Enseignement supérieur : La recherche scientifique se cherche   
25/07/2006

Accorde-t-on une place importante à la recherche scientifique en Mauritanie ? Quels sont les moyens dont disposent les structures scientifiques? Ailleurs, dans les pays développés, cette activité constitue la force motrice du développement?

Les autorités publiques débloquent rarement des ressources suffisantes pour stimuler la recherche. Bien que les étudiants de troisièmes cycles deviennent de plus en plus nombreux, leur intégration dans l’Université apparaît difficile. Il y aurait 200 chômeurs ayant au moins un bac plus cinq, voire des docteurs qui n’ont pas pu s’insérer dans la vie active.
Toutefois, l’Université de Nouakchott aura besoin de ressources humaines pour assurer la réussite d’une éventuelle création de troisième cycle. Cette éventualité pourrait encourager la recherche scientifique en Mauritanie. Cependant, les observateurs avisés sur la question sont perplexes quant à la réalisation de progrès dans ce domaine.



Selon des sources officielles non autorisées, le pays a fait appel à un cabinet étranger pour lui permettre de détecter des ressources humaines qualifiées. De même, le ratio de cadres sur le nombre de population est l’un des plus élevés de la sous- région. Il dépasserait ceux du Sénégal et du Mali. D’après des enseignants universitaires ayant été en stage au Maroc, «la Mauritanie aura besoin de titulaires de doctorat et des diplômés de troisièmes cycles.»
Pourquoi au Maroc, les titulaires de baccalauréat de plus de 6 ans en économie ne chôment presque pas? Ici, ils sont nombreux à ne pas trouver un boulot hormis des promesses de l’Agence Nationale pour l’Emploi des Jeunes (ANAPEJ). A l’Université, les vacataires qui arrivent à enseigner à l’université ne perçoivent que 400 ouguiyas de l’heure. Qu’en est-t-il de l’optique envisager par le ministère de tutelle ?
Crée récemment par le CMJD, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique marginalise totalement la recherche. Bien que ce ministère dispose d’une direction de la recherche scientifique, celle-ci n’a que des moyens dérisoires. «Sa part du budget est insignifiante pour des rubriques spécifiques recherches scientifiques» explique un employé de cette direction.
Le problème se pose en termes simples: « la société mauritanienne n’a pas une culture qui favorise la recherche scientifique. Dans les autres pays limitrophes, les Etats consentent en moyenne 7% de leur budget national pour la recherche dans toutes ses formes», avance Mohamed Ould Hamdinou ancien chef de service de la direction de recherche scientifique et professeur à l’Ecole Nationale Enseignement Supérieur (ENES).
«Les bailleurs de fonds qui financent plusieurs projets, nous font croire que la recherche scientifique est un luxe réservé aux pays développés», martèle un autre cadre. «Pourtant, elle constitue la source certaine de développement. Par une simple comparaison avec les pays de la sous région, on peut se rendre compte que notre retard est dû a l’inexistence de cette discipline.» ajoute-t-il.
Des mutations profondes -porteuses de développement- seront elles au rendez vous, dans une société gagnée et dominée par l’acquisition de voitures de luxe conduites par des têtes vides ? Ces têtes vides semblent exercer un pouvoir caractérisé par le vice et le goût du paraître.
La transition porte-t-elle les gènes d’une transformation? Les sceptiques pensent qu’il faudra un siècle voire plusieurs pour que le pays se mette sur de bons rails. l
Mohamed Fouad Barrada
Chercheur doctorant à l’EDG
Université Mohamed V (FSJES)
m_barrada@ yahoo.fr


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