CAN 2008 : Quel avenir pour les Mourabitounes ?   
03/07/2007

Notre onze national vient de perdre un match précieux pour la qualification à la prochaine Coupe d’Afrique des Nations prévue en 2008 au Ghana. Cette contre-performance que le mauritanien lambda n’arrive pas à comprendre après avoir tenu en échec ici même l’équipe d’Egypte, championne en titre lors de la dernière CAN au Caire, mérite réflexion. Les commentaires fusent de partout pour tenter d’expliquer les raisons qui ont été à l’origine de cette défaite. Pour la plupart, l’entraîneur, l’Algérien Ali Fergani en est pour beaucoup. Pour d’autres, la Fédération est aussi responsable de cette débâcle. 



D’emblée, il faut convenir que la Fédération patauge dans une situation qui laisse à désirer. Certaines têtes pensantes ne se soucient plus de leur avenir au sein de cette institution sportive que de celui d’une équipe nationale dont les performances demeurent limitées. Car, il faut aussi le souligner, la gestion dont cette équipe nationale fait l’objet, ne pourra en aucun cas améliorer notre football. Les changements intervenus au sein du comité directeur depuis le départ du désormais ex-président de la FFRIM, Monsieur Moulay Abass, sont également pour quelque chose. Il s’y ajoute, la démission collective de nos deux jeunes entraîneurs Moustapha Sall et Pape Seck pour des raisons liées au traitement qui leur a été réservé.
Si nos entraîneurs locaux parlent d’une certaine «campagne de dénigrement et de calomnie» à leur endroit par des hommes tapis dans l’ombre, certains observateurs avertis parlent, eux, de traitement insuffisants par rapport à celui réservé à l’expatrié Fergani. Normal. On ne peut pas se permettre d’entourer de conditions (très) favorables au séjour de notre hôte sportif alors que celui qui est lié par un «contrat» (s’il y en a) est laissé pour compte. Notre entraîneur Moustapha Sall et son collègue se plaignent de conditions défavorables, insuffisantes pour assurer correctement le travail. D’ailleurs, selon eux, le non respect du programme surtout pour les joueurs locaux, l’ingérence des membres de la fédération dans le classement notamment pour le match contre l’Egypte, le problèmes des primes de match, les stages entre autres … sont des problèmes récurrents qui ont poussé nos deux entraîneurs à rendre le tablier. 

 

Ali Fergani ou le chouchou de la Fédération

On ne parlera jamais assez des relations que notre fédération entretient entre Fergani et nos deux entraîneurs démissionnaires. Comment peut-on comprendre que Ali Fergani qui ne vient juste que pour faire le classement ou le dernier réglage avant le match, bénéficie d’un traitement de 4.000 euros (que le match soit gagné ou pas) plus des primes de match alors que ses homologues mauritaniens qui sont de tout temps avec l’équipe nationale ont, eux, un traitement en deçà de leurs attentes. Pour preuve, même les joueurs expatriés sont mieux considérés qu’eux. Après le match contre l’Egypte, les primes, tenez-vous bien, étaient distribuées comme suit : Moustapha Sall 200.000 UM, Pape Seck 100.000 UM, joueurs professionnels, 300.000 UM chacun, les locaux, 150.000 UM chacun et Fergani, chuuut ! Jugez-en !
Loin de s’appesantir sur le problème des primes, nos entraîneurs se plaignent surtout des conditions de travail inadéquates et du manque de considération dont ils font l’objet de la par des dirigeants fédéraux. Y’a-t-il une discrimination dans le sport ? Ou faire venir un entraîneur étranger équivaudrait l’or ce qui a valu ce « déséquilibre Â» dans le traitement et la considération dont nos deux entraîneurs sont victimes ? Non. Loin de là.
Pourtant, Fergani a bien dit qu’il n’est pas lié à la fédération par un contrat écrit mais un contrat de confiance mutuelle. Bien dit. L’informel vaut mieux que le formel. Ce qui fait que Fergani avait démissionné dans un premier temps, va en Libye, mais il sera rappelé pour coacher les matchs aller et retour contre l’Egypte. C’est vraiment le chouchou de la fédération, serait-on tentés de dire. Peu importe. Notre problème à nous mauritaniens, c’est que tant que l’amateurisme, l’improvisation et les intentions inavouées gangrènent notre football, il nous sera impossible d’avancer d’un cran, encore moins espérer une qualification en coupe d’Afrique. Dans une interview accordée à notre confrère ‘Le Calame’ après la contre-performance de Gaborone, Fergani, lui, parle d’une éventuelle qualification de la Mauritanie en 2010. Avec qui et comment ? Allez savoir.

 

Des problèmes de gestion de l’équipe

De sources proches de la délégation de Gaborone, il y aurait eu des problèmes depuis le séjour de l’équipe à Dakar jusqu’à Gaborone. Des manquements ont été constatés de part et d’autre en dépit de la volonté manifeste des autorités politiques de soutenir nos Mourabitounes.
A Gaborone d’ailleurs, cet entraîneur de la fédération se serait permis de partager un dîner le jeudi 14 juin « avec le président de la Fédération botswanaise de football et le directeur des sports de ce pays Â», laissant en rade notre incontournable Massa Diarra et notre directeur des sports Beyni Ould Bilal qui ont bel et bien le droit d’aller partager ce dîner pour en savoir ce qui serait concocté entre temps en vue de ce match important pour nous. Ces vices de formes n’étaient pas favorables pour les Mourabitounes qui ne savaient rien de tout ce qui se tramait. Et pourtant, ils logeaient dans le même hôtel que ces « dîneurs Â». Le résultat du match, on n’a pas besoin de vous le répéter. Seulement, il faut convenir avec notre Fergani (qui n’a pas trouvé mieux que d’abandonner l’équipe à partir de Johannesburg) que nous devons attendre 2010 pour encore batailler pour une qualification en coupe d’Afrique. Cette fois-ci, nos espoirs se sont volatilisés même s’il nous reste un match contre le Burundi ici à Nouakchott.

 

Une aventure s’achève, quel avenir pour les Mourabitounes?

Notre aventure pour les éliminatoires de la CAN 2008 s’est achevée depuis la dernière rencontre de Gaborone. Nous devons tirer les leçons de cette participation et les conséquences qui s’en suivent. Ce n’est nullement la fin du monde. On en a vu des exemples pareils même autour de nous. Ce qu’il faut faire, c’est de remettre en cause tout ce qui n’a pas marché et envisager l’avenir avec beaucoup plus de sérénité mais surtout de sérieux. Nos entraîneurs démissionnaires sont encore avec nous. Il y a lieu de s’entretenir et de dégager des voies et moyens pour 2010 avant qu’il ne soit trop tard. Il faut continuer le travail avec cette équipe d’encadreurs soucieux de l’avenir sportif de la Mauritanie mais aussi maintenir cette équipe de football qui commence à gagner la confiance du public. Il faut nécessairement revoir le cas des entraîneurs expatriés. Est-il nécessaire d’engager ces entraîneurs avec tout ce que cela comporte comme manne financière alors que la plupart d’entre eux, ont fréquenté les mêmes écoles ou ont les mêmes diplômes que nos techniciens locaux ?. D’aucuns diront qu’il y a l’expérience qui diffère. Mais, on ne peut pas avoir de l’expérience tant qu’on n’a pas travaillé quelque part. Nous ne pouvons plus permettre aux entraîneurs expatriés , de venir prendre du galon chez nous comme ce fut le cas de Noël Tozzi. Tout compte fait, il faut que les autorités politiques se mêlent dans la gestion du sport roi chez nous. En commençant par avoir un coup d’œil sur la formation du prochain comité directeur, la gestion de nos équipes nationales, en un mot sceller un pacte qui pourrait servir au football mauritanien.
Ibou Badiane


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