La coordination des femmes de quatre principales centrales syndicales a organisé une manifestation le 7 mars à l’ancienne maison des jeunes de Nouakchott. Ces dynamiques femmes du CSI, de la CGTM , de l’UTM, de la CNTM et de la CLTM ont battu en brèche les principales...
...revendications des femmes à l’occasion de la célébration du 8 mars. A la veille de la fête, ces femmes ont tenu à marquer l’évènement par anticipation.
Malgré la mobilisation des quatre centrales syndicales et non des moindres, l’organisation a connu visiblement des failles. L’amphithéâtre de l’ancienne maison des jeunes n’était pas plein et la cérémonie a eu du retard à démarrer. Cependant, les slogans affichés dans l’enceinte de l’amphi sont révélateurs d’une expérience de lutte syndicale avérée. Ces slogans stipulent les doléances des travailleuses mauritaniennes mais aussi celles migrantes. Et pour une première dans l’histoire, il y a eu la présence des femmes responsables des associations de migrants en Mauritanie, notamment le Mali, les deux Guinées, la Gambie , le Burkina Faso et le Sénégal entre autres. « Syndicalisation des jeunes pour assurer une meilleure relève » est le thème choisi pour cette manifestation révélatrice. La manifestation a été marquée par trois exposés avec des thèmes qui répondent aux aspirations des doléances des travailleuses. Toutes les présidentes des centrales syndicales concernées étaient là . Khadijetou mint Mouhamdi (Utm), Oumoukoultoum Mint Mohamed (Cgtm), Marième Soukeyna M/ Mohamed Salem (Cntm), Fatimetou M/ Mbareck (Cltm) et Mahjouba M/ Mohamed Salem représentant la Confédération syndicale internationale (Csi). C’est d’ailleurs elle qui a ouvert la manifestation. Dans son mot d’ouverture, Mahjouba a indiqué que « le 8 mars est la journée internationale de la femme qui puise ses racines dans les protestations, les grèves et les manifestations des femmes syndicalistes ». Elle a ainsi fait un bref rappel de l’historique des luttes syndicales. La représentante de la Csi , membre du comité mondial des femmes de cette organisation, a reconnu certains efforts fournis par les gouvernements. Toutefois, elle n’a pas manqué de faire le constat des sévices subis par les femmes. « En dépit des progrès réalisés partout dans le monde, on continue à observer des violations flagrantes des droits de la femme ». Et par conséquent, selon Mahjouba, « cette journée est également l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes et de mener Campagne pour le Changement ». Pour y parvenir, à en croire Mahjouba, il faut se battre avec toute l’énergie requise. C’est pourquoi d’ailleurs, en plus du thème principal, il s’y ajoute des thèmes comme «l’unité syndicale, la santé et la sécurité des femmes travailleuses auxquels la coordination des femmes syndicales mauritaniennes accorde beaucoup d’importance et compte se battre pour les concrétiser ». Pour terminer son allocution, Mahjouba a posé les recommandations des femmes notamment l’intégration des questions relatives à l’égalité des sexes, l’accès des femmes à l’emploi et aux centres de décision, l’insertion des femmes handicapées, la lutte contre la violence à l’égard des femmes, la promotion de l’arsenal juridique pour la sécurité et la protection sociale de la femme, l’amélioration des conditions de vie et de travail des femmes, la rectification et l’application des conventions de l’OIT relatives aux femmes et l’accès au crédit et au foncier pour les femmes. Après l’intervention de Mahjouba, Marième Mint Bilal, Vatimetou Mint Ahmed Yacoub et Aïcha Fall ont tour à tour développé des thèmes respectivement sur la syndicalisation des jeunes, la protection de la femme au milieu du travail et de l’environnement et la santé de la femme et l’environnement.
La seule fausse note …
Invitées pour la circonstance, les femmes représentantes des associations de migrants des pays d’Afrique de l’Ouest, ont exprimé leur ras-le-bol parce qu’elles ont estimé qu’elles ont été omises dans le protocole des intervenants. « Nous ne sommes pas du tout contentes. Nous avons été marginalisées dans la cérémonie. Nous n’avons pas pris la parole pour remercier les autorités mauritaniennes des faveurs auxquelles nous faisons l’objet encore moins poser nos doléances » s’indigne Marie Mendy, ressortissante de Guinée Bissau au nom de ses collègues. « Nous n’accepteront jamais d’être des figurantes encore moins être utilisées à d’autres fins » poursuit-elle visiblement en colère. Ses camarades abondent dans le même sens. Mieux, le 8 mars, ces femmes étaient encore invitées à la manifestation organisée au centre de formation féminine située en face de l’Ilot A. Malheureusement, elles n’ont pas pu y accéder et les places qui ont été réservées pour elles ont été occupées par d’autres femmes mauritaniennes. « Depuis 9 heures du matin jusqu’à 14 heures, nous y étions sans manger ni boire. On a été chassées par la police loin des lieux » déclare Fanta Sagna. Malgré l’intervention de Oumoukoultoum de la Cgtm , le problème n’a pas été réglé, informent les femmes migrantes. Néanmoins, ces femmes disent être prêtes à poursuivre le combat aux côtés de leurs sœurs de Mauritanie. Car, comme le stipule ce slogan : « travailleuses mauritaniennes et travailleuses migrantes= même combat » ou encore, « respect des droits et de la dignité des travailleuses domestiques migrantes ». Compte rendu Ibou Badiane
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