Le président Morsi s'impose à la tête de l'Egypte face à l'armée   
13/08/2012

Le président égyptien Mohamed Morsi apparaissait lundi 13 aout en position de force après avoir écarté le puissant ministre de la Défense et chef de l’armée, le maréchal Hussein Tantaoui, et annulé les larges prérogatives politiques dont bénéficiaient les militaires.



Les Etats-Unis ont appelé les militaires et le gouvernement à travailler ensemble, en disant espérer que "l’annonce du président Morsi serve les intérêts du peuple égyptien".
"Nous allons continuer à travailler avec les dirigeants civils et militaires de l’Egypte pour avancer sur les différents points qui nous intéressent", a ajouté le porte-parole de la Maison Blanche.
Le Pentagone a indiqué pour sa part qu’il comptait poursuivre son étroit "partenariat" avec l’armée. Les Etats-Unis accordent une aide annuelle militaire d’environ 1,3 milliard de dollars à l’Egypte, allié-clé de Washington au Moyen-Orient.
La presse égyptienne a qualifié de "révolutionnaires" ces décisions annoncées à la surprise générale la veille, certains médias s’inquiétant toutefois de voir M. Morsi, issu des Frères musulmans, concentrer désormais d’énormes pouvoirs entre ses mains.
"Les Frères officiellement au pouvoir", titrait le journal indépendant Al-Watan, tandis qu’un hebdomadaire proche de certains cercles militaires, Al-Ousboua, dénonçait "la dictature des Frères".
"Morsi met fin au pouvoir du Conseil suprême des forces armées" (CSFA) dirigé par le maréchal Tantaoui, avec qui M. Morsi était engagé dans une difficile cohabitation au sommet de l’Etat, affirmait pour sa part Al-Chorouq.
Pour ce journal indépendant, les mesures constitutionnelles annoncées, notamment la prise du pouvoir législatif par le président qui détient déjà l’exécutif, lui donnent "des prérogatives plus importantes que celles de (Hosni) Moubarak", déchu l’an dernier sous la pression d’une révolte populaire.

La Bourse réagit avec une hausse

La Bourse du Caire a réagi à ces annonces par une hausse de 1,5% de l’indice de référence EGX-30. "Les annonces de M. Morsi sont perçues comme pouvant favoriser la stabilité du pays", estime l’analyste financier Moustafa Badra.
En revanche en Israël, lié depuis 1979 par un accord de paix avec l’Egypte, l’inquiétude était de mise.
"Il est prématuré de faire des évaluations car tout est en devenir en Egypte, mais nous suivons de très près et avec quelque inquiétude ce qui s’y passe", a affirmé à l’AFP un responsable gouvernemental sous couvert de l’anonymat.
Ce coup de théâtre survient alors que sur le plan de la sécurité l’Egypte fait face à une grave crise dans le Sinaï, où 16 de ses gardes-frontières ont été tués le 5 août près de la frontière avec Israël et Gaza. L’armée égyptienne mène depuis une large offensive contre les "éléments terroristes" dans la péninsule.
M. Morsi a de fait mis fin à la tutelle que lui imposait le CSFA, qui s’était, dans la foulée de la dissolution de l’Assemblée dominée par les islamistes, octroyé en juin le pouvoir législatif, limitant considérablement la marge de manoeuvre du président élu au même moment.
Le chef de l’Etat a également récupéré à son compte la possibilité de former une nouvelle commission chargée de rédiger la Constitution, en cas de blocage des travaux de la commission actuelle.
Outre la mise en retraite de M. Tantaoui, 76 ans, et du "numéro deux" du CSFA, le général Sami Anan, M. Morsi a fait sortir du haut conseil militaire les chefs de la marine, de l’aviation et de la défense aérienne, pour leur confier des postes élevés dans le secteur public.
Le chef de la marine, le vice-amiral Mohab Mamich, prend ainsi la direction de l’organisme chargé du canal de Suez, une des premières sources de revenus du pays.
Un autre membre du CSFA, le général Abdel Fattah al-Sissi, chef du renseignement militaire, remplace à la Défense le maréchal Tantaoui, à ce poste pendant 20 ans sous M. Moubarak.
"Ce qui s’est fait l’a été en coordination et après des consultations avec les forces armées", a assuré dimanche un responsable militaire cité par l’agence officielle Mena.
M. Morsi a, lui, pris soin de déclarer qu’il n’avait l’intention de "marginaliser" personne mais de promouvoir une "nouvelle génération".
Il a également nommé vice-président un magistrat qui s’était distingué lors d’une fronde des juges contre le système Moubarak lors des élections de 2005, Mahmoud Mekki, une nomination qui pourrait augurer d’une reprise en main de la hiérarchie judiciaire héritée de l’ancien régime.
M. Morsi, formellement investi le 30 juin, est le premier civil à accéder à la magistrature suprême depuis le renversement de la monarchie en 1952.
Les Frères musulmans, que l’armée a longtemps réprimés et maintenus dans la semi-clandestinité, mais avec qui elle a su à l’occasion dialoguer, restent son seul rival politique de taille.(Afp)


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