Fromage de chamelle : Une anglaise de Mauritanie à l’assaut de l’Europe   
04/04/2007

Elle bataille depuis 13 ans contre Bruxelles et sa très pointilleuse réglementation. Mais Nancy Abeiderrahmane y croit: un jour, cette anglaise installée en Mauritanie entrera dans la "forteresse Europe" pour y vendre son fromage de chamelle.
Sur son bureau, au premier étage d’une laiterie installée dans la périphérie de Nouakchott, Nancy présente ses différents produits: des packs de lait de vache, de chèvre et de chamelle, des yaourts et ... du fromage de chamelle.



Les autres produits de sa société, nommée Tiviski (printemps), ont trouvé une clientèle dans ce pays musulman grand comme deux fois la France mais peuplé de seulement 3,1 millions d’habitants. Mais pas vraiment le fromage de chamelle, présenté comme une première mondiale lors de sa création en 1994.
"Il n’y a pas de consommateurs de fromage en Mauritanie et dans la région", explique cette chef d’entreprise d’origine anglaise qui a pris la nationalité mauritanienne, porte le voile traditionnel et s’exprime parfaitement en français comme en arabe.
"Pour les mauritaniens, le fromage, c’est du lait qui a mal tourné. ils trouvent cela ignoble. Notre produit est rare, unique. On veut donc l’envoyer chez des gens qui peuvent l’acheter. Notre objectif, c’est l’Europe", poursuit cette quinquagénaire.
Après la création de sa laiterie en 1989 dans ce grand pays d’élevage qui importait jusqu’à alors l’essentiel de son lait de consommation, elle démarche avec succès des magasins de produits de luxe, comme Harrods à Londres et fauchon à paris.
Les allemands aussi "raffolent" de ce fromage pasteurisé qui se présente comme un camembert mais a plutôt le goût du fromage de chèvre.
Les débouchés sont enfin trouvés, l’espoir est grand. "puis, je suis tombée sur Bruxelles, me suis heurtée à la réglementation européenne", se souvient Nancy, une pointe de déception dans la voix. Le lait de chamelle ne rentre pas dans le cadre de la réglementation européenne, la Mauritanie n’est pas dans la liste très contrôlée des pays autorisés à exporter vers l’Europe des produits d’origine animale, notamment en raison du risque de fièvre aphteuse.
Mais cette diplômée en physique nucléaire, qui a suivi son mari en Mauritanie après l’avoir rencontré en 1968 à Toulouse (sud de la France), ne se décourage pas.
"On continue de travailler avec bruxelles. on espère que la Mauritanie mettra sur pied un laboratoire de vérification de santé animale. Aujourd’hui, le blocage, c’est l’absence d’un tel laboratoire", assure-t-elle.
De son côté, l’organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) n’en finit pas de vanter les bienfaits du lait de chamelle, trois fois plus riche en vitamines c que le lait de vache, et également riche en fer et en vitamines B.
Et sa commercialisation fournit une importante source de revenus aux éleveurs nomades. Dans le cas de Tiviski, près d’un millier d’éleveurs livrent du lait, de vache, de chèvre ou de chamelle matin et soir. Les éleveurs de chameaux se regroupent à la sortie de la capitale, près des axes routiers.
"Je suis très ému par l’effet multiplicateur que peut avoir une petite unité agro-alimentaire. On distribue plus de 700 millions d’ouguiyas (2,1 millions d’euros) par an en brousse", se félicite nancy. Le litre de lait de chamelle est acheté aux producteurs 160 ouguiyas (0,46 centime d’euros).
"Gagner sa vie en faisant gagner sa vie aux autres, d’un point de vue moral, c’est le pied", conclut-elle. AFP


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