L’Ordre National des Experts Comptables (ONEC) est en conflit depuis plusieurs semaines avec la représentation de la Banque Mondiale (BM) en Mauritanie au sujet de l’attribution des marchés d’audit des projets financés par la BM dans notre pays. L’enjeu de cette affaire porte sur plusieurs millions d’ouguiyas par an que certains responsables de la Banque veulent voir orientés vers des cabinets d’audit de la sous-région.
L’ivoirien Nestor Koffi ex Task manager de la Mauritanie muté en novembre 2006 est à l’origine de l’innovation par laquelle les experts comptables mauritaniens après plus d’une décennie de collaboration avec la Banque Mondiale vont subitement se retrouver disqualifiés (en 2006) dans l’audit des projets financés par celle-ci. De l’avis des observateurs, il s’agit d’une manœuvre visant à ouvrir le marché de l’audit des projets financés par la Banque Mondiale à des bureaux d’audit, ivoiriens, notamment. L’exigence de la fourniture d’une référence académique, le diplôme d’Expertise comptable (DEC) instituée par M Koffi dans les appels d’offres est venue disqualifier les 60 cabinets mauritaniens d’audit dont des cabinets de renommée internationale, tels le Cabinet Ba Samba Dioum, Fall Mohamedoune et autres, et ce au mépris de la réglementation fixée par la Banque Mondiale. Sachant que les cabinets nationaux comportent exclusivement -ou presque- des Experts-comptables n’ayant pas suivi le module de révision comptable que certains pays ont institué à des fins sélectives pour réguler leur secteur, Nestor Koffi s’est mis à exiger systématiquement et irrévocablement le titre de Diplôme d’Expert Comptable. Pourtant les normes applicables par la Banque Mondiale en ce domaine ne vont pas jusqu’à faire de ce titre une condition sine qua non pour la qualification exigible des postulants aux missions d’audit. C’est aussi le cas de la réglementation mauritanienne fixant les conditions d’attribution du titre d’Expert comptable dont la similitude avec les textes de la Banque Mondiale est parfaite. Mais la volonté manifeste d’exclure nos Experts-comptables l’a emporté, et ce, depuis plus d’une année : aucun responsable de la Banque n’a voulu faire cesser cet abus et encore moins aucun responsable gouvernemental mauritanien n’est intervenu pour défendre les capacités nationales en matière d’audit. L’ ONEC se débat ainsi seul face au géant international qu’est la Banque Mondiale. Pour la BM, les experts comptables mauritaniens sont devenus, parias dans leur propre pays. Plusieurs plaintes (dont TAHALIL Hebdo a obtenu copies) sont parvenues au Gouvernement mauritanien ainsi qu’aux responsables de la Banque Mondiale sans qu’une solution ne soit trouvée. (Affaire à suivre)
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