«SIFA Hanki Pinal Handee» pour les droits des femmes    
02/11/2009

Décidément, les mouvements associatifs masculins ne sont pas en reste dans la sensibilisation sur les droits des femmes. Le jeudi 29 Octobre, au quartier El Mina, l’association «SIFA Hanki Pinal Handee » (le passé au service du présent), une Ong active dans la culture...



a mobilisé tous ses membres et sympathisants en vue de les sensibiliser sur les droits des femmes. Parce que toute personne a droit à la vie et à la sécurité, cette Ong dirigée par Hamad Diop et Guissé Malal Samba, tous deux formateurs, a pris son bâton de pèlerin pour soutenir l’association des Femmes Chefs de Familles (AFCF) dans la sensibilisation sur la promotion des droits des femmes. «Nous faisons la sensibilisation chez les hommes pour les imprégner sur les droits des femmes afin de les amener à les respecter ; parce que se sont les porteurs des voix des femmes» soulignent les responsables de «SIFA Hanki Pinal Handee».
Pour ce faire, les intervenants  ont tenu, à base de documents élaborés pour la circonstance, à démontrer les différents aspects qui touchent les droits des femmes. Les thèmes utilisés ont imprégné plus d’un observateur. Par la même occasion, ils ont mis en exergue les 13 groupes sociaux qui méritent une attention particulière, notamment, les enfants, les femmes, les migrants, les minorités, les personnes handicapées, les personnes sans ressources, les personnes vivant avec le Vih/Sida, les peuples autochtones ou première nation, les prostituées et les réfugiés.
Ainsi, il a été question de parler de la liberté de mariage, du droit à la nationalité, à la scolarité pour les enfants, la liberté d’expression, l’égalité devant la loi, droit au travail, droit d’élire et d’être élu, la liberté d’association, droit au logement, non à l’esclavage et à la torture sous toutes ses formes …entre autres.
Après les animateurs, le débat a été ouvert et les participants ont intervenu sur les points qu’ils n’ont pas compris ou tout au moins qui demandent un peu d’éclaircissement. A la fin de la séance, les participants ont apprécié à sa juste valeur la campagne de sensibilisation initiée par l’AFCF et le PASOC.
Compte rendu Ibou Badiane 

                                               Interviews
La situation de la femme mauritanienne interpelle les organisations de la société civile. Ainsi l’Association des femmes chefs de familles (AFCF), en partenariat avec le Projet d’appui à la société civile et à la bonne gouvernance (Pasoc), s’est lancée dans une campagne de sensibilisation à laquelle s’est jointe le mouvement des femmes de la CGTM, présidé par Oumoukoulthoum M/ Mohamed. En marge de cette activité, nous l’avons rencontrée. Entretien...


 
Tahalil-Hebdo : Comment est né le partenariat entre la CGTM et l’Afcf ?

Oumoukoulthoum Mint Mohamed : La CGTM est une centrale syndicale qui depuis le congrès de 2001, a tout de suite compris que la femme a un rôle à jouer dans le développement syndical. Certes les gens pensent qu’on veut faire adhérer les femmes pour la massification c’est-à-dire augmenter le nombre. Mais non parce qu’aujourd’hui au niveau de la CGTM il y a une stratégie d’implication des travailleurs de l’économie informelle dans le syndicat. A travers cela, le comité des femmes de la CGTM a fait une campagne de sensibilisation où il a structuré les travailleurs de l’économie informelle par comités sectoriels. Quand elle a développé des activités avec les femmes, l’AFCF qui aujourd’hui recherche tous les regroupements de femmes, a vu en la CGTM un allié stratégique pour l’aider à diffuser et faire la promotion des droits des femmes/


TH : Comment trouvez-vous cette sensibilisation surtout au niveau des quartiers périphériques ? 
 O.M :
Justement, nous avons choisi ces quartiers périphériques parce que pour nous c’est là où il y a une forte concentration de la pauvreté. Et quand on dit pauvreté, c’est la précarité et les gens n’ont pas beaucoup de temps pour écouter les informations. Ils ne sont pas impliqués dans tous les programmes de développement de ce pays. Donc nous sommes allés vers ces gens-là pour les informer et les amener à participer dans ce travail qui est en train d’être fait : la promotion des droits humains car elles sont les premières concernées. Certes il y a des femmes qui ont une certaine connaissance mais certaines n’ont aucune information et sont dépassées par les évènements. Imaginez quand on parle de l’interdiction de l’excision, elles vous disent que c’est l’Islam qui l’autorise. Nous leur disons que tous les chercheurs, tous les islamologues, tous les sociologues et tous les scientifiques ont fait des recherches et n’ont trouvé aucun élément qui dit que c’est l’Islam qui ordonne l’excision. Donc c’est une pratique néfaste qu’il faut éradiquer définitivement.

Nous avons fait savoir aux femmes que quand elles sont en situation de divorce, il y a des structures qui sont mises en place pour les aider à améliorer leur situation à l’image de l’AFCF ou le mouvement des femmes de la CGTM. Donc, c’est un travail énorme et il reste beaucoup de choses à faire. Car, si aujourd’hui, la Mauritanie qui a ratifié la convention 29, la convention 105 qui lutte contre le travail des enfants et le travail forcé, si on sait qu’aujourd’hui il y a les conventions 100, 111, 183 sur la protection de la maternité, sur l’égalité de la rémunération entre hommes et femmes qui ne sont pas appliquées, il faut une lutte pour pousser les autorités à l’application de ces conventions. Car, il ne s’agit pas de les ratifier seulement mais de les appliquer à la lettre. Et c’est ça la lutte nous syndicalistes  menons pour amener les femmes à comprendre leurs droits par le canal des campagnes de sensibilisation.


T.H. : Quels sont les moyens que vous utiliser pour mieux faire comprendre aux femmes leurs droits ? 
O.M :
Le syndicat est là pour les former, les encadrer, les encourager et les orienter vers les micro-crédits, vers les activités génératrices de revenus, les montrer comment gérer ces revenus. Et à travers notre mouvement syndical, nous allons aider les autres femmes à s’orienter et à se syndiquer pour réclamer leurs droits d’une façon légale. Certes ce n’est pas facile mais nous pensons qu’à force de les sensibiliser par les campagnes de proximité, nous arriverons à les convaincre et les faire comprendre leurs droits. Seules ces sensibilisations peuvent les amener à comprendre leurs droits et les rôles qu’elles doivent jouer dans la société en tant que femmes. Les débats organisés et le dialogue instauré entre animatrices et concernées suscitent beaucoup d’espoir pour sortir ces femmes de l’ornière et du joug d’antan. Nous allons également utiliser nos antennes régionales de l’intérieur par le canal de nos coordinatrices pour relayer le travail partout où le besoin se fera sentir. D’ailleurs, nous avons des projets au niveau des 13 régions et à travers les ateliers qu’on organise, nous allons profiter pour sensibiliser les femmes. C’est l’une des priorités du syndicat. Améliorer les conditions des travailleurs et on ne peut pas les améliorer dans l’injustice. 

 
Salimata Sy, chargée de la formation à l’AFCF est la coordinatrice du projet de vulgarisation des droits des femmes. Elle tire ici  un bilan partiel des journées de sensibilisation

 


 Tahalil-Hebdo : Pouvez-vous nous faire un bilan partiel du travail que vous effectuez depuis quelques mois ?


 Salimata Sy :
Depuis le mois de décembre que la sensibilisation a commencé, sur les 24 campagnes de sensibilisations qui doivent s’opérer sur les populations au niveau des organisations de la société civile, nous en sommes à la 20ème. On peut dire qu’on est à 70% du travail qui devrait être fait. Chaque séance de sensibilisation nous touchons au minimum 80 femmes parfois on arrive à toucher jusqu’à 140 à 160 personnes selon les quartiers et selon l’organisation avec laquelle on opère la sensibilisation. L’essentiel du travail a été fait.


T.H. : Après les femmes, quels sont les secteurs ou les entités visées par cette sensibilisation ? 
 SS :
Le plus grand travail qui reste c’est au niveau des parlementaires. Vu la situation politique que traversait le pays, on ne pouvait pas risquer de s’engager dans cette dynamique. On attendait que la situation se calme, que les gens retrouvent leurs esprits pour mieux cerner notre cause. On compte organiser des tables rondes avec les députés et les sénateurs dans la deuxième quinzaine du mois de novembre. Après cela il y aura l’atelier de clôture sur le projet.


T.H. : Le partenariat avec la CGTM ? 
SS :
Notre partenariat avec la centrale syndicale est très bénéfique. Nous avons travaillé avec des femmes très engagées, très organisées au niveau du secteur informel et elles ont un grand mouvement de femmes. Au niveau du secteur informel, notre association opère beaucoup dans ce milieu. C’est là où on a constaté que les femmes ignorent leurs droits. Il y a lieu de leur rappeler leurs droits, de les sensibiliser sur leurs droits fondamentaux. Il faut leur redonner confiance car elles peuvent avoir l’espoir et aspirer à un monde meilleur. On peut les côtoyer, les orienter et c’est là où le partenariat avec la CGTM est bénéfique.


T.H. : Un mémorandum à la fin de l’atelier ? 
SS :
Bien sûr à la fin de l’atelier de clôture qui sera un atelier de partage sur tout ce que nous avons rencontré sur le terrain, ce que le projet a touché et le succès enregistré, les aspirations des populations touchées, nous élaborerons un document que nous partagerons avec les autorités et les partenaires qui seront présents pour voir si les résultats répondent à leurs attentes. Pour l’heure, ce que nous avons fait est très insuffisant par rapport à l’objectif visé. Par rapport aux populations on se rend compte que c’est insuffisant ne serait-ce qu’à Nouakchott seulement, les femmes sont comme si elles étaient dans le monde rural. Que dira-t-on des femmes de l’intérieur alors que le projet est limité à Nouakchott ? Donc il y a lieu de propager le projet au niveau des femmes de l’intérieur pour toucher le maximum de femmes au niveau des 13 régions pour les éveiller et pour qu’elles rentrent dans la dynamique de développement du pays. 

   
Siktou Mint Ahmed Jiddou, animatrice formée par le Pasoc, membre du comité des femmes de la CGTM, est chargée de la sensibilisation des femmes au niveau de Basra. 


Tahalil-Hebdo : Vous êtes animatrice du jour, pouvez-vous nous parler de la sensibilisation des femmes ici à Basra ? 
 SAJ
: Depuis un certain temps, j’anime des séances de sensibilisation. Aujourd’hui j’ai animé à Basra mais je me suis rendue compte que la plupart des femmes ignorent totalement leurs droits. Mais aussi c’est le fait de la non application des lois qui concerne les femmes qui fait que ces dernières ignorent tous leurs droits. 


T.H. : Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les femmes dans leurs foyers ? 
SAJ
: Les femmes ont pour principales difficultés au foyer, la discrimination. Durant nos séances les femmes se rendent compte qu’elles sont discriminées par leurs maris au foyer. Les maris ne savent pas que leurs rôles sont complémentaires. Pour eux, ils sont maîtres au foyer et c’est tout. La femme ne fait que subir. Pour l’homme, la femme doit être confinée au foyer et ne doit pas participer dans les prises de décisions. Ce qui est aberrant.
Propos recueillis par Ibou Badiane


 


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