Sensibilisation sur la promotion des droits des femmes (Reportage)   
29/10/2009

La sensibilisation sur la promotion des droits des femmes organisée par l’Association des femmes chefs de familles (AFCF) en partenariat avec le Programme d’Appui à la Société Civile et à la bonne gouvernance (PASOC), se poursuit dans toutes les moughataa de Nouakchott. Des groupes de femmes membres de l’AFCF, sous la houlette de...



...Mme Salimata Sy, sillonnent les quartiers de la périphérie de Nouakchott pour éveiller les femmes sur leurs droits. C’est dans cette optique que les femmes du secteur 7 extension relevant de la moughataa d’Arafat ont reçu dans l’après midi du 27 octobre, la visite des inconditionnelles de la sensibilisation. Oulima Diagana, Névissa Mint Maata et Adama Ndiaye, appuyées par Cheikh Sid’Ahmed Becaye Ould Mohamed, ont battu en brèche les points saillants susceptibles d’aider les intéressées à mieux comprendre les difficultés dont elles souffrent au quotidien sans savoir comment sortir de ce gouffre.

Des femmes corvéables à merci, des laissées pour compte et on ne sait comment les qualifier, encore au cœur de la capitale, ignorent tout des droits de la femme.

Elles ne font que subir les supplices et préjudices causés par des hommes sans scrupules, insouciants de cet être humain, qui les a pourtant mis au monde.

Il faut accompagner ces femmes sensibilisatrices pour se rendre à l’évidence que nos femmes, notamment des banlieues sans parler de celles qui sont encore à l’intérieur du pays, sont mal considérées, maltraitées et terrorisées comme des bêtes de somme.
La gazra d’Arafat au fin fond du secteur 7 n’échappe pas à la règle.

Le mardi 27 octobre alors que nous accompagnions l’équipe de la sensibilisation, notre surprise fut grande, en constatant et en apprenant que dans la périphérie de Nouakchott, il existe encore et davantage de femmes qui ignorent tout de leur vie. D’abord, l’habitat est indécent.

L’eau potable n’existe même pas sans compter l’obscurité qui met en danger la vie des populations avec l’insécurité galopante à tout bout de champ. Il s’y ajoute l’éloignement des populations des centres de santé, le manque de structures scolaires pour la scolarisation de leurs enfants la plupart abandonnés par leurs pères à la merci du banditisme ambulant … tout ceci demeure le nid d’une pauvreté qui ne dit pas son nom.
Des témoignages vivants et émouvants ont surpris plus d’un. Car, si dans la capitale, ce phénomène qui relève de l’indigénat au stade où se trouve ce monde avec ses technologies très avancées, en campagne, la réalité sera tout autre. Ce qui prouve qu’il reste beaucoup à faire en Mauritanie en ce qui concerne l’émancipation de la femme. C’est cette cruelle raison, cette dure et amère réalité qui ont poussé l’AFCF et le PASOC à se lancer dans cette campagne de sensibilisation, loin de détourner la femme du rôle qui est le sien dans une société islamique.
 
Le projet en question …
 
L’esprit du projet vise à sensibiliser la femme mauritanienne quant à ses droits. Tout en l’éveillant, il oriente cette dernière vers le droit chemin en l’indiquant clairement le rôle qu’elle doit jouer dans la société pour promouvoir ses droits les plus élémentaires. C’est ainsi que dans le tableau de la sensibilisation, il est mis en exergue le droit de la femme de choisir librement son mari, d’arrêter le gavage des jeunes filles et de ne pas les priver de leurs droits à la scolarité.

Les animatrices sensibilisent les femmes pour éviter d’être exploitées, car, disent-elles, «la charge familiale n’est pas le seul apanage de la femme ». Mieux, les femmes veulent s’impliquer dans la vie active. Et par conséquent, elles disent « oui à l’implication et à l’égalité des femmes dans les postes de responsabilité politiques et syndicales ». Pour ce faire, les femmes demandent « l’augmentation du quota des 20% sur les postes électifs et sa généralisation au niveau de l’administration ».

C’est pourquoi, les animatrices du projet veulent que les femmes oeuvrent ensemble pour la promotion et l’amélioration du code du statut du personnel mais aussi pour «lever la réserve sur la convention pour l’élimination et la discrimination à l’égard de la femme pour qu’enfin les femmes aspirent au leadership féminin ».
Dans un autre registre, les femmes demandent à ce que les ayants droits bénéficient de la pension de la femme après son décès. Toute une batterie de recommandations contenues dans le tableau de travail de ce projet qui ambitionne de redorer le blason de la femme africaine en général, mauritanienne en particulier.
 
Des témoignages émouvants
 
Après l’intervention de Cheikh Sid’Ahmed Becaye Ould Mohamed, l’un des animateurs, sur les contours de la sensibilisation et l’appui de ses collaboratrices, la parole a été donnée aux 28 femmes trouvées sur place.

Dans la foulée des débats, des femmes ont pris la parole pour témoigner du calvaire qu’elles vivent dans cette contrée de la capitale. Certaines femmes qui ont requis l’anonymat ont révélé qu’elles ont été abandonnées en même temps que leurs enfants pour la plupart des mineurs par leurs maris sous prétexte de la conjoncture.

Une femme a révélé qu’un jour, sa voisine a accouché et l’enfant a été enroulé dans une couverture et mis sur une charrette pour l’amener aux services d’urgences de l’hôpital national. Ces femmes dont « 95% sont mariées sans acte de mariage », constate Oulima Diagana, sont laissées à leur propre sort.

C’est pourquoi, certaines d’entre elles ont refusé d’envoyer leurs filles à l’école pour des raisons diverses dont on peut retenir l’ignorance. Mariem Mint Cheikh Amar a quant à elle accepté l’excision des filles mais finira par la rejeter après s’être imprégnée des conséquences encourues.
Celle qui s’est montrée très en vue de la situation, Ramla Mint Yahya, institutrice de son état, a acquis une gazra où elle regroupe les femmes abandonnées et les enfants pour les scolariser et les encadrer durant toute la journée à sa charge. Compte tenu de la précarité de la vie dans cette zone, elle a plaidé pour l’émancipation des populations de la gazra qui n’a pas de poste de santé, de jardin d’enfants, de centre de nutrition et d’alphabétisation.

« Ici, dira-t-elle, les populations connaissent l’eau potable par le nom. La baril d’eau (et quelle eau !) coûte entre 700 à 1000 ouguiyas … autant de difficultés que vivent les femmes au quotidien ». D’ailleurs même les charrettes ont des difficultés pour approvisionner la localité d’eau tellement que c’est loin et les rues sont sablonneuses avec les dunes de sable en plus.

Toutefois, il faut souligner un fait nouveau. La sensibilisation dans cette gazra où vivent ces populations depuis deux ans, a été motivée par une femme du milieu qui a constaté la dégradation galopante de la vie dans cette banlieue.
En fin de compte, toutes les femmes ont approuvé le projet et ont remercié vivement ceux et celles qui le portent. Concernant l’excision, Oulimata Diagana a fait constater «qu’au Trarza, l’excision ne se pratique presque pas tandis qu’elle est recommandée à toutes les femmes au Hodh Chargui».

Tout compte fait, l’AFCF et le PASOC doivent davantage redoubler d’efforts dans ce travail de titan. Car, mĂŞme si on peut se rĂ©jouir des efforts fournis jusque-lĂ , il reste encore beaucoup Ă  faire pour aboutir aux rĂ©sultats escomptĂ©s.  


Ibou Badiane

 

 

 

 

 


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