Focus sur les groupes armĂ©s qui minent le Mali   
05/01/2013

Le nouveau Premier ministre malien Diango Cissoko est arrivĂ© Ă  Nouakchott le 5 janvier pour une visite de travail qui sera certainement axĂ©e sur la «reconquĂŞte» du Nord-Mali abandonnĂ© par ce pays depuis son indĂ©pendance les annĂ©es 60 et devenu les  annĂ©es 2000...



...un bastion  pour les jihadistes, les rebelles et les hors la loi. M. Cissoko avait entamĂ© le 27 dĂ©cembre une tournĂ©e dans 4 pays de la Cedeao au cours de laquelle il a demandĂ© qu’une intervention militaire africaine soit engagĂ©e le plus rapidement possible. On ne sait pas si M. Cissoko va exprimer le mĂŞme besoin devant le prĂ©sident Aziz ou si par contre l’insaisissable position malienne a finalement Ă©voluĂ© vers une solution nĂ©gociĂ©e avec les groupes armĂ©s non jihadistes, telle que prĂ´nĂ©e, par les acteurs qui comptent :  le conseil de sĂ©curitĂ©, Paris, Nouakchott, Alger  et Ouaga  et qui devra ĂŞtre entĂ©rinĂ©e par  le sommet des chefs d’Etat de la Cedeao prĂ©vu fin janvier 2013, Ă  Bamako
Le conseil de sécurité de l’ONU a approuvé le 20 décembre le déploiement d’une force armée internationale au Mali, mais par étapes et sans fixer de calendrier précis, tout en insistant sur la nécessité de dialoguer avec les groupes armés du nord qui rejettent le terrorisme et la partition du pays.
Alors que l’ordre constitutionnel est toujours rompu Ă  Bamako,  que les putschistes de leur caserne Ă  Kati  continuent Ă  tirer les ficelles et que l’ex-Premier ministre Modibo Diarra a Ă©tĂ©  limogĂ© par le Capitaine Sanogo et interdit de sortie du territoire malien, M. Cissoko   entamait le 27 dĂ©cembre un pĂ©riple qui l’a menĂ© Ă  Ouaga, Abidjan, Cotonu et Dakar  pour plaider en faveur d’une intervention militaire africaine. Mais intervenir contre qui ?  Et surtout pour le compte de qui ?
Car le Mali d’aujourd’hui,  c’est une armĂ©e en dĂ©confiture, une crise  politico-institutionnelle dans la partie  sud et   des groupes armĂ©s d’Aqmi, d’Ansardine, du MUJAO, du MNLA,  de Ganda-Izo, du FNLA,  et des narcotrafiquants et autres  bandits de grand chemin dans la partie nord de ce pays qu’on pensait Ă  l’abri de telles  dĂ©convenues après une rĂ©volution populaire et deux alternances pacifiques . Tour d’horizon sur les groupes armĂ©s qui minent ce grand pays !

 

Armée malienne
L’armĂ©e malienne n’a menĂ© aucune action depuis le 22 mars 2012 contre les groupes armĂ©s qui occupent le nord du pays. A part les bravades,  rien ne se passe sur le terrain. Certains parlent mĂŞme d’un arrangement entre la junte et les groupes armĂ©s qui occupent le nord du pays.  la  situation de l’armĂ©e malienne est prĂ©sentĂ©e comme   explosive, avec ses   60 gĂ©nĂ©raux et ses clivages officiers supĂ©rieurs/sous officiers et de corps d’armĂ©e: bĂ©rets verts/bĂ©rets rouges.
Le Mali présente un contexte favorable, aux seigneurs de guerre qui étaient au chômage depuis la fin des conflits de Sierra Leone et du Liberia et qui pourraient reprendre du service au Mali, où la junte au pouvoir assimilée à une milice du fait qu’elle ne contrôle réellement que le camp de Kati et qu’elle présente les difficultés classiques, liées à l’inexpérience et l’arrogance.
Le vide et l’incertitude qui planent sur Bamako sont également favorables aux barons de la drogue et aident les radicaux islamistes à s’installer, à se poser en alternative devant les populations et à envoyer des cellules dormantes vers d’autres pays.


MNLA
Le Mouvement National pour la LibĂ©ration de l’Azawad (MNLA) est une organisation politico- militaire touarègue qui a dĂ©clenchĂ© en janvier 2012 Ă  partir de Menaka  une nouvelle rĂ©bellion armĂ©e au Nord-Mali pour l’autodĂ©termination et l’indĂ©pendance  de l’Azawad. Après avoir chassĂ©s l’armĂ©e malienne de  plusieurs villes du Nord-Mali les rebelles du MNLA ont Ă©tĂ© chassĂ©s de leurs positions par les jihadistes du Trio Ansardine-Aqmi –Mujao. Les groupes du MNLA seraient prĂ©sentement stationnĂ©s dans les extrĂ©mitĂ©s  Nord-Est (LĂ©rĂ©) et  Nord-Ouest du Mali (MĂ©naka).
Principaux dirigeants: Bilal Ag Cherif, DjirĂ© Maiga, Attaye Ag Mohamed, Moussa Ag Assarid, Colonel Mohamed Ag Najim, Hassane Fagaga, Colonel Machkanani, Colonel Al Ghabass Ag Hamed’Ahmed, les Colonels Assalat Ag Habi et Adghaymar Ag Alhousseynile,  Colonel Intallah Ag Assayid (en dissidence).Le nouveau conflit qui a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ© en 2012 s’inscrit dans une suite d’insurrections entamĂ©es depuis ...1916.

 

Aqmi
Aqmi a installĂ© depuis quelques annĂ©es son «Emirat du Sahara»  au Nord-Mali avec 5 Katibas (bataillons) : «AlMoulathamoune »,  «Taregh Ibn Ziyad», «Al Fourghane» et «Al Ansar» et «Katibate Youssouf Ibn Tachifine», un nouveau groupe armĂ© crĂ©Ă© en novembre 2012. La direction de ce groupe composĂ© principalement de Touaregs a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  un Targui « Abou Abdel Hakim Al Ghairawany». Katibate Al Moulathamoune a fait scission dĂ©but dĂ©cembre 2012 après la dĂ©fection de son Ă©mir Mokhtar Belmokhtar qui a dĂ©missionnĂ©  d’Aqmi suite Ă  la dĂ©signation par celle-ci d’un nouvel Ă©mir du Sahara en la personne de Yahya Abou El Hemmam, ex-Ă©mir du groupe «Al Fourghane» Ă  la tĂŞte duquel Aqmi a dĂ©signĂ© un jeune mauritanien : Mohamed Lemine Ould Hacen dit «Abdalla Chinguitty» .  Belmokhtar reste toujours  liĂ© Ă  Al Qaida d’Afghanistan. Il a fondĂ© une nouvelle organisation dĂ©nommĂ©e : «Les signataires par  le sang» qui est  une section  de kamikazes.

Ansardine
Ansardine est un mouvement Touareg « salafisĂ© » crĂ©Ă© en octobre 2011 par Iyad Ag Ghali celui lĂ  mĂŞme qui avait dĂ©clenchĂ© une rĂ©bellion touareg  en  juin 1990 Ă  MĂ©naka Ă  la tĂŞte du Mouvement populaire pour la libĂ©ration de l’Azawad (MPLA). Revenu au Mali en 2010 après avoir Ă©tĂ© conseiller consulaire en Arabie Saoudite,  Iyad  se rapproche d’Aqmi et prend le surnom de « Abou El Vadl »  et  participe Ă  l’insurrection dĂ©clenchĂ©e en janvier de 2012.  Les groupes armĂ©s d’Ansardine contrĂ´lent  Tombouctou et Kidal. La principale revendication d’Ansardine Ă©tait  l’application de la charia islamique au Mali. Mais le groupe a finalement retirĂ© cette revendication sous pressions algĂ©rienne et burkinabĂ©.  Mais Ansardine est revenue sur cette offre et exige maintenant une large autonomie pour le Nord-Mali et l’application de la charia dans les zones sous son contrĂ´le. Parmi les  dirigeants de Ansardine (xxxx) ; Mohamed Moussa Emir d’ «El Hisba », et « Abou Tourab » chef d’ « El Amr Bil Maarouv Weneuhye Ani Al Mounkar »
-Ansar Charia : C’est un nouveau groupe armĂ©  issu d’Ansardine et composĂ© principalement de Berabiches maliens. Le groupe serait  dirigĂ© par Oumar Ould Hamaha


MUJAO
Organisation  jihadiste crĂ©Ă© en novembre 2011. Dans ses rangs  on retrouve des nigĂ©rians  du groupe  Boko Haram. Parmi les   coups d’éclat du Mujao, l’enlèvement de trois humanitaires europĂ©ens Ă  Tindouf, en AlgĂ©rie, en octobre 2011, l’attentat qui a visĂ© les locaux de la gendarmerie Ă  Tamanrasset, le 3 mars 2012, et le kidnapping de 7 diplomates algĂ©riens Ă  Gao, en avril 2012. Trois ont Ă©tĂ© relâchĂ©s en juillet, mais l’un des 4 otages restants  a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©, le 2 septembre.
En outre un français a Ă©tĂ© enlevĂ© le 25 novembre  par le Mujao. Gilberto Rodriguez Leal, 61 ans, nĂ© au Portugal mais de nationalitĂ© française, a Ă©tĂ© enlevĂ© Ă  DiĂ©ma, localitĂ© situĂ©e Ă  l’est de Kayes ville proche des frontières avec le SĂ©nĂ©gal et la Mauritanie. Le Mujao contrĂ´le la ville de Gao. Son chef  est un sahraoui qui se dĂ©nomme Abou El Welid.  Le mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou occupe une position importante (prĂ©sident de l’instance judicaire).  Une certaine confusion règne quant aux fonctions et prĂ©rogatives au niveau de la hiĂ©rarchie du mouvement. Abdel Hakim Sahraoui est chargĂ© des questions de sĂ©curitĂ©, il tient la ville de Gao.
Dans une vidĂ©o publiĂ©e en dĂ©cembre 2011 des  membres du Mujao, enturbannĂ©s, dont la plupart ont la peau noire, exposaient leur idĂ©ologie, se rĂ©fĂ©rant Ă  Oussama Ben Laden, chef d’Al-QaĂŻda tuĂ© par l’armĂ©e amĂ©ricaine au Pakistan, au mollah Omar, chef des talibans afghans, mais surtout Ă  des figures historiques de l’islam en Afrique de l’Ouest subsaharienne.
"Nous nous réclamons d’Ousman Dan Fodio, d’El Hadj Omar Tall et d’Amadou Cheikhou, qui ont tous combattu les colons" européens en Afrique occidentale, affirme, en arabe, l’un des responsables du groupe. Au XIXème siècle, Dan Fodio avait instauré une théocratie musulmane à Sokoto (Nigeria), El Hadji Omar Tall était un chef musulman originaire du Sénégal fondateur d’un empire musulman s’étendant dans plusieurs pays ouest-africains, et Amadou Cheikhou fut chef de l’empire peul du Macina (Mali).
"Nous inaugurons aujourd’hui le Jihad en Afrique de l’Ouest", poursuit l’orateur de la vidĂ©o, qui rĂ©cite abondamment des versets du Coran. D’autres se succèdent, s’exprimant en anglais, en haoussa  rendant hommage "Ă  tous les hĂ©ros africains qui se sont illustrĂ©s contre le colon", se disant prĂŞts Ă  mourir "jusqu’au dernier" pour combattre "les mĂ©crĂ©ants" dans cette rĂ©gion.

-Katibate Oussama Ben Laden : Il s’agit d’un groupe armé du Mujao dirigé par Ahmed Ould Amer dit «Ahmed Tilemsi».

-Katibate Salah Dine : Ce  groupe armĂ© basĂ© Ă  Gao est dirigĂ© par Sultane Ould Badi. Il comporterait essentiellement des arabes du Mali. Sultane Ould Badi a critiquĂ© le 27 dĂ©cembre l’attaque menĂ©e le 25 dĂ©cembre par le "conseil de la choura des moujahidines" contre des trafiquants non loin de la ville de Khalil.  ConsĂ©quence : Cette katiba  est  entrĂ©e en dissidence contre le Mujao  et s’est  ralliĂ© rĂ©cemment Ă  Ansardine.

Katibate Ousmane Dan  Fodio : Groupe armĂ© du dirigĂ© depuis dĂ©cembre 2012 par « Abdoullah » un bĂ©ninois de  l’ethnie yorouba originaire du sud du BĂ©nin, pays frontalier du Nigeria. il a Ă©tĂ© pendant longtemps  reprĂ©sentant  de Boko Haram dans les camps d’Aqmi dans le nord du Mali, avant d’intĂ©grer le  Mujao.
Il remplace Ă  la tĂŞte de cette  katiba  le nigĂ©rien Hicham Bilal, raillĂ© sur les sites du MNLA sous le sobriquet « le terroriste top-modèle ». Il a fait dĂ©fection dĂ©but novembre  et  critiquĂ© les activitĂ©s du Mujao après sa fuite Ă  Niamey.
Le Mujao vient d’annoncer Ă©galement  la crĂ©ation  de "Katibate Ansar Suna"  formĂ©e de songhaĂŻs ainsi que des Seriyat(groupes de choc)  : «Abdallah Azzam», « Zarqawi », «Abu Leith Ellibi» et «les Martyrs».

Le Conseil de la choura des Moujahidines
Ce conseil a Ă©tĂ© formĂ© il y a quelques mois Ă  Gao. Il comprend des combattants du Mujao, du Boko Haram (nigĂ©rian)  et de Katibate « Al Moulathamoune » qui a fait scission et suivi son chef  Belmokhtar limogĂ© par Aqmi.  C’est ce conseil qui a chassĂ© rĂ©cemment les combattants du MNLA des alentours de Menaka.C’est lui aussi qui a menĂ© une veritable razzia contre des "commerçants"  arabes maliens basĂ©s Ă  Khalil ; non loin de la frontière algĂ©rienne.

 

Ganda-Izo
Ce sont des miliciens civils originaires du Sud du Mali  et formĂ©s par l’armĂ©e malienne pour ĂŞtre impliquĂ©s dans la reconquĂŞte du Nord-Mali. Leurs ancĂŞtres Ganda Koy (« les maitres de la terre ») Ă©taient essentiellement songhaĂŻ.Ils s’étaient rendus cĂ©lèbres par leurs exactions contre les Maliens de teint clair.  A partir de 1996, les milices Ganda Koy ont Ă©tĂ© officiellement dĂ©mobilisĂ©es et leurs membres amnistiĂ©s. Elles se sont reformĂ©es ces dernières annĂ©es et ont pris le nom de Ganda Izo (« les fils de la terre »). Elles se veulent -comme par le passĂ©- un  contrepoids aux  groupes armĂ©s touareg. 

 FNLA
Les communautĂ©s arabes du Nord-Mali, principalement Berabiche, Kounta Tormoze, Oulad Driss et autres , ont Ă  plusieurs reprises tentĂ© d’avoir  une position commune face Ă  la dĂ©liquescence de l’État malien, aux   indĂ©pendantistes touaregs et Ă  l’influence des islamistes. Des milices arabes existent, mais ne se sont pas encore affirmĂ© sur le terrain.
Les miliciens du Front national de libĂ©ration de l’Azawad (FNLA), groupe armĂ© formĂ© par des Arabes du Mali, Ă©taient entrĂ©s le 27 avril 2012 dans la ville de Tombouctou  contrĂ´lĂ©e par Ansar Dine.Ils en ont Ă©tĂ© chassĂ©s par Ansardine et Aqmi. Les combattants du FNLA Ă©taient restĂ©s seulement quelques heures Ă  Tombouctou d’oĂą ils se sont retirĂ©s après un ultimatum de 2 heures de temps,  fixĂ© notamment par Abou Zeid.
Le FNLA, affirme n’être ni sĂ©cessionniste ni islamiste,  il est  composĂ© quasi-exclusivement d’Arabes, a-t-il  annoncĂ© Ă  sa crĂ©ation le 8 avril, en disant disposer de 500 hommes armĂ©s et du matĂ©riel militaire nĂ©cessaire "pour se battre".
Il a pour secrétaire général Mohamed Lamine Ould Sidatt, un élu de la région de Tombouctou, et son "état-major militaire" est commandé par Housseine Ghoulam un lieutenant-colonel de l’armée malienne ayant fait défection.
IOM

Erratum
Dans cet article titrĂ© «Focus sur les groupes armĂ©s qui minent le Mali», nous avions Ă©tĂ© induits en erreur par nos sources en citant  l’imam de Tombouctou  Mohamed Lemine Ould Abdel Wedoud comme Ă©tant un dirigeant d’Ansar Dine.  Nous tenons Ă  souligner que cette information s’est avĂ©rĂ©e sans  fondement et que nos sources ont mĂŞlĂ©  le nom du vĂ©nĂ©rable imam de Tombouctou âge de 77 ans Ă  une affaire qui ne le concerne pas .
 Nous lui prĂ©sentons  donc toutes nos excuses ainsi qu’a sa famille pour cette malencontreuse erreur, qui peut susciter une suspicion injustifiĂ©e.

La RĂ©daction


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