sont condamnés à de lourdes peines de prison, tandis que les nationalistes noirs sont la nouvelle cible du pouvoir militaire. Cette situation va détériorer les relations avec le Sénégal.
(A suivre)
Abdella Ben Ali, Journaliste


 

Mise au point

 M Abdella Ben Ali  nous a contacté le 22 octobre 2006  après s’être fait annoncer par un ami de TAHALIL Hebdo pour récuser sa signature d’une série d’articles que nous avions publié dans nos éditions 001, 002, 003 et 004 respectivement en date du 9 février, 16 février,  23 février et le 6 mars 2006, sous le titre : «la Mauritanie depuis l’indépendance». Nous avons pris cette série d’articles du Web, très vraisemblablement du site de Maroc Hebdo International ou de la revue électronique «RIM-Echos Â», en décembre 2003. Sa portée historique, plus que sa signature avait intéressé notre rédaction  Et quoiqu’il en soit, nous nous excusons auprès de Abdella Ben Ali,  tout en  félicitant  l’auteur apparemment homonyme de Ben Ali  ou se cachant sous un nom qui n’est pas le sien, pour son  excellent article.

La Rédaction


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