Le capitaine rwandais Idelphonse Nizeyimana, poursuivi pour «génocide, complicité de génocide et crimes contre l’humanité’’, a plaidé non coupable des charges retenues contre lui mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha, en Tanzanie. Il s’agissait de la première comparution de ce responsable présumé du génocide de 1994, ancien numéro deux des services de renseignement rwandais, surnommé le «boucher de Butare’’ (sud).
«Je ne suis pas coupable’’, a-t-il déclaré à l’énoncé des chacun des chefs d’inculpation. La date de son procès sera fixée ultérieurement. Ce capitaine des ex-Forces armées rwandaises, âgé de 46 ans, est accusé notamment d’avoir ordonné le massacre d’enfants, de personnes hospitalisées et de prêtres. Il est aussi soupçonné d’avoir formé des unités secrètes au sein de l’armée, qui auraient mené au début du génocide bien des exécutions de personnalités tutsies de premier plan, parmi lesquelles la reine Rosalie Gicanda, figure symbolique pour tous les Tutsis. Nizeyimana était en fuite depuis 15 ans et une récompense de cinq millions de dollars avait été offerte par les Etats-Unis à qui aiderait à sa capture. Il a été arrêté le 5 octobre dernier en Ouganda, alors qu’il venait de quitter la République démocratique du Congo (RDC), où il résidait au sein de la rébellion hutue. Selon la police ougandaise, le capitaine Nizeyimana était entré en Ouganda avec un faux passeport. Son arrestation fait suite à celle d’un ancien autre responsable présumé de premier plan du génocide, l’ex-maire Grégoire Ndahimana, arrêté en RDC voisine en août. Lui aussi en fuite depuis 15 ans, il a comparu en septembre devant le TPIR. Onze autre suspects importants sont toujours recherchés, dont Félicien Kabuga, qui aurait financé les milices hutus génocidaires et créé la radio des Mille Collines, d’où étaient lancés les appels aux massacres de Tutsis. Le TPIR d’Arusha a jusqu’à présent prononcé 39 jugements, dont six acquittements. Entre 500.000 et 800.000 personnes, tutsis ou hutus modérés, ont été massacrés en 100 jours lors du génocide au Rwanda, déclenché dans les heures qui suivirent l’attentat contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana à Kigali, le 6 avril 1994. AP
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