GuinĂ©e: Est-ce la fin de la tourmente?   
28/06/2010

La Guinée, ce pays indépendant depuis 1958, a traversé depuis lors une période mouvementée de son histoire. Après Sékou Touré qui a dirigé ce pays d’une main de fer depuis cette date historique lorsqu’il a dit «NON» au Général De Gaulle, jusqu’à sa mort en 1984, le Général Lansana Conté s’est emparé du pouvoir...



...lui aussi, et est resté inamovible malgré des insurrections orchestrées par des groupes de sous officiers militaires. Il dirigera quand même la Guinée jusqu’à sa mort en décembre 2008. Contre toute attente, le Capitaine Moussa Dadis Camara, un tonitruant militaire s’empare du pouvoir après les tergiversations de certains de ses aînés. Retour sur des péripéties qui ont jalonné l’histoire politique de la Guinée.
 
Après plus de cinquante ans d’indépendance et de régimes mouvementés, les Guinéens se sont rendus aux urnes le 27 juin dernier pour élire, pour la première fois de son histoire politique, le premier président démocratiquement et librement choisi. La transition assurée par le Général Sékouba Konaté au pouvoir après le départ précipité de Dadis Camara à la suite d’un attentat manqué orchestré par son frère d’arme et aide de camp Toumba Diakité, devrait prendre fin à l’issue des résultats de cette élection présidentielle qui consacrera le retour d’un régime civil apaisé au pays du bouillant Sékou Touré connu pour sa verve et ses positions irréversibles.
Le Général Sékouba Konaté avait pris des engagements fermes à Ouagadougou lorsque la transition lui a été confiée le 15 janvier 2010, d’organiser des élections libres démocratiques et transparentes. Pour ce Général surnommé « Le Tigre », il fallait organiser les élections présidentielles et quitter le pouvoir pour retourner dans la caserne. Il promet alors d’organiser cette présidentielle le 27 juin mais surtout de s’engager à ce qu’aucun militaire ni un membre du gouvernement transitoire ne se présente à cette élection « test ». Et le 27 juin, les Guinéens sont allés voter et massivement car on suppose un taux de participation élevé.
Pourtant, au début, personne ne croyait que la Guinée pouvait aller aux urnes. Elle qui a connu 25 ans de dictature de Sékou Touré, père de la nation. Son successeur, le Général-président Conté agonisant y restera également presque un quart de siècle.
Aujourd’hui, la Guinée, ce pays aux potentielles ressources naturelles, est en passe de devenir un pays de démocratie et de stabilité politique. Elle en a besoin après des années de tourmente et d’absence sur la scène politique internationale. « Si la Guinée se retrouve aujourd’hui dans cette situation d’accalmie politique, c’est grâce au Général Konaté qui a promis et respecté ses engagements vis-à-vis des Guinéens et de la communauté internationale »confie cet observateur de la scène politique guinéenne. Ceux qui doutaient de la capacité des militaires et des Guinéens d’organiser une telle élection dans un contexte marqué par des troubles incessants, peuvent pousser un ouf de soulagement. «Ces élections sont une grande et bonne surprise. Personne n’y croyait jusqu’au dernier moment..." confiait Bernard Kouchner, chef de la diplomatie française. Ce sera une belle surprise pour les faiseurs de démocratie car, organiser de telles élections est une question de volonté. Et l’Afrique en a encore les possibilités de le faire. Certes, le feuilleton et syndrome ivoiriens (pourtant civil) font que la communauté internationale doute toujours de la capacité des pays africains à régimes militaires de respecter leurs engagements et de poser les jalons pour une véritable démocratie. Mais le cas de la Guinée est là et dans un passé récent, le Mali et la Mauritanie pour ne citer que ceux-là.
En tout cas, les 4 millions d’électeurs inscrits et répartis dans 8.000 bureaux de vote se sont rendus aux urnes à quelques exceptions près sous l’œil vigilant de la commission électorale indépendante et des observateurs de la communauté internationale très impliqués de cette supervision électorale.
Les 24 candidats en lice qui briguent tous la magistrature suprême au pays de Sékou Touré doivent aider la Guinée à asseoir un régime civil apaisé en acceptant, comme l’a indiqué le chef de la transition, le verdict des urnes et que les contestations ne se font pas dans la rue mais au niveau des commissions chargées de la supervision de l’élection et du recensement des votes. Les résultats de cette élection seront connus en fin de semaine et si aucun candidat n’a obtenu plus de 50% des voix, les deux premiers seront contraints d’aller au second tour prévu, dans ce cas, le 18 juillet, date mémoire des Mauritaniens.
Si les 5 candidats « potentiels » les plus en vue, notamment Alpha Condé, éternel opposant, Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Lansana Kouyaté et François Lonsény Fall vont dans ce sens indiqué par le Général Konaté, la Guinée aura inscrit ses lettres d’or dans le palmarès des pays d’Afrique ayant connu une démocratie apaisée par le retour d’un régime civil. Ce serait, à coup sûr, la fin de plusieurs années de tourmente.
Ibou Badiane


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