Télécommunications : Allô opérateurs, ici clients   
13/06/2006

En Novembre 2005, l’autorité de régulation économique (ARE) sommait Mattel et Mauritel mobiles, les deux opérateurs du GSM, de se conformer à leurs engagements en terme de qualité de service dans un délai d’un mois. Bientôt 8 mois après, la situation a empiré…
Le contrôle qui menait l’ARE à cet ultimatum, avait révélé une bonne performance des opérateurs en terme de couverture (100% à l’extérieur, à l’intérieur d’un immeuble,au 1er mur, et en voiture), et un taux de coupure d’appel de 2% pour chacun des opérateurs; le seuil maximum autorisé ne devant pas excéder 3% pour cet indicateur.



En revanche, le taux de perte d’appel, jugé le plus pertinent, et reflétant le mieux la qualité des services perçue au quotidien par les usagers, est nettement supérieur au niveau réglementaire autorisé. En effet, le taux de perte d’appels mesuré est de 27% pour Mauritel Mobiles, et de 13% pour Mattel SA, alors que ce niveau est sensé rester inférieur ou égal à 5%. Comme beaucoup de consommateurs le constatent de plus en plus, une partie importante de leurs appels sortants continuent d’échouer.
L’évolution imprévue du réseau de clients, beaucoup plus importante que les opérateurs ne l’ont estimée au départ, semble avoir laissée sur le carreau les dirigeants des deux opérateurs.
Or, ils ne font pas les efforts nécessaires pour compenser ce déséquilibre entre le besoin créé et les infrastructures permettant l’assouvissement de ce besoin. En l’occurrence dans le Trarza, dans la région de Thiambène, on a des no man’s land de communication, avec pourtant des antennes érigées mais qui tardent à être activées. À ce titre, El Hady Ould Ahmed, actuel directeur de la commission pour le projet d’Aftout, et un des initiateurs de l’ouverture du marché à un troisième opérateur, souligne la nécessité de forcer les opérateurs à se plier à leurs engagements en " tapant là où ça fait mal ", c’est-à-dire, le portefeuille. Les amendes de presque 14 millions à Mattel, et 19 à Mauritel mobiles, ne les auront pas touchés plus que cela, surtout quand on connaît leurs chiffres d’affaires qui se fixent à plusieurs dizaines de milliards d’ouguiyas.

Le troisième opérateur… le messie?
Le manque flagrant de concurrence que l’on constate par une non "guerre" de prix notamment, marque de fait la situation de duopole entre Mattel et Mauritel mobiles. "L’ARE vise donc à introduire sur le marché un nouveau concurrent qui rendra le jeu de la concurrence plus vif, donc qui permettra un meilleur rapport qualité/prix pour le consommateur" reprend El Hady ould Ahmed. Mais on peut se demander si cela sera suffisant, au vu des précédents dans d’autres pays où l’entente sur les prix s’effectue entre 3 voire quatre opérateurs! (cas de la France en novembre 2005 avec SFR, Bouygues et Orange).
Un tel troisième (éventuellement un quatrième?) pôle ne peut réellement contre balancer la toute puissance des deux opérateurs actuels, qu’en la présence d’une association viable de consommateurs, et indépendante.
En son absence, l’ARE veille à maximiser le profit des consommateurs dans cette affaire. Mais la pression exercée par cette institution est limitée par le fait que la sanction maximale imposable, est une amende qui ne peut excéder 75 millions d’ouguiyas. Ce qui reste en deçà du seuil de rupture financière de ces opérateurs.
Seule une association de consommateurs peut réellement peser sur les décisions de Mattel et Mauritel mobiles, d’offrir une meilleure qualité de services à leurs clients. En attendant de tels contre poids à la dictature du duopole, on continuera à subir la dictature des prix et celle du manque de qualité ahurissant de services. Et d’entendre un ami ou un collègue lancer un "tfou!" de dépit, après 5 ou 6 connexions au numéro d’un correspondant situé dans la même ville et le même quartier.


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